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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Parisien - François-Xavier Rigaud - 8/07/2020

Depuis 2018, il est impossible pour eux d’obtenir un rendez-vous en préfecture — qui se fait désormais sur Internet — pour régulariser leur situation. Une situation ubuesque dénoncée par de nombreuses associations qui demandent « un plan d’urgence » afin de régler leur situation.

C'est à se taper la tête contre le mur. Un mur invisible, impalpable, certes, mais qui le rend encore plus impénétrable.

En Seine-Saint-Denis, une centaine d'élèves sans-papiers, tout juste majeurs, sont dans l'impasse, dans l'attente d'une obtention d'un titre de séjour délivré par la préfecture, sésame indispensable pour continuer leurs études ou trouver un premier travail.

Mais le temps passe et rien ne vient. Pour une raison toute bête : ces jeunes n'arrivent même pas à obtenir de rendez-vous en préfecture ! « Depuis 2018, la prise de rendez-vous se fait sur Internet. Ça partait d'une bonne intention — en finir avec les queues interminables en préfecture — mais ça ne marche pas, assure Dominique Margot, de la Cimade Ile-de-France, qui avait organisé dans ses locaux, à Paris, une conférence de presse afin de réclamer un plan d'urgence pour ces élèves. Quand ils envoient leur requête, ils obtiennent toujours la même réponse : service indisponible. »

Le silence de l'administration

Sans rendez-vous, impossible donc que la préfecture enclenche la procédure d'obtention d'un titre de séjour. « C'est absurde, s'emporte Dominique Margot. Car, en plus, leur demande est tout à fait réalisable. Ce sont des bons élèves, motivés, qui veulent travailler pour beaucoup dans la restauration ou le bâtiment, des secteurs qui ont besoin de main-d'œuvre. En plus, le gouvernement lui-même a déclaré vouloir aider ces élèves sans-papiers. Dans un communiqué publié en mai, sur la stratégie de déconfinement et la protection de l'enfance, le secrétaire d'Etat des solidarités et de la santé, Aurélien Taquet, a écrit qu'aucun élève ne doit être chassé de l'école parce que sans papiers. »

Un avis partagé par la ribambelle des associations de défense des droits de l'homme et d'organisations syndicales de l'éducation (FSU, Snes, LDH, MRAP…), également mobilisées. Mais elles demandent des actes. Pour cela, elles ont signé une tribune publiée le 17 juin dans « Libération », signée par 800 personnels de l'éducation de Seine-Saint-Denis, dans laquelle elles condamnent le « silence de l'administration ». Contactée, la préfecture de Seine-Saint-Denis n'a d'ailleurs pas davantage donné suite à nos demandes.

Les associations espèrent le soutien des élus

Désormais, les associations demandent un plan d'urgence pour que la question soit réglée à la rentrée de septembre. « Nous allons contacter ces prochains jours les élus du 93 pour qu'ils fassent pression sur le préfet. Et puis nous comptons sur un mouvement national car partout en France le problème se pose », signale Emmanuel Zemmour, enseignement en sciences économiques et sociales aux Pavillons-sous-Bois, l'un des premiers à s'être mobilisé sur la question.

Cela suffira-t-il à faire sortir le préfet de son silence ? En tout cas, Bakary* l'espère, mais le jeune homme de 18 ans en a marre d'attendre. Cela fait neuf mois qu'il tente d'obtenir une demande de rendez-vous. « Je me lève parfois en plein milieu de la nuit pour faire une demande mais ça ne marche pas. Qu'est-ce que je vais devenir ? Je commence à désespérer. »

« Quand je suis arrivé à Paris, j'ai dormi dans la rue »

Pourtant, cet élève en CAP carrelage au lycée Claude Nicolas Ledoux, aux Pavillons-sous-Bois, a du cran et l'espoir tenace. En novembre 2016, il quittait sa famille en Côte d'Ivoire, destination l'Hexagone. Un an plus tard, il arrivait à Paris après avoir traversé le Niger, le Burkina Faso, la Libye, la Méditerranée puis l'Italie. « Ça a été beaucoup de souffrance. Avec 52 autres personnes, nous avons marché pendant une semaine dans le désert. J'ai cru ne jamais en sortir vivant. Et puis j'ai fait de la prison en Libye. