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Source : Mediapart - Bernard Cache - 21/8/2019

En trame de fond de la crise politique italienne, ce texte examine les raisons et les conséquences de l’acharnement judiciaire que subit Domenico Lucano, maire de Riace en Calabre, ainsi que son échec aux élections municipales.

Riace est l’une des nombreuses petites communes de Calabre sur le rivage tourné vers la Lybie, où s’étendent des plages de sable fin pour aller bronzer devant une mer bleue sous un soleil éclatant (voir carte ci-dessous). Jusque-là, rien de très original donc. Et puis, début août 1972, 5 plongeurs découvrent 2 statues de bronze, parmi les plus remarquables qu’on ait de l’antiquité. Ces statues sont désormais connues sous le nom de Bronzes de Riace, alors même qu’on ne les trouve plus à Riace, mais au Musée de la Grande Grèce à Reggio di Calabria, sur l’autre rivage tourné vers la Sicile. De la Grande Grèce en Italie ?

Les 2 Bronzes de Riace exposés au Musée de la Grande Grèce à Reggio di Calabria :

Eh bien oui, puisqu’un siècle à peine après que les Grecs soient sortis d’une obscure période où ils oublièrent jusqu’à l’écriture, leurs différentes cités voyaient leur « renaissance » limitée par l’aridité des sols. Au moment donc où d’anonymes chanteurs de banquets improvisaient des poèmes de fin de repas évoquant la nostalgie d’Ulysse de retour vers sa patrie après 10 années de Guerre à Troie, une multitude d’habitants de l’actuelle Grèce se virent contraints de quitter leur patrie pour des raisons économiques et de prendre le large pour s’établir un peu partout en Méditerranée. Parmi les nombreuses « colonies grecques » on trouve évidemment la Sicile et le Sud de l’Italie, où l’on a trouvé sur l’île d’Ischia une des toutes premières allusions aux chants qu’on attribue à un auteur imaginaire aveugle: Homère. De fait, quelques villages de Calabre parlent encore un dialecte dérivé du grec.

 Riace et le site de l’antique Caulonia en Calabre (= flèche rouge)

 

C’est à ces établissements de migrants qu’on doit la diffusion de la langue grecque un peu partout dans la Méditerranée, et surtout la constitution d’une culture commune qui se perpétuera pendant plus d’un millénaire, jusqu’à la fin de l’Empire romain, vers +500. Certes se fera-t-on encore la guerre, mais on adopte les dieux les uns des autres plutôt que de s’excommunier réciproquement, tandis qu’on s’échange les textes qui fondent encore la science moderne. Ainsi, avant de mourir sous les coups d’un soldat romain lors du siège de Syracuse en -212, Archimède correspondait régulièrement en grec depuis la Sicile avec ses collègues de la Bibliothèque d’Alexandrie en Egypte où, un siècle plus tôt, Euclide avait ordonné logiquement l’ensemble des théorèmes de la géométrie à la règle et au compas. Entre temps, ce grand centre de recherche d’Alexandrie avait été dirigé par Eratosthène de Cyrène : un libyen qui avait, entre autres, calculé la longueur du méridien terrestre, puis mis au point un instrument mécanique permettant de calculer des racines cubiques, sans oublier d’établir une première chronologie historique remontant jusqu’à la Guerre de Troie qu’il faisait se terminer en -1184.

De fait, tout ce qu’on sait de certain sur les Bronzes de Riace, c’est qu’ils furent tous deux fondus vers -450 à Argos[1], dans le Péloponnèse, région d’où provenaient précisément les colons qui fondèrent Caulonia[2] vers -700 juste à côté de Riace, après avoir établi Crotone à une centaine de kilomètres plus au Nord. Crotone : la ville où le réfugié politique Pythagore avait trouvé asile en –530, fuyant la tyrannie qui sévissait sur son île de naissance : Samos, au large de l’actuelle Turquie. Emigrés eux aussi, donc, ces 2 guerriers de bronze depuis la Grèce vers la Calabre, sans qu’on ait aucune idée de comment ils ont pu se trouver submergés au-devant des plages de Riace. Car, même si les colons grecs conservaient des liens étroits avec leur mère patrie, il est peu probable qu’ils aient eux-mêmes fait venir de telles statues[3] et les archéologues pensent plutôt à un naufrage, soit d’un bateau pillant ces statues pour les amener à Rome à la fin de la République romaine, soit au contraire d’un bateau les transportant de Rome vers Constantinople, lorsque Constantin y établit sa capitale, alors que Rome n’était déjà plus dans Rome[4].

