Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : L'Humanité - Marc de Miramon - 9/12/2020

Au Sénégal, trois pères de famille ont été condamnés à des peines de prison, mardi, pour avoir financé le voyage clandestin vers l’Europe de leurs enfants. Parmi lesquels Doudou Faye, âgé de 14 ans, qui rêvait de devenir footballeur professionnel... Il est mort pendant la traversée, et a été jeté par-dessus bord par les passeurs. Un drame de plus sur cette route de migration devenue "le cimetierre de l'Atlantique". Récit.

Le long de la côte sénégalaise, face à l’océan Atlantique, ils sont des dizaines de milliers, de Dakar à Mbour en passant par Saint-Louis, à rêver d’un avenir meilleur sur le continent européen. Depuis 2006, année du nombre record de 31 000 demandeurs d’asile et migrants échoués sur les îles Canaries, la route de l’Atlantique, considérée comme le passage le plus dangereux pour rejoindre l’Europe, s’était progressivement tarie. À peine 2 700 l’année dernière, avant une brusque remontée en flèche depuis le début de l’année, les autorités comptabilisant déjà près de 20 000 arrivées, majoritairement composées d’exilés en provenance du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne.

Parmi eux, les Sénégalais occupent une large part. Et ces dernières semaines, des centaines d’entre eux ont perdu la vie dans le naufrage de pirogues de fortune que les candidats à l’eldorado occidental empruntent moyennant quelques centaines d’euros versés aux passeurs, peu importent les périls d’une route maritime de près de 1 500 kilomètres, laquelle nécessite plusieurs jours de traversée.

Mardi, c’est un procès « pour l’exemple » qui s’est achevé

À Mbour, ville de la Petite Côte de près de 180 000 habitants, limitrophe de la station balnéaire de Saly, très prisée par les touristes européens, c’est un procès « pour l’exemple » qui s’est achevé hier, avec la condamnation à deux ans de prison, dont un mois ferme, de trois pères de famille accusés d’avoir fait embarquer leurs fils dans une pirogue en partance pour l’Europe.

L’un d’entre eux, Doudou Faye, âgé de 14 ans, rêvait de devenir footballeur professionnel et de rejoindre l’Italie. Son père avait payé 380 euros pour cette destination finale – avec escale aux Canaries  – à un réseau de passeurs absents des audiences, et qui n’a donc pas eu à se justifier de la mort du jeune sportif, tombé malade peu après son départ, selon les témoignages recueillis par les enquêteurs auprès des rares témoins du drame. Les passeurs auraient fini par jeter son corps par-dessus bord, mais seulement après sa mort, jurent ces mêmes compagnons d’infortune. Condamné pour « mise en danger de la vie d’autrui », mais relaxé de l’accusation de « complicité de trafic de migrants », son père a échappé aux réquisitions plus sévères du parquet de Mbour, lequel réclamait deux ans de prison ferme, tandis que la défense plaidait la relaxe.

Sous le feu des critiques de la société civile, qui multiplie depuis plusieurs semaines les protestations et les manifestations pour exhorter le gouvernement sénégalais à réagir, ce dernier espérait, à l’occasion de ce procès, faire passer un message de fermeté et entraîner une « dynamique de dissuasion », selon Abdoulaye Tall, l’avocat du père. Car le procès de Mbour et la recrudescence des départs de pirogues vers l’Europe révèlent l’impact de la crise économique et sociale provoquée par la pandémie sanitaire ou la ruine structurelle des pêcheurs locaux de la Petite Côte, qui voient leurs stocks de poissons pillés par les navires industriels occidentaux et asiatiques, de manière légale ou clandestine.

Au Sénégal, le chômage des jeunes demeure endémique

En dépit d’un taux de croissance exceptionnel flirtant avec les 6 % ces dernières années, tiré à la hausse par d’importants travaux d’infrastructures financés par la promesse de l’exploitation pétrolière et gazière, le chômage des jeunes demeure endémique au Sénégal. Selon les statistiques officielles, près de 17 % des plus de 15 ans étaient sans emploi ou dénués de la moindre formation en 2019, contre 15,7 % en 2018. La lutte contre ce fléau, pourtant décrétée prioritaire par le président Macky Sall dès son arrivée au pouvoir en 2012, est restée lettre morte. Le gouvernement de ce dernier se voit également accusé de taire ou de minimiser le nombre de Sénégalais disparus dans le cimetière de l’Atlantique.

Quant au procès des trois pères de famille, il illustre également la « pression énorme », selon la ministre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall, exercée par le milieu social des jeunes, qui pousse ces derniers à tenter l’aventure européenne pour aider des familles écrasées par le fardeau de la pauvreté.

 

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essential
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter