Source : Le monde - Julia Pascual - 26/10/2021

Depuis cet été, entre 100 et 150 personnes passent chaque jour la frontière franco-italienne dans le but d’aller demander l’asile, le plus souvent en Angleterre ou en Allemagne.

Sitôt inauguré, sitôt fermé. Depuis dimanche 24 octobre, le refuge associatif installé à Briançon (Hautes-Alpes), à la frontière franco-italienne, pour offrir quelques jours de répit aux migrants sur leur parcours migratoire à travers l’Europe, a fermé ses portes face à un afflux de personnes trop important, en majorité afghanes.

Le site des Terrasses solidaires, ouvert cet été, est animé par plusieurs associations à l’instar de Médecins du monde, Refuges solidaires ou encore Tous migrants et financé par des structures telles que le Fonds Riace, la Fondation de France ou Emmaus France. « On peut accueillir 80 personnes dignement et en toute sécurité mais depuis la fin du mois d’août, la pression migratoire est de plus en plus importante, rapporte Max Duez, de l’association Refuges solidaires. Il n’y a jamais moins de 150 personnes chaque nuit et ce n’est pas tenable. On a décidé de mettre l’Etat face à ses responsabilités. »

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A la suite de la fermeture du lieu, décidée au lendemain de son inauguration officielle, 200 à 300 personnes ont convergé vers la gare pour quitter la ville. « La grande majorité sont des Afghans, poursuit Max Duez. Ce sont des jeunes hommes mais il y a aussi des familles. Ils essayent de rejoindre l’Allemagne ou l’Angleterre. Ils ont quitté leur pays depuis un ou deux ans en général et ont transité par l’Iran et la Turquie. »

Dans l’attente d’un train pour Paris, les personnes ont passé la nuit de dimanche à lundi dans la gare, avant d’être hébergés la nuit suivante dans l’église de Sainte-Catherine, à l’initiative de l’évêque de Gap et d’Embrun, Mgr Xavier Malle, compte tenu notamment des difficultés à pouvoir effectuer des tests PCR pour voyager.

« On arrive à nos limites »

Mardi, la préfecture des Hautes-Alpes a également affrété deux bus pour permettre à une centaine de personnes de rejoindre Lyon et Valence. « Nous comptons rouvrir mais c’est sans fin, prévient Max Duez. On arrive à nos limites. » Si les associations demandent à l’Etat de mettre des moyens d’accueil, le maire Les Républicains de Briançon, Arnaud Murgia, réclame, lui, « des renforts durables à la frontière ». « Le ministre de l’intérieur a envoyé deux escadrons de gendarmerie mobile lundi », fait-il valoir. Et d’insister : « On ne peut pas gérer 150 passages par jour. Il faut une coopération avec les Italiens et il faut un cadre. Si les gens arrivent en Europe par la Grèce ou l’Italie, ils doivent faire leur demande d’asile dans ces pays. »

En disant cela, l’élu rappelle le règlement de Dublin, qui prévoit que le pays d’entrée en Europe est celui responsable de l’examen de la demande d’asile. Un système largement contourné depuis des années, à la fois en raison de la charge qu’il fait peser sur les Etats d’entrée et compte tenu des trajectoires des migrants qui souhaitent rejoindre des pays dont ils parlent la langue, où ils ont des proches, des contacts ou des perspectives d’emploi.

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De son côté, la préfecture des Hautes-Alpes a estimé auprès de l’AFP que le refuge des Terrasses solidaires est « bien identifié des réseaux de passeurs » et « a provoqué une augmentation des flux ».