Autre naufrage, autres migrants en 1997 : un navire turc échoue sur une autre plage, près de Badolato, toujours pas très loin de Riace, avec à son bord 800 réfugiés kurdes. Les maires de différentes communes du voisinage s’entendent alors pour accueillir ces réfugiés et initier une politique originale. Car, des logements, ces communes n’en manquent point, elles dont la plupart des habitants valides émigrent vers le Nord de l’Italie, ou vers d’autres pays européens, quand ce n’est pas l’Australie ou le Canada. Les Italiens, en général, font très peu d’enfants, mais en Calabre, l’absence de perspectives économiques fait que les jeunes quittent massivement la région qui n’est plus peuplée que de vieux. Les villages se vident, les maisons tombent dans l’abandon. Quelle aubaine, donc, que ces nouveaux venus qui pourront restaurer les logements qui les abriteront, mais aussi ceux que pourront occuper un nouveau type de touristes soutenant une agriculture durable et solidaire.

Trop beau pour être vrai ? Eh bien, détrompez-vous, cela a bel et bien marché, en collaboration avec certains organismes de l’administration italienne qui ont dédié un budget de 35 euros par jour pour l’accueil de tout réfugié. Un tel budget a permis de fonder des coopératives qui restaurent l’habitat, développent une agriculture et un artisanat local, tout en enseignant la langue italienne aux réfugiés, en leur prodiguant des soins médicaux et en les informant de leurs droits et obligations. Ce programme a ainsi pu s’étendre des kurdes débarqués en 1997 à de nombreux autres réfugiés arrivés en Italie par toute sorte de moyens. Ainsi, à Monasterace, sur le sol même de l’antique Caulonia[5], l’entreprise agricole A’ lanterna recourt à des saisonniers dûment déclarés, en les rémunérant à un tarif syndical tout en refusant de payer toute rançon à la branche calabraise de la mafia : la ’ndrangheta, en dépit de menaces réitérées comme le montre notre photo du panneau d’information archéologique criblé de balles (2ème image ci-dessous). De telles expériences ont eu une résonnance internationale au point que Wim Wenders, par exemple, soit venu tourner à Badolato le premier court-métrage italien en 3D, Il volo en 2010, au sujet, précisément, de l’accueil des migrants.

 Petits navires en béton représentant les différentes nationalités de migrants accueillis à Riace:

 

 C’est ce modèle que veut détruire Salvini, lui qui veut faire croire aux Italiens que les migrants seraient la cause principale de leurs difficultés. Le gouvernement actuel ne refuse plus seulement d’accueillir des réfugiés, mais également de secourir les naufragés en mer, à l’encontre des règles les plus élémentaires du droit maritime international. Des organisations non gouvernementales qui suppléent à cette défaillance de l’Etat Italien sont désormais poursuivies juridiquement. Le budget de 35 euros par jour est réduit à 22 euros pour le petit nombre de ceux qui peuvent encore en être bénéficiaires. Mais surtout, d’autres branches de l’administration italienne ont agi pour retarder les paiements, et mettre des bâtons dans les rouages des coopératives.

 C’est à Riace que la ligne de front est la plus dure, car Domenico Lucano, l’ancien maire de cette commune, de 2004 à 2018, s’est probablement plus engagé encore que ses collègues des communes avoisinantes. Ainsi, à Riace, l’accueil des réfugiés ne fut-il pas confié à une coopérative indépendante, mais fut géré par la municipalité elle-même. C’est ce qui a permis de soumettre cette structure d’accueil à une enquête administrative menant à l’inculpation de Domenico Lucano en octobre 2018 pour aide à l’émigration clandestine et entorse aux règles de passation de marchés publics. Domenico Lucano aurait favorisé un mariage blanc et confié la récollection des ordures à des migrants sans procéder à un appel d’offre. En attente d’un jugement dont l’instruction traîne en longueur, le maire a été suspendu de ses fonctions et même interdit de séjour sur sa propre commune. Au regard de la légèreté des faits qui lui sont reprochés, une telle interdiction est d’autant plus démesurée que bien des suspects d’association de malfaiteurs courent régulièrement les rues de Calabre.

