C’est une étape sur la route de leur exil qu’ils n’oublieront pas. Mercredi 31 mai, quatre migrants ont sauvé de la noyade un homme qui s’était jeté dans l’Adour, fleuve qui traverse la ville de Bayonne, dans le sud-ouest de la France.

Ce jour-là, vers 17h30, Moussa, Bamba, Kecouta, et Mamoutou discutent sur un banc face à l’eau. Originaires de Côte d’Ivoire pour les deux premiers et du Mali pour les deux autres, ils font connaissance près du centre d’accueil pour migrants Pausa, tout proche.

"Et puis on a entendu crier ‘au secours !’, ‘au secours !’. Kecouta a été le plus rapide et n’a pas hésité : il s'est jeté à l'eau", raconte Moussa à InfoMigrants. Le jeune de 14 ans peine à se déplacer à cause du courant mais parvient jusqu’à l’homme en détresse, à qui il tend une branche. "Mais quand il s'y est agrippé, le morceau de bois s’est cassé. Alors tous les trois, on a plongé aussi. Pour aider".

Grâce à ses efforts conjoints, le petit groupe parvient finalement à extirper l’homme, âgé de 59 ans, de l’eau froide du fleuve. "Il nous a remercié et nous a simplement dit qu’il était désespéré. Et puis il est parti", souffle Moussa.

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Le jeune homme, comme ses camarades, jure qu’il n’a "pas eu peur". "Et puis, c'est une question de respect : le monsieur qui était en danger était plus vieux que nous, il avait l'âge de nos pères. On ne s'est pas posé de questions."

Un répit bienvenu

Le Pays basque est une région empruntée par les migrants qui poursuivent leur route vers le nord de l’Europe. Situé à Bayonne, le centre Pausa leur offre depuis son ouverture en 2019 un répit bienvenu, bien que la structure n'a pas vocation à devenir un lieu d'hébergement pérenne.

"Avant 2018, nous n'étions pas une route migratoire mais le durcissement des contrôles et des conditions de vie en Italie ont provoqué un changement de trajectoire", avait expliqué à InfoMigrants Lucie Bortayrou de l'association Diakité, en juillet 2021. D'une capacité initiale de 120 places, le site peut héberger le double en cas de besoin. En 2018, au plus fort de la crise migratoire dans le département, plus de 250 personnes ont été logées dans l'établissement.

Tous arrivés en France après avoir traversé la Méditerranée – via la Libye, la Tunisie, ou le Maroc – les quatre migrants souhaitent rester "encore un peu" à Bayonne. Kecouta, 14 ans, et Bamba, 16 ans, aimeraient s’y installer définitivement pour poursuivre leur scolarité. D’après France Bleu, ils vont être pris en charge par le département des Pyrénées-Atlantiques. Moussa et Mamoutou, eux, souhaitent se reposer quelques jours avant de reprendre la route.