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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Libé Lille | 16/06/2009


MIGRANTS - Un homme de 20 ans s'est noyé à Calais samedi soir. Il voulait se laver, explique Céline Dallery, infirmière à la permanence d'accès aux soins de santé. Il n'y a plus de douches pour les quelque 500 migrants sans-abri de Calais, qui tentent de passer en Angleterre. Du coup, la permanence est assaillie par ceux qui doivent soigner leur gale, et il n'y a plus de temps pour bien s'occuper des autres malades : tuberculeux, femmes enceintes, blessés. La jeune femme lance un appel au secours.

Que s'est-il passé samedi soir?

Un Erythréen est mort noyé. Il voulait se laver près de l'écluse. Il n'est pas tombé, il était en slip, beaucoup de migrants se lavent à cet endroit. Il venait de manger, d'après ce que m'ont dit les autres. Il a dû être emporté par le courant, l'endroit est dangereux, plein de vase. Il est resté un quart d'heure sous l'eau. Un pompier l'a repêché, il n'a pas pu le ranimer. Il est mort parce qu'il n'a pas pu prendre une douche.

Aujourd'hui, les migrants ne peuvent plus prendre de douches à Calais.

Ça fait six mois que ça dure. Il n'y a plus d'endroit pour se laver, à part à la permanence d'accès aux soins, qui dépend de l'hôpital. Une seule douche pour 500 migrants. Ils se bousculent, certains entrent par la fenêtre. Le Secours Catholique a déposé un permis de construire, mais la mairie a dit non. Elle veut bien des douches du côté de Marck, ce qui implique des allers et retours en camionnette (à 14 km de là, ndlr). La mairie de Calais voudrait rendre les migrants invisibles. En attendant, on ne prend pas en compte un grave problème sanitaire. On n'écoute pas les soignants.

Que constatez-vous?

Une catastrophe. Depuis qu'il n'y a plus de douche, le nombre de visites à la permanence est passé de 15 par après-midi à 40, à cause de la gale. Ça peut se régler de façon simple, il suffit de prendre des antibiotiques, de se laver, et de se changer, mais il n'y a pas de douches. On donne des antibiotiques, payées par l'Assurance maladie mais ça ne sert à rien. Les gens arrivent avec des cas de gale infectée, sur-infectée, font la queue, s'énervent. 

Et les autres malades?

On n'a plus le temps pour les vrais malades. Je parle des diabétiques, des asthmatiques, des blessés par les barbelés, les fractures, les brûlures. Une vieille dame kurde de 72 ans, dans la jungle (1), on n'a pas le temps de s'occuper d'elle. Une Erythréenne, enceinte de six mois, elle aussi dans la jungle. Elle était à Calais depuis deux jours. La poche des eaux s'est fissurée, une bénévole a détecté que quelque chose n'allait pas. On n'a rien pu faire pour qu'elle garde le bébé, elle a accouché en urgence à l'hôpital d'un bébé de 800 grammes, on ne sait pas s'il va vivre. Il y a aussi des cas de tuberculose, un jeune Iranien qui a fait un infarctus dans la jungle, il n'avait plus d'anti-coagulants. Il a été hospitalisé, il est ressorti. Je dois prendre le temps de lui expliquer qu'il doit se débrouiller pour ne plus être à court, il peut mourir. Mais ici, c'est l'usine à gaz.

Quarante personnes se douchent chaque jour, comment font les autres?

Les Erythréens se lavent dans le port, avec cette mort absurde. Les Afghans, dans les rejets de l'usine Tioxide (classée Seveso, ndlr), ils me disent que c'est une eau blanche et chaude. On ne sait pas ce qu'il y a dedans. Il y a un réel problème sanitaire. On ne peut pas laisser les gens se laver dans les flaques d'eau, se baigner dans des endroits dégueulasses. Tout le monde s'en fout, chacun voit midi à sa porte. Et nous, si on devait partir de France, comme s'est déjà arrivé dans l'histoire, si on se trouvait accueilli comme des rats sur le mode "Je suis né ici, j'ai plus de droits que toi qui arrives"? Ça n'a pas de sens. Ça coûte quoi de fabriquer des douches? On a peur d'attirer du monde? Venez les gars, y'a des douches à Calais, ça va être bien! Les gens ne quittent pas l'Afghanistan pour venir se doucher à Calais.

Et maintenant?

Je ne sais plus quoi faire. Faire une lettre ouverte, écrire une lettre au ministère? Demander à Eric Besson de venir nous voir? A Carla Bruni? Qu'ils passent ici. Qu'ils viennent.

Recueilli par Haydée Sabéran 

Lire aussi : «Je suis déjà venu pour mon pied, je suis bon client» 25/10/2007

(1) Du persan "jangal", forêt, le nom donné aux forêts autour de Calais où vivent les migrants.

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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