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Le Cercle des Voisins

Informe de l'atteinte à la dignité et aux droits humains que représente l’existence et le fonctionnement du «Centre de Rétention Administrative de Cornebarrieu», défend la libre circulation des personnes et dénonce le système mis en place pour l’expulsion des personnes privées de papiers.

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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Marlène Panara - 21/09/2021

Depuis plusieurs semaines, de nombreux exilés sont bloqués à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Coincés entre les garde-frontières des deux pays, qui s'en rejettent la responsabilité, ils tentent de survivre, sans aide humanitaire, au milieu de la forêt.

"Venir ici depuis la Biélorussie, c’est la mort !" Voici le dernier message qu’Aleksandra Chrzanowska, membre de l’ONG polonaise Association for legal intervention, a reçu d'Olga. Depuis samedi 11 septembre, elle n'a "plus aucune nouvelle" de la jeune Congolaise. Tous ses SMS restent sans réponse. Et ses appels tombent directement sur la messagerie. Cela fait presque deux semaines qu'Olga et neuf autres personnes errent ensemble dans la forêt polonaise, à la frontière biélorusse. Tous sont originaires de la République démocratique du Congo (RDC), à l’excepté d’un Camerounais. Trois autres femmes accompagnent Olga, ainsi qu’un mineur de 16 ans.

La première fois qu’Aleksandra Chrzanowska les a rencontrés, c’était près du village polonais de Szymki. Le groupe venait de traverser la frontière. "Certains étaient épuisés, et ils avaient froid. Une personne portait des sandales, une des femmes n’avait qu’une chaussure. Personne n’avait de gants ni de couverture. Cette nuit-là, il ne faisait que trois degrés, raconte-t-elle. L’adolescent n’allait pas bien, il ne comprenait pas trop ce qui lui arrivait. On pouvait vraiment lire la peur dans ses yeux". D'après la militante, une autre femme, "perdait connaissance et vomissait beaucoup". Les membres de l'association contactent alors les secours, qui viennent la chercher et l'emmène à l'hôpital.

Quelques minutes plus tard, ce sont les garde-frontières polonais qui arrivent sur place. Ils embarquent les exilés dans un véhicule, direction un petit bâtiment situé à quelques minutes de là, à Michalowo, pour entamer les procédures de demande d’asile. "Nous avons pris de l’avance et nous y sommes allés avant eux, raconte Aleksandra Chrzanowska. Au bout de deux heures, leur voiture est enfin arrivée. Mais à part quelques gardes, il n’y avait personne à l’intérieur. Et ils n’ont pas voulu nous dire où étaient les migrants".

Le lendemain, elle reçoit un message du groupe. Ils disent avoir été emmenés dans un bureau, où les gardes leur ont posé beaucoup de questions sur leur périple. "Mais aucune demande d’asile n’a été instruite. Il y avait un interprète en anglais, que seul un migrant pouvait comprendre, mais personne pour traduire les questions en français ni en lingala", affirme-t-elle. Après cela, les garde-frontières ont emmené le groupe un peu plus au sud, à Nowosady, et l’ont abandonné là. Les migrants, rejoints au matin par la personne qui avait été hospitalisée, ont passé la nuit dans une maison abandonnée à la frontière, coincés entre les autorités polonaises d’un côté, et les biélorusses de l’autre.

Des refoulements illégaux

Une pratique illégale au regard de la Convention de Genève, qui oblige la Pologne à recevoir et traiter les demandes d’asile. Mais depuis le 20 août, les autorités ont modifié la réglementation sur les passages aux frontières, qui change la donne. Le nouveau texte stipule qu’à cette date, les migrants sont désormais "dans l'obligation de quitter le territoire de la République de Pologne". En cas de passage illégal, celles-ci seront "ramenées à la frontière de l'État" et "sommées de quitter le pays immédiatement". Ainsi, seuls les étrangers titulaires d'un droit de séjour ou d'un permis de travail peuvent pénétrer en Pologne. Ce qui exclut, de fait, les demandeurs d’asile, qui n’ont pas d’autorisation de séjour.

"Monsieur Maciej Wąsik [le chef adjoint du ministère de l'Intérieur à l’origine de la mesure, ndlr] veut se donner, ainsi qu'à ses services, une pseudo-excuse pour pratiquer des refoulements interdits par le droit international. Ce n'est même plus un scandale, c'est une violation de l'interdiction de la torture et des traitements inhumains, exigée par la Cour européenne des droits de l’Homme", s’est insurgée l'avocate Eliza Rutynowska au journal polonais Wiadomosci.

>> À (re)lire : La Pologne envoie plus de 900 soldats à sa frontière avec la Biélorussie

Cette règle donne donc toute liberté aux garde-frontières de refouler les migrants. Avec l’instauration, le 2 septembre dernier, de l’état d’urgence sur une partie de la zone interdisant à toute personne de s’approcher de la frontière – activistes et journalistes y compris – les militaires ont carte blanche. L’un deux, interrogé par le site d’actualité Onet Wiadomosci l’assure : "Si des personnes sont repérées au point de passage frontalier où la circulation est interdite […] elles sont renvoyées à la frontière de l'État. L'application de ces dispositions est obligatoire".

