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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Médiapart - Philippe Wannesson - 7/11/2020

L’accord migratoire entre l’Union européenne et l’Afghanistan doit être renouvelé cette année. Penchons-nous sur les attentes formulées par les États européens. Cela nous donne un éclairage sur leur état d’esprit au moment où ils abordent le Pacte européen sur la migration et l'asile proposé par la Commission européenne.

La réforme du "paquet asile", l'ensemble de textes constituant la législation européenne sur l'asile, a été un serpent de mer des années 2010, avant de s'enliser dans les sables des désaccords entre les États membres de l'Union européenne. Ursula von der Leyen, faisant le constat de cet échec, s'est engagée pour l'adoption rapide d'un nouveau "paquet", relooké et rebaptisé "pacte européen pour la migration et l'asile". Le marketing de la commission européenne promet plus de solidarité, plus d'efficacité, plus de rapidité, plus de fiabilité, et last but not least l'abolition du règlement de Dublin.

Il y a quatre ans, l'Union européenne a signé avec l'Afghanistan un accord migratoire, visant à faciliter les expulsions vers ce pays. Il prévoyait entre autres que, lorsque les autorités afghanes tardent trop à délivrer le laissez-passer nécessaire à l'expulsion, celui-ci soit remplacé par un laissez-passer européen émis par le pays expulseur, sans base en droit international mais permettant de hâter les choses.

Cet accord était signé pour deux ans, renouvelable par tacite reconduction pour deux ans encore. Voici venu le temps de le renouveler. Le secrétariat du Conseil européen a donc demandé aux États membres d'une part s'il souhaitent que l'accord le soit, et d'autre part s'ils souhaitent qu'il soit modifié et dans quel sens.

" [...] it is clear that there is strong support for the prolongation of the JWF" : "il est clair qu'il y a un fort soutien pour la prolongation du JWF" (JWF pour Joint Way Forward, c'est le nom de l'accord, que l'on peut traduire par "voie commune à suivre" ou "voie commune vers l'avenir").

Voici la traduction des souhaits des États-membres quand à ce qui devrait être gardé ou améliorer dans l'accord :

  • "- Les États membres devraient continuer à pouvoir délivrer des documents de voyage standard de l'UE lorsque les autorités afghanes ne fournissent pas de document de voyage (partie II, point 2, du JWF).
  • Le délai de deux semaines pour la délivrance de documents de voyage lorsque les États membres disposent d'une preuve de la nationalité de la personne à renvoyer devrait être maintenu (partie II, point 2, du cadre commun de travail).
  • La possibilité d'effectuer des vols non réguliers sans limitation de fréquence devrait rester (partie II, point 3, du JWF).
  • L'obligation de visa pour le personnel d'escorte devrait être levée dans la mesure du possible (partie II, point 5, du JWF).
  • Les autorités afghanes doivent savoir que le JWF permet le retour des groupes vulnérables, y compris des mineurs non accompagnés, après avoir pris en compte les aspects humanitaires (partie I, point 4, du JWF). Si possible, la portée de la notion de groupes vulnérables devrait être limitée.
  • Les États membres devraient disposer d'une plus grande souplesse dans la communication des vols et aux autorités afghanes et devraient être habilités à modifier la liste des rapatriés à bref délai (partie II, point 4, du JWF).
  • Protocoles d'accord bilatéraux existants et futurs entre les États membres et l'Afghanistan ne devraient pas exclure l'application du JWF. En particulier, Les États membres disposant d'un tel protocole d'accord devraient être autorisés à mener des opérations de retour conjointes dans le cadre du JWF."

On est entre praticiens des expulsions, on parle donc de choses pratiques, les choses doivent se passer de manière souple, rapide et commode. Par exemple "l'obligation de visa pour le personnel d'escorte", police ou compagnie privée de sécurité. S'il faut un visa, ça veut dire un délais, et qu'ensuite on ne peut pas changer la composition de l'escorte. La dispense de visa permet plus de souplesse dans la gestion du personnel et les remplacements éventuels. La modification de "la liste des rapatriés", c'est la même chose du côté des personnes expulsées. Introduction de recours, qui parfois sont gagnés, refus d'embarquer, tentative de suicide, maladie : une partie des personnes prévues peut ne pas pouvoir être embarquée au jour dit. C'est gênant, et il serait plus commode de pouvoir expulser d'autres personnes à leur place jusqu'au dernier moment, pour que le vol ne perde pas en rentabilité.

Et puis il y a cette question de la prise en compte, si gênante, de la vulnérabilité de certaines personnes, parce que mineures, malades, enceintes, handicapées, enfin tout ce que le sentiment d'humanité a pu inventer comme obstacles à la mise en œuvre de la décision d'expulser. "Si possible, la portée de la notion de groupes vulnérables devrait être limitée."

Vous pouvez télécharger la note de la Commission européenne ici (pdf, 120.5 kB).

Vous pouvez télécharger la déclaration commune d'une trentaine d'ONG ici (pdf, 732.7 kB).

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Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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