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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Le monde - Marina Rafenberg - 11/08/2022

Entre 30 et 50 réfugiés ont disparu lors d’un naufrage dans le sud-est de la mer Egée en Grèce. Athènes accuse Ankara d’augmenter la pression migratoire aux frontières.

Dès l’aube, mercredi 10 août, les gardes-côtes grecs se sont activés au large des îles de Rhodes et de Karpathos, au sud-est de la mer Egée, avec des hélicoptères, des patrouilleurs et un tanker pour porter secours aux dizaines de réfugiés qui se trouvaient en danger en pleine mer à la suite du naufrage de leur bateau surchargé, qui s’est retourné en raison d’une violente houle. Vingt-neuf personnes, principalement des hommes afghans, iraniens et irakiens, ont pu être secourus et transportés sur les îles voisines de Karpathos et de Kos où se trouve un camp de migrants, selon les autorités grecques. Mais entre 30 et 50 exilés étaient toujours portés disparus mercredi selon la police portuaire qui avait du mal à établir le nombre exact d’occupants du navire parti de la rive turque, à seulement quelques kilomètres.

Selon les premières déclarations des rescapés, « environ 80 personnes étaient à bord du bateau », ont affirmé dans un premier temps les gardes-côtes. Mais, leur porte-parole, Nikos Kokalas, interrogé sur la chaîne de télévision publique ERT, a hasardé l’hypothèse qu’« il n’est pas possible que ce bateau puisse transporter 80 migrants, il devait y avoir un nombre moins important d’occupants », tout en admettant que les embarcations de migrants « sont toujours surchargées ». Nikos Kokalas a également affirmé que la majorité des passagers « ne portaient pas de gilets de sauvetage » et que le bateau serait parti de la ville turque d’Antalya avec pour destination finale l’Italie.

Pour les migrants coincés en Turquie et voulant rejoindre l’Europe, l’accès aux îles du nord de la mer Egée (Lesbos, Samos, Chios) est devenu de plus en plus compliqué, la présence de l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex et des gardes-côtes grecs ayant été renforcée depuis mars 2020 et les refoulements illégaux de migrants étant devenus presque systématiques. Le groupe de recherche Forensic Architecture a recensé et documenté sur sa plate-forme en ligne 1 018 « pushbacks » en mer Egée en seulement deux ans (mars 2020-mars 2022).

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Refoulement de migrants en Grèce : l’enquête qui accuse Frontex

Repoussés en pleine mer ou détenus une fois sur l’île grecque et renvoyés de force sur des canots de sauvetage sans moteur, les migrants se voient forcés de retourner en Turquie après avoir souvent été dépouillés et violentés par les gardes-côtes grecs. Cette pratique est contraire au droit international et à la convention de Genève relative au statut des réfugiés. Malgré les enquêtes menées par les ONG et les médias, Athènes a toujours nié avoir recours à ces refoulements.

« Expulsions violentes et illégales »

Mercredi, le ministre grec de la marine marchande, Yannis Plakiotakis, a d’ailleurs affirmé : « La protection de la vie humaine est notre priorité », tout en soulignant que depuis deux ans, 145 opérations de sauvetage avaient été menées par les gardes-côtes grecs permettant de venir au secours de plus de 6 000 personnes. Mais Bruxelles, au fil des mois et des révélations, n’est plus dupe, et a demandé au gouvernement conservateur de mettre en place des mesures pour s’assurer que les droits de l’homme soient respectés aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE). En juillet, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a appelé Athènes à faire cesser les « expulsions violentes et illégales » de migrants et rappelé que les fonds européens étaient « liés à l’application correcte des droits fondamentaux ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La direction de Frontex « a considéré que la Commission européenne était trop centrée sur les droits de l’homme »

Face à la difficulté de rejoindre le nord de la mer Egée, les passeurs basés en Turquie privilégient désormais une nouvelle route plus longue et plus périlleuse reliant les côtes turques à l’Italie, en passant par le sud-est de la mer Egée, les Cyclades ou la Crète et le sud du Péloponnèse. Sur les cinq premiers mois de l’année selon les autorités italiennes, 3 897 migrants sont arrivés sur les côtes italiennes via cette route contre 836 sur la même période en 2021, soit une augmentation d’environ 400 %. En décembre 2021, trois naufrages dans l’archipel touristique des Cyclades avaient fait au moins 32 morts. Durant des semaines et des semaines, des corps avaient été charriés par la mer sur les plages des îles environnantes.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés En Grèce, migrants et passeurs empruntent des routes plus périlleuses

Depuis plusieurs mois, Athènes accuse Ankara d’utiliser de nouveau la pression migratoire et de laisser les passeurs agir dans une relative impunité pour faire venir les migrants en Grèce. D’après l’accord UE-Turquie de mars 2016, la Turquie, en échange d’une aide financière européenne, doit limiter les départs depuis son territoire. « Si la Turquie faisait son travail, nous n’aurions pas de problème migratoire », a déclaré mercredi Yannis Plakiotakis.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 4 036 arrivées sur les îles grecques entre janvier et août ont été enregistrées contre 4 331 sur toute l’année 2021. Début juillet, M. Plakiotakis avait estimé que les « flux migratoires étaient en hausse de 50 % par rapport à l’été 2020 », avant d’ajouter : « Environ 15 000 entrées illégales [sur les îles grecques] ont été évitées. » Par quel moyen les migrants ont-ils été empêchés de rejoindre le territoire grec ? Pour de nombreux défenseurs des droits de l’homme en Grèce, le ministre venait alors à demi-mot d’avouer l’existence des refoulements illégaux de migrants.


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