Source : Mediapart - Marco Cesario - 8/10/2018
A Riace, sud de l'Italie, 5.000 personnes ont défilé sous les notes de Bella Ciao en solidarité avec le maire suspendu de ses fonctions pour avoir accueilli des migrants. Le modèle Riace, qui inclut migrants et réfugiés, est un exemple d'intégration
Au moins cinq mille personnes ont envahi Riace hier en signe de solidarité avec Mimmo Lucano, le maire du village calabrais qui est devenu un symbole de l'accueil des migrants pour avoir crée un système d'intégration dans un village qui était jusqu'a la en voie de désertification. Pour cela s'est retrouvé en résidence surveillée, accusé d'avoir soutenu l'immigration illégale.
Les charges
Le maire a été arrêté dans le cadre d'une opération appelée "Xenia". Les charges retenues à l'encontre de Lucano sont: complicité à l'immigration clandestine et mandat frauduleux au service de collecte des ordures, mais toutes les charges les plus graves initialement prévues par le ministère public de Locri ont été écartés, notamment les détournements de fonds, la fraude contre l'État et les extorsions.
Le modèle Riace
A Riace, les migrants sont logés dans des maisons inhabitées et bénéficient d'un prêt gratuit, et l'argent alloué par le ministère est remis à des coopératives, qui incluent des migrants et des rapatriés, qui donnent aux réfugiés et aux demandeurs d'asile la possibilité d'apprendre un métier grâce à des " bourses de travail ", qui leur fournissent un petit salaire.
Les bonus - une sorte de bons qui peuvent être utilisés dans les entreprises participantes - sont utilisés pour permettre aux clients du système Riace de faire des achats et de gérer leur propre ménage. Au fil du temps, ce système a souvent profité non seulement aux réfugiés et demandeurs d'asile inclus dans les projets Sprar, mais aussi à nombre d'entre eux qui, à la fin du programme, ont décidé de rester à Riace pour se construire une nouvelle vie.
"Nous sommes tous des clandestins, Mimmo libre"
A la manifestation en solidarité du maire ont défilé les réfugiés de Riace, des comités, des associations, des syndicats comme l'Usb, le Cobas, CGIL, Potere al Popolo, Refondation communiste, comités et associations étudiants, les ONG locales et nationales, les environnementalistes, les féministes, les associations antimafia, mais surtout beaucoup de citoyens non organisés. "Mimmo ne s'arrête pas". A Riace, ce n'est pas qu'un slogan. C'est une promesse, une bataille civile de toute la société.