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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - Julia Pascual et Juliette Bénézit - 27/11/2020

L’opération policière menée lundi sans mise à l’abri des migrants, tranche avec les usages.

« J’ai demandé, bien sûr, qu’on évacue cette place. » Jeudi 26 novembre, sur le plateau de France 2, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, a assumé avoir donné l’ordre, lundi 23 novembre, d’évacuer la place de la République, à Paris. Un campement de plusieurs centaines de personnes migrantes venait d’y être installé, à l’initiative de l’association Utopia 56. Tandis que, depuis plusieurs jours, les images des violences ayant émaillé cette soirée circulent et que la méthode musclée du préfet de police, Didier Lallement, est sous le feu des critiques, M. Darmanin a pris la responsabilité de l’opération. « Je ne suis pas homme qui recherche des fusibles, a-t-il fait valoir. J’ai demandé, bien sûr, au préfet de police (…) de ne pas laisser une manifestation (…) installer des tentes en plein Paris. »

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La stratégie ainsi revendiquée par la Place Beauvau rompt avec le modus operandi en vigueur dans la capitale depuis les premiers campements de migrants, il y a six ans. « Je n’ai jamais vu ça, explique un membre de l’entourage de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Il y avait jusque-là un accord de principe qui consistait, avant une évacuation, à proposer des hébergements. On n’a jamais d’évacuation sèche dans Paris intra-muros. »

« Un cap a été franchi »

De fait, les associations qui étaient présentes lundi soir place de la République confient leur étonnement. « Un cap a été franchi », considère Louis Barda, de Médecins du monde (MDM). « Je n’imaginais pas une seconde qu’ils ordonneraient l’évacuation, abonde Corinne Torre, de Médecins sans frontières (MSF). Il y avait sur place des élus, des associations, des avocats… Je pensais qu’ils allaient laisser les gens se poser la nuit et qu’il y aurait une évacuation le lendemain après avoir obtenu une entrevue avec le ministère de l’intérieur pour essayer d’organiser une mise à l’abri. »

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L’été dernier, un peu à la manière de l’opération « coup de poing » lancée par Utopia 56 place de la République lundi, MSF avait installé un campement d’une centaine de mineurs isolés étrangers dans un square en plein centre de Paris, pour alerter sur leur situation d’errance. « Le campement avait duré cinq semaines et avait été démantelé avec des propositions de prise en charge », se souvient Mme Torre.

L’implantation de quelque 500 tentes place de la République cette semaine faisait cette fois suite au démantèlement d’un campement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mardi 17 novembre. Insuffisamment calibrée, cette opération avait laissé plusieurs centaines de migrants sur le carreau, malgré plus de 3 000 mises à l’abri. « Vu le loupé du démantèlement de Saint-Denis, je pensais qu’il y aurait des discussions lundi », fait à son tour valoir Yann Manzi, d’Utopia 56.

Très vite, pourtant, c’est une évacuation sèche qui est engagée, entachée de scènes de violences dont plusieurs vidéos ont rendu compte. Jeudi soir, le ministère de l’intérieur a d’ailleurs rendu public un bref rapport de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) censé faire la lumière sur certaines des violences observées lundi soir.

Croche-pied à un migrant

N’ayant eu que deux jours pour enquêter, la police des polices a indiqué livrer au ministre des « conclusions partielles », tout en précisant poursuivre ses investigations. « L’étude minutieuse des vidéos de l’opération d’évacuation nous a conduits à ouvrir trois enquêtes administratives pour des faits distincts », écrivent les enquêteurs. Deux enquêtes judiciaires ont par ailleurs été ouvertes en parallèle.

Le seul manquement clairement identifié, à ce stade, par l’IGPN, concerne le cas d’un commissaire divisionnaire

Le seul manquement clairement identifié, à ce stade, par l’IGPN, concerne le cas d’un commissaire divisionnaire que l’on voit, sur une vidéo, faire un croche-pied à un migrant qui passe à côté de lui en courant. Concernant, en revanche, les accusations de violences à l’égard du journaliste de Brut, Rémy Buisine, l’IGPN estime que « les images recueillies pour l’heure » ne font pas état d’un usage de la force. Des investigations complémentaires se poursuivent.

Pour Pierre Henry, président de France Fraternités et ancien directeur général de France terre d’asile (FTDA), « le choix d’envoyer directement la police a été la faute originelle. Il fallait trouver une solution temporaire. Il n’était pas possible d’envoyer les policiers dans ces conditions, sans solution de relogement derrière ».

Si certains observateurs ont été pris de court, la posture de fermeté du gouvernement est en réalité déjà à l’œuvre depuis plusieurs mois. Le préfet de police n’a de cesse de revendiquer vouloir mettre fin aux campements sur Paris. De fait, ceux-ci sont sans cesse repoussés vers la Seine-Saint-Denis.

Début septembre, dans le cadre d’une action symbolique, Utopia 56 avait installé sous tentes une centaine de familles sur le parvis de l’Hôtel de ville. « Les forces de l’ordre étaient arrivées le matin et avaient commencé à évacuer les tentes, se souvient le proche de Mme Hidalgo. Ça montrait un changement de doctrine. Mais on s’est tout de suite interposé et on a mis les familles au chaud, le temps de trouver des solutions. On a pu retomber sur la logique habituelle. Lundi soir, malgré les échanges entre la ville et la préfecture de région, l’angle assumé de l’Etat, c’était de dire qu’il n’y aurait pas de mise à l’abri. Face à une demande sociale, la réponse a été une réponse d’ordre public. »

 

 

 


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