"Comme en temps de guerre"

À la frontière, entrer en contact avec les migrants et leur apporter de l’aide, est donc devenu impossible. Près du village d'Usnarz Górny, où sont bloqués depuis un mois un groupe de 32 exilés, seule la Croix-Rouge biélorusse est autorisée. "Maintenant, il est impossible d'atteindre l'endroit où les réfugiés survivent. La route est bloquée par des voitures, les agents ne laissent passer personne, même les locaux. Les garde-frontières ont même demandé au fermier du coin de labourer 200 mètres plus loin", affirme le média d’investigation Oko press.

"Une habitante de la région m’a dit que c’était comme en temps de guerre, raconte une membre de l’association polonaise Fundacja Ocalenie. Il y a de gros camions remplis de soldats avec des fusils qui passent constamment". Les garde-frontières biélorusses donnent régulièrement sur leur site internet des informations sur le groupe, lui aussi coincé entre les autorités des deux pays. C’est à ce même endroit, en lisière des bois, que les migrants ont été "jetés", d’après eux, par "la police polonaise, sans aucun abri, sans rien", après leur arrestation, selon des enregistrements récoltés par Fundacja Ocalenie.

 

Depuis le 1er septembre, plus de 2 700 personnes ont tenté de traverser illégalement la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, d’après les garde-frontières polonais. Parmi eux se trouve aussi un autre groupe de 26 ressortissants syriens, coincés à Terespol. Sur des vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on aperçoit les exilés, dont cinq femmes et trois petites filles de 6, 7 et 11 ans, encerclés par les gardes polonais et biélorusses. On entend aussi des cris, des pleurs, et les aboiements des chiens des militaires. D’après un SMS d’une des exilées envoyé à Association for legal intervention, le groupe n’a pas de nourriture, et une bouteille d’eau pour 26 personnes.

Les autorités polonaises, elles, assurent "protéger fermement l'indépendance et la souveraineté du pays", dans une vidéo en forme de publicité publiée sur Twitter. Et ce, même s’il faut "risquer sa vie". Sans abris, ni eau, ni nourriture, et par des températures qui ne dépassent pas cinq degrés, c’est toutes les nuits que les migrants risquent la leur.

 

 

Vite dit

06/06/2022 - Archarnement administratif, ca suffit !

« Comment peut-on croire qu'on sera plus heureux en faisant du mal à d'autres ? » (Hervé le Tellier – L'anomalie)

Ce mardi 7 juin 2022, Gideon est convoqué au tribunal judiciaire de Toulouse. Combien de juges a-t-il vu depuis le jour où il a été interpellé au commissariat de Pamiers ?

Au moins 7.

Le 3 mai, ce jeune gabonais de 18 ans, a été placé au centre de rétention de Cornebarrieu pour un vol prévu le 4 mai vers Libreville. Ce placement rendu possible par la loi (Article L 740-1 CESEDA) a été concrétisé par la préfecture de l'Ariège.

Il a refusé d'embarquer car toute sa famille vit en France de manière régulière. Il est scolarisé au lycée de Lavelanet et n'a plus du tout d'attache au Gabon.

Le 5 mai, le juge de la liberté et de la détention (JLD) décide de la prolongation de sa rétention (Article L742-3 CESEDA) permettant ainsi à l'administration d'organiser un nouvel 'éloignement'.

C'est le 27 mai qu'aura lieu cet 'éloignement' mais cette fois avec des techniques coercitives musclées (GTPI). Monté de force dans l'avion, Gidéon sera ligoté et molesté jusqu'au moment où le commandant de bord exigera son débarquement.

Mais s'opposer à son expulsion est un délit. Gidéon passera le soir même devant le procureur en CRPC (Comparution sur Reconnaissance Préalable de Culpabilité) et sera puni d'une peine de prison de 3 mois avec sursis et 5 ans de mise à l'épreuve.

A 100 km de Toulouse, la préfète de l'Ariège reste inflexible : Gidéon doit rester enfermé pour être expulsé.

Le 2 juin, la juge JLD rendra un avis légèrement plus conciliant en lui permettant de rejoindre famille mais en l'obligeant à signer tous les jours au commissariat.

La préfecture de l'Ariège n'a pas apprécié cette décision. Elle a fait appel et l'audience aura lieu ce mardi 7 juin à 9h45 au palais de justice de Toulouse.

Si vous venez à cette audience, vous ne verrez pas le ou la signataire de cet appel. Il ou elle se fera représenter par un ou une porte-parole bien obéissant.e.

On sait qu'un nouveau vol a été demandé par la préfecture et si Gidéon le refuse, il risque cette fois 3 ans d’emprisonnement et une interdiction du territoire de 10 ans.

Depuis ses 18 ans, Gidéon vit sous la menace d'une arrestation, d'une expulsion !

Ce 6 juin, c'est son anniversaire. Il a 19 ans.

 

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