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Source : le monde - Cédric Vallet - 09/08/2021

A mesure que les talibans s’approchent d’une prise du pouvoir, un exil massif d’Afghans inquiète de plus en plus des pays membres de l’Union européenne. La Belgique propose de confier à la Turquie, comme pour les Syriens, le soin de contenir ce potentiel afflux.

Au sein de l’Union européenne (UE), une onde « d’inquiétude » commence à se faire sentir, au fur et à mesure que se dessine le scénario d’un exode massif d’Afghans fuyant l’avancée des talibans, selon une source d’un Etat membre. Dès le 23 juin, le premier ministre italien, Mario Draghi, avait évoqué la perspective d’une « augmentation importante » des flux de migrants en provenance d’Afghanistan. Puis Steve Alter, porte-parole du ministère de l’intérieur allemand, a stipulé, le 2 août que « ces mouvements qui ont lieu là-bas doivent être suivis de très près en Europe ».

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C’est bien le spectre de 2015 qui affleure dans la tête des dirigeants européens, lorsque 1,3 million de demandeurs d’asile, principalement syriens, avaient franchi les frontières pour chercher une protection en Europe. Ils trouvèrent surtout cette protection en Allemagne. Mais les temps ont changé. Angela Merkel a déjà indiqué qu’il n’est pas possible de résoudre « tous les problèmes en acceptant tout le monde ».

En Belgique, le secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, Sammy Mahdi, a écrit, fin juillet, une lettre à la Commission européenne dans laquelle il y évoque des solutions « dans le voisinage » et en particulier l’Iran et le Pakistan pour accueillir davantage de réfugiés afghans et éviter qu’ils ne viennent en Europe. Avec un groupe formé par l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark, et la Grèce, la Belgique insiste pour pouvoir continuer à organiser les retours forcés des déboutés du droit d’asile. « Nous avons demandé comment nous devrions faire face à ce futur afflux », a-t-il expliqué à plusieurs médias nationaux. En 2020, l’Afghanistan était la première nationalité d’origine des demandeurs d’asile en Belgique et la deuxième à l’échelle européenne.

Critiques de la part des ONG

Le secrétaire d’Etat belge a, par la même occasion suggéré, mais oralement cette fois, d’étendre aux Afghans l’accord entre la Turquie et l’UE conclu en 2016, qui s’applique aux Syriens présents sur le sol turc et à ceux qui tentent la traversée vers l’Europe. Ce pacte, controversé et bien souvent écorné, confie depuis 2016 à Ankara la tâche de garder les réfugiés syriens sur son territoire, en échange d’une aide financière de 6 milliards d’euros. « Ce que nous avons déjà fait avec l’accord sur la Turquie, c’est offrir une meilleure protection aux Syriens. (…) Au niveau européen, nous devons maintenant voir dans quelle mesure nous pouvons étendre cet accord aux réfugiés afghans », a ajouté Sammy Mahdi.

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La proposition fait d’ores et déjà bondir les ONG spécialisées, à l’image du Conseil européen sur les réfugiés et exilés (ECRE), dont la directrice, Catherine Woollard, déplore une « stratégie européenne exclusivement basée sur l’idée d’empêcher les demandeurs d’asile d’arriver, grâce à des accords avec des pays peu démocratiques ». Dans le cas des Afghans, qui fuient la violence généralisée, « les besoins de protection internationale sont sans ambiguïté », ajoute-t-elle. Depuis plusieurs années, les Vingt-Sept sous-traitent de plus en plus le contrôle des mouvements migratoires à leurs voisins. « Et au sein de l’Union européenne, il y a une claire préférence pour approfondir ce type de collaboration aussi loin que possible », explique Helena Hahn, du centre de réflexion European Policy Centre.

Mais le pacte avec la Turquie a toujours soulevé des critiques. « Avec de tels accords, on renforce la dépendance de l’Union européenne à la Turquie et on donne des leviers à Recep Tayyip Erdogan », regrette Catherine Woollard. L’application du « deal » aux demandeurs d’asile afghans n’est de toute manière, pour l’instant, pas très réaliste. D’abord parce que la Turquie, qui construit un mur le long de sa frontière iranienne, n’a pas forcément l’intention d’accueillir davantage que les quatre millions de réfugiés déjà présents sur son sol. Ensuite, si les Syriens bénéficient en Turquie d’un régime de protection dit « temporaire », ce n’est pas le cas des autres nationalités. « Les non-Syriens demandeurs d’asile en Turquie n’ont pas le même statut et ne bénéficient pas des mêmes droits que les Syriens », précise Helena Hahn. Cette inégalité de traitement rendrait l’accord « légalement contestable », estime Catherine Woollard.

« Impuissance géopolitique de l’UE »

Pour Jean-Louis De Brouwer, directeur du programme « affaires européennes » à l’Institut Egmont pour les relations internationales, ces premières pistes évoquées au sujet de l’accueil de réfugiés afghans montrent « l’impuissance géopolitique de l’Union européenne ». « L’Afghanistan est un bassin d’émigration depuis vingt ans. Les causes de cette émigration sont connues. Et pour les traiter, nous avons mis ça entre les mains des Américains. »

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Des diplomates européens rappellent pourtant que l’UE est restée – en dépit des difficultés – aux côtés du gouvernement afghan, qui tentait une transition démocratique. « Les Etats-Unis les ont affaiblis en décidant, sans concertation, ce retrait, ce qui a renforcé la légitimité des talibans. Mais aucun acteur international ne peut gérer seul ce dossier, qui nécessite une coalition forte. » Dans ce contexte, Jamie Shea, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN, pense que l’UE a encore un rôle à jouer, « car ses ressources économiques ont donné de la crédibilité aux efforts diplomatiques. Et l’UE a dépensé beaucoup d’argent en Afghanistan ».

En novembre 2020, l’Union européenne a promis 1,2 milliard d’euros étalés sur quatre ans. A Doha, le secrétaire général adjoint du service européen pour l’action extérieure, Enrique Mora, a rencontré, le 4 août, des délégations du gouvernement afghan et des talibans. Le diplomate européen « a rappelé que le rétablissement d’un émirat islamique ou la prise de pouvoir par la force conduirait à une non-reconnaissance par la communauté internationale ». Une situation qui conduirait à « la fin de l’assistance financière à travers le gouvernement ».

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Hormis ce levier, l’Union européenne n’a pas beaucoup de cartes dans son jeu. Dans leur appel conjoint à un « cessez-le-feu permanent » en Afghanistan, Josep Borrell, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, et Janez Lenarcic, commissaire européen à la gestion de crise, se sont inquiétés de l’augmentation du « nombre de déplacés internes » en quête de protection. Selon le Haut-Commissariat pour les réfugiés, 360 000 Afghans ont été contraints de se déplacer depuis le début de l’année, sans encore quitter massivement leur pays.

 

 


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