Panneaux d’information du site archéologique de Caulonia criblé d’impacts de balles tirées par la ‘ndrangheta:

 

Interdit de séjour sur sa propre commune, Domenico Lucano n’a pas pu participer à la campagne électorale visant à la désignation de son successeur. Et, de fait, la candidate qu’il aurait aimé voir lui succéder a échoué au profit d’un adversaire d’une autre liste citoyenne : Antonio Trifoli. Dans le contexte italien d’aujourd’hui, cet échec a été présenté de manière dénaturée par les médias nationaux. En effet, sur la liste victorieuse figure bien un membre du parti de Salvini : la Lega, qui s’est constituée pour prôner la sécession de la Lombardie en décriant le Sud, toujours présenté comme corrompu et fainéant. Mais ni Antonio Trifoli, ni la plupart des autres membres de sa liste ne sont affiliés à aucun parti, même s’ils se reconnaissent une orientation de centre droit. A ce jour[6], le nouveau maire n’envisage d’ailleurs pas de renoncer définitivement à une politique qui combinerait accueil des migrants, tourisme solidaire, restauration urbaine et agriculture durable. La victoire d’Antonio Trifoli n’est donc pas celle de la Lega, à rebours de ce que clament les médias nationaux. Ce qui est en cause, c’est une meilleure prise en compte des réalités locales dans un contexte national de plus en plus tendu.

 En effet, comme Badolato, Camini, Caulonia, Monasterace, et toutes les communes du littoral avoisinant, Riace a une configuration particulière où un ancien bourg médiéval à flanc de montagne étend son territoire jusqu’à la côte, restée pratiquement vierge avant que ne viennent y bronzer les touristes. Et bon nombre de ces touristes sont des émigrés calabrais, encore attachés à leur terre d’origine où ils retournent régulièrement. Ainsi la langue des conversations sur la plage peut-elle facilement osciller entre dialecte calabrais, Suisse allemand et anglais australien. Deux dynamiques, donc, dans toutes ces communes : d’un côté, le bourg, riche d’un vieux patrimoine à l’abandon au milieu de terres agricoles et de pâturages difficiles à exploiter, de l’autre la côte truffée de constructions récentes, souvent abusives aux deux sens du terme : illégales, et disproportionnées au regard des besoins des habitants permanents.

 Si la liste défendue par Domenico Lucano a perdu les élections, c’est pour n’avoir pas suffisamment pris en compte cette dualité du territoire. Car la l’accueil des migrants n’a véritablement concerné que le vieux bourg où se trouve le patrimoine à restaurer afin d’y accueillir un tourisme alternatif aux infrastructures côtières. Mais, précisément, qu’on le déplore ou non, ces infrastructures existent au long de la route littorale SS 106 et de la ligne de chemin de fer. C’est pour n’avoir pas su tisser une politique qui allie les 2 pôles du territoire que Domenico Lucano, déjà harcelé par l’administration judiciaire, voit s’évanouir sa Cité Future. Un examen détaillé des résultats du scrutin le démontre clairement : les votes qui ont promu Antonio Trifoli ne traduisent pas un racisme ou un rejet des 350 habitants du bourg qui se seraient vu submergés de bronzés venus d’Afrique et du Moyen Orient, mais un sentiment d’abandon des 1500 habitants des zones littorales. En tout état de cause, l’échec électoral de Domenico Lucano ne fut pas un vote en faveur de Salvini, bien que, de toute évidence, ce résultat nourrisse le jeu de tous ceux qui font des migrants la cause des difficultés sociales en Europe, telle notre Marine Le Pen nationale.

Les temps ne sont guère au romantisme. Lutter contre Salvini, c’est d’abord combattre le désarroi des classes populaires au chômage réduites à l’alternative de l’émigration ou de l’illégalité. Qu’on se garde bien donc de particulariser les enjeux. Le harcèlement judiciaire contre Domenico Lucano et son interdiction de séjour sur sa propre commune sont remarquablement injustes, mais il est peu probable qu’on soutienne sa cause en l’identifiant à Tommaso Campanella ou à Pasquale Cavallaro[7]. Car, ce qui perdure en Calabre depuis des siècles, c’est surtout la misère du peuple qui incita ces 2 personnages de communes avoisinantes à fomenter des insurrections : le premier à Stilo en 1599, le second à Caulonia en 1945.

