Source : Le Parisien - Julien Constant - 21/09/2020

Le plus petit centre de rétention pour les étrangers sans papiers d’Île-de-France n’accueillera plus que ceux qui sont atteints par le coronavirus.

Inquiétude au centre de rétention administrative (CRA) de Plaisir. Ce lieu qui est le plus petit établissement de ce type de la région parisienne avec ses 30 places, ne va bientôt plus accueillir que des étrangers en situation irrégulière positifs au coronavirus.

Préserver la capacité d'accueil des autres centres

La décision prise il y a huit jours par la direction centrale des CRA ne manque pas d'inquiéter les fonctionnaires des lieux. Car cet établissement est aussi le seul d'Île-de-France dont les locaux sont partagés avec l'hôtel de police de la ville. Cinquante-cinq fonctionnaires travaillent au CRA et 140 au commissariat dans le même bâtiment. « Je suis en colère. Il s'agit purement et simplement de la création délibérée d'un « cluster » et de la mise en danger d'hommes et de femmes au service de l'Etat, enrage la conjointe d'un fonctionnaire qui travaille sur place. Et tout ça pour faire des statistiques et du chiffre. »

Du point de vue de la direction centrale cette solution était « la meilleure » car un cas s'est déclaré au CRA de Vincennes (Val-de-Marne) dont la capacité est de soixante personnes. Ce malade a entraîné la remise en liberté de tous les autres étrangers sans papiers qui y étaient retenus. Afin de préserver les capacités d'accueil des autres centres de rétention, la décision a donc été pris de transférer les cas positifs à Plaisir.

Les syndicats mitigés

Le syndicat Alliance est vent debout contre cette initiative. « Nous ne sommes pas des personnels soignants et nous n'avons pas vocation à garder des malades, tonne Julien Le Cam. Si un étranger fait une crise de nerfs et qu'il faut le maîtriser, on ne peut pas garantir qu'il ne postillonnera pas sur mes collègues et ne les contaminera pas ». Le syndicaliste rappelle que les policiers du CRA partagent les mêmes vestiaires et la même salle de sport que ceux de l'hôtel de police.

Du côté de l'Unsa police la décision est mieux accueillie par Steve Pozar : « il y a d'importantes mesures de protections qui seront mises en œuvre. Les policiers seront équipés comme les soignants avec casaques, masques, lunettes… Les repas seront livrés par un prestataire extérieur et les poubelles récupérées à part suivant un protocole sanitaire strict. Il y aura aussi des infirmières et un médecin qui viendront tous les jours ».

Enfin du côté du syndicat SGP Unité, Steven Israël estime qu'il faut se montrer vigilant mais que la solution de la direction mérite d'être testée. Il rappelle que, jusqu'à présent, « un seul cas s'est présenté et que le nombre de rétentionnaires sera probablement très faible à Plaisir. Le service des policiers en sera d'autant plus allégé. » En compensation, la direction proposera à ces fonctionnaires de faire du sport et des formations. Pour l'heure aucun sans-papiers malade n'est encore arrivé dans les Yvelines.