Mohamed Ali Chelbi a lui-même annoncé la nouvelle de son départ en postant un selfie sur les réseaux sociaux, alors qu'il se trouvait, samedi 6 août, à bord d’une embarcation de migrants à destination de l’Italie.

La nouvelle a provoqué une onde de choc auprès des fans du CS Sfaxien, l’une des meilleures équipes du championnat de football tunisien. Le départ de Mohamed Ali Chelbi a également lancé un vaste débat sur les réseaux sociaux quant aux raisons qui ont poussé le jeune homme a quitter la Tunisie.

Le gardien de but venait d’obtenir son baccalauréat, selon des journaux tunisiens.

Le site Sports News Africa rappelle toutefois que les difficultés économiques que connait la Tunisie nourrissent depuis longtemps un climat d’incertitude et de manques de perspectives parmi les jeunes. Et le CS Sfaxien n’échapperait pas à cette mauvaise santé économique.

>> À (re)lire : Ali, Tunisien de 27 ans : "Soit je meurs en mer, soit j'arrive à atteindre l'Europe"

Sports News Africa précise ainsi que certains joueurs auraient passé plusieurs mois sans toucher de salaires. Le club a dû faire appel à l’aide de la Fédération tunisienne de football pour régler une série de litiges financiers avant d'être autorisé à participer à la prochaine saison.

On ignore si Mohamed Ali Chelbi a été impliqué dans ces litiges.

"Injustice"

"J’ai choisi l’immigration clandestine à cause de l’injustice que j’ai subie en Tunisie. J’ai déposé une demande de visa et on me l’a refusée. J’ai des offres en Italie et là je suis dans un centre d’accueil", a expliqué le joueur depuis l’Italie dans une interview à la radio tunisienne Mosaïque FM.

"Nous sommes sous le choc et j'aurais aimé qu’il me parle de ses problèmes", a déclaré à la même radio Moez Triki, l’entraîneur du CS Sfaxien, ajoutant que Mohamed Ali Chelbi "ne pourra jamais signer avec un autre club sans notre accord puisqu’il est sous contrat."

>> À (re)lire : À Lampedusa, Matteo Salvini repart en campagne anti-migrants

Le père du footballeur s’est également exprimé sur Mosaïque FM : "Je n’étais pas au courant que mon fils avait décidé d’émigrer clandestinement. Il m’a appelé vendredi pour dire qu’il est arrivé en Italie. On a essayé pas mal de fois d’avoir un visa, mais en vain. Il a reçu des invitations pour effectuer des essais dans quatre clubs en Italie."

Selon Zouhaier Chelbi, le jeune footballeur "a subi une injustice incompréhensible au CS Sfaxien et au sein de l'équipe nationale. Il en a eu marre. Il ne veut pas revenir en Tunisie. L'équipe nationale a choisi les gardiens de but d'une manière injuste. Mon fils a beaucoup souffert."

Chaque jour, des dizaines de départs

Chaque jour, des dizaines de Tunisiens tentent de quitter le pays pour se rendre en Europe. Le 6 août dernier, 22 personnes sont ainsi montées dans un bateau près de Monastir, au sud de Tunis. Elles ont été secourues par la marine tunisienne alors que leur embarcation se trouvait en difficulté à une dizaine de kilomètres des côtes tunisiennes. Parmi elles se trouvaient trois femmes et neuf enfants.

>> À (re)lire : Tunisie : huit morts, dont quatre enfants, dans un naufrage

Ce jour-là, les garde-côtes tunisiens ont également intercepté trois tentatives de migration clandestine à partir des côtes de Monastir et interpellé 43 personnes, selon l'agence de presse tunisienne TAP, qui cite une source sécuritaire. La majorité des migrants venait d’Afrique subsaharienne.

Les trois bateaux ont été saisis ainsi que d'importantes sommes d'argent.