Source : Le Parisien - Benoit Hasse - 10/4/2020

« Cela devait arriver ! La configuration du CRA (centre de rétention administrative) ne permet tout simplement pas la mise en place des mesures de protection sanitaires minimum. » Ce militant résume en deux phrases la colère des associations d'aide aux migrants après l'annonce d'un cas de contamination au Covid-19 dans le centre de rétention parisien, situé au cœur du bois de Vincennes (XIIe).

Un Géorgien contaminé et hospitalisé

Selon l'Assfam - l'association qui assurait des permanences de soutien juridique dans le centre jusqu'à fin mars et qui a depuis exercé son droit de retrait- le migrant infecté avait été conduit au CRA le 7 mars dernier. Soit 10 jours avant la mise en place du confinement. « Il a donc été contaminé durant sa rétention administrative, via une personne ayant été en contact avec l'extérieur », a indiqué l'association dans un tweet dénonçant l'insuffisance des mesures de protection dans le centre.

Le sans-papiers testé positif au Covid-19, un Géorgien âgé de 65 ans, a été transféré dans un établissement hospitalier, ce vendredi en début d'après-midi. Au même moment ou presque, l'association Sos soutien ô sans-papiers a saisi le parquet de Paris pour demander l'ouverture d'une information judiciaire sur la situation sanitaire dans le CRA.

Une mise en danger de la vie d'autrui ?

« Il n'y a pas de gel hydroalcoolique et quelques masques sont arrivés il y a trois jours seulement. Le confinement et la distance entre les retenus sont impossibles à respecter », détaille Me Henri Braun, dans la plainte qu'il a transmis en urgence (et par mail) au parquet.

L'avocat de l'association qui évoque d'autres cas de malades dans le centre souligne que les conditions d'accueil des « retenus » dans le centre sont « de nature à caractériser l'infraction prévue et réprimée par l'article 223-1 du Code pénal ». En clair la mise en danger de la vie d'autrui.

La préfecture de police se veut rassurante

Contactée, la préfecture de police de Paris (qui gère le CRA de Vincennes) a confirmé l'hospitalisation d'une des personnes retenues au centre. « Avant son hospitalisation il avait été placé à l'isolement dans des lieux qui ont été désinfectés. Toutes les mesures de confinement sont prises. Avec des masques pour les fonctionnaires comme pour les retenus, le respect des règles de distanciation et des chambres uniques pour tous les retenus », précise-t-on à la préfecture de police.

Fin mars, un collectif d'associations avait saisi le Conseil d'Etat d'une demande de fermeture des CRA, en raison des risques sanitaires… et de l'impossibilité de poursuivre les expulsions avec l'arrêt quasi-total du trafic aérien. La demande a été rejetée. Mais les centres de rétention ont continué à se vider. Selon l'administration, il restait, ce vendredi, 52 retenus dans celui de Paris-Vincennes qui compte près de 200 places.