 Mais Domenico Lucano n’est pas un lettré hérétique comme Tommaso Campanella[8] qui finit par se reconvertir au catholicisme sous le poids de 30 années de captivité, inaugurées par d’effroyables tortures. Et heureusement, car l’accueil des migrants dans la Città Futura de Riace ne doit pas advenir dans une utopique Cité du Soleil[9] comme l’avait pensé Campanella, mais dans une commune bien réelle avec sa double polarité entre mer et montagne. Domenico Lucano n’est pas non plus le maitre d’école Pasquale Cavallaro, déserteur en 1916, dès lors réduit à la clandestinité, puis à 7 années de confinement sur les îles d’Ustica, puis de Favignana, période où il fut forcément amené à fréquenter toutes sortes d’individus maffieux. Au contraire de Pasquale Cavallaro qui put mobiliser quelques éléments subversifs de la ’ndrangheta pour créer l’éphémère République rouge de Caulonia[10], Domenico Lucano est un des seuls maires de Calabre à avoir porté plainte contre les exactions d’une ’ndrangheta, totalement investie dans le commerce de la drogue à grande échelle, sans plus aucune considération populaire.

 Ce qui vaut pour les personnes, vaut aussi pour les lieux. Quelles que soient les déclarations d’Antonio Trifoli, il est évident que Riace n’accueillera plus des centaines de réfugiés comme ce fut le cas du temps de Domenico Lucano. Mais, l’essentiel n’est-il pas que cet accueil perdure dans de nombreuses communes en trouvant l’équilibre qu’il a pu trouver à Badolato, où le maire Gerardo Mannello a toujours veillé à bien mixer l’accueil des migrants avec le développement de l’ensemble de sa commune : du bourg comme de la côte. Encore une fois, cette politique d’accueil fut un succès et s’est diffusée dans bon nombre de communes avoisinantes. En soi, le harcèlement judiciaire de Domenico Lucano, et son échec aux élections ne mettent pas donc terme à ce modèle de développement. Et s’il est nécessaire de soutenir Domenico Lucano dans son combat judiciaire, c’est aussi parce que ce procès devient un instrument de la politique mise en place par Salvini au niveau national.

 Mais c’est à un échelon encore supérieur que tout européen est concerné par ces événements des bords de plage en Calabre. Ce n’est pas seulement que l’Italie, l’Espagne et la Grèce sont aux avant-postes de la rive nord d’une Méditerranée dont nous peinons à perpétuer une culture commune avec la rive Sud. Ce n’est pas seulement qu’il est chaque jour plus urgent de remettre en cause les accords de Dublin afin que l’accueil des migrants ne repose plus sur les seuls pays méditerranéens. C’est que, pour le bien ou pour le mal, l’Europe devient elle-même un continent de migrations internes. On ne rappellera jamais assez qu’avec son faible taux de natalité, un pays comme l’Allemagne ne peut espérer maintenir sa démographie qu’en intégrant 800.000 migrants chaque année, soit l’équivalent de l’ouverture faite, temporairement, par Angela Merkel récemment, en dépit de toutes les critiques que la chancelière a subies. A force ou à raison, toute une fraction de notre jeunesse s’européanise en migrant vers le Nord, tout en laissant de grands vides dans le Sud.

 Comment peut-on encore promouvoir des solutions nationalistes dans ce contexte ? Comment, par exemple, envisager des réformes des régimes de retraites nationaux, alors que les jeunes travailleurs méridionaux vont cotiser au Nord et abandonner leurs Anciens au Sud ? Inversement, comment penser un accueil des retraités du Nord pendant les longs mois d’hiver où les infrastructures du Sud demeurent vacantes en absence du tourisme d’été ? En tout état de cause, la question générationnelle est un aspect majeur des problèmes d’aujourd’hui, en Europe, et plus largement en Méditerranée et au-delà. Qu’on pense que plus de la moitié de l’Algérie a moins de 30 ans quand la moitié de l’Europe aura bientôt plus de 50 ans. Qu’on pense au climat où l’incapacité des pays dits développés à remettre en cause leur modèle économique aura des conséquences dans le monde entier sur des générations qui ont à peine vu le jour ? Etablir le lien entre des horizons à court et long terme, voilà bien une tâche cruciale qui n’est plus accomplie depuis que les Etats l’ont abandonnée à une finance qui ne fait plus que spéculer au jour le jour. Aujourd’hui plus jamais, penser national dans l’espace, revient à s’empêcher d’agir à long terme dans le temps.

[1] Daniele Castrizio et Cristina Iara : Bronzi di Riace : L’enigma dei due guerrieri. Città del Sole Edizioni, 2016.

[2] Claudio Panaia : Caulonia, storia di una polis. Città del Sole Editore.2018.

[3] Thèse toutefois défendue par le mathématicien Giuseppe Panetta dans : I Bronzi di Riace : Perché non fu un naufragio. Arti Grafiche Edizioni, 2018.

[4] Telle est, en effet, l’hypothèse de Daniele Castrizio et Cristina Iara qui identifie dans les 2 bronzes de Riace les 2 frères rivaux Etéocle et Polynice d’un groupe sculptural de 5 personnes qui comprenait :

  • leur mère Jocaste découvrant ses seins pour rappeler à ses fils qu’ils s’y été tous deux nourris
  • Créon, attisant la haine d’Etéocle pour Polynice
  • Antigone tentant d’apaiser ses 2 frères.

On sait que ce groupe statuaire grec fut visible à Rome sous le nom des Fratricides dans la demeure impériale sur le Palatin depuis le règne d’Auguste jusqu’en +165 et les 2 auteurs supposent que Constantin n’a pas pu s’en séparer à Constantinople.

 Cf : Daniele Castrizio et Cristina Iara : Bronzi di Riace : L’enigma dei due guerrieri. Città del Sole Edizioni, 2016.

[5] En Calabre, il peut arriver que les lieux se déplacent comme les personnes. D’abord connue seulement par des textes d’auteurs classiques comme Strabon, le lieu d’identification de l’antique Kaulon a varié au fil des progrès de l’archéologie. Ainsi, en 1863, a-t-on rebaptisé en Caulonia le village de Castelvetere où sera instituée la République rouge de Caulania en 1945, événement que nous évoquerons un peu plus loin. Ce n’est qu’en 1910 que les travaux de construction du phare de Punta Stilo permirent à l’archéologue Paoli Orsi de repérer les vestiges de la véritable Kaulon, sur la commune de Monasterace, voisine de celle de Riace. Mais on en rebaptisa pas pour autant les communes concernées et c’est toujours l’ancien Castelvetere qui se nomme Caulonia.

[6] C’est du moins ce qu’Antonio Trifoli nous a déclaré dans un entretien qu’il nous a accordé à la Mairie de Riace le Mercredi 31 juillet 2019.

[7] Sur ce point, nous ne pouvons que nous distancer de la manière dont Ilario Ammendolia fait usage de ces références historiques dans La ‘ndrangeheta come alibi. Dal 1945 ad oggi. Città del Sole Edizioni. 2019.

[8] Tommaso Campanella est injustement méconnu du public français alors qu’il mourut à Paris en 1639 après avoir prédit le jour de naissance de Louis XIV qui eut bien lieu un 5 septembre, comme son propre jour de naissance.

[9] Dans la Città del Sole, rédigée en 1602 en prison, Campanelle décrit une cité aux murs concentriques dans le sillage d’Utopia de Thomas Moore (1516), où s’entremêlent plusieurs traditions dans la veine de la République, mais aussi du Timée et du Critias de Platon.

[10] Le contexte et les 4 journées que dura la République de Caulonia du 4 au 8 mars 1945 constituent une sorte de référent méridional tragique du Petit monde de Peppone et Don Camillo, le film que tourna Julien Duvivier en 1951, sur la base du feuilleton anti-communiste publié à partir de 1948 par Giovannino Guareschi. On trouve une chronique très détaillée des événements dans le livre d’Armando Scuteri, journaliste natif de Caulonia : La Repubblica di Caulonia tra omissioni, menzogne e contraddizioni. Rubettino Editore. 2016. Scuteri examine, en particulier, comment s’entremêlèrent dans cette insurrection toutes sortes de motifs privés et politiques.

 

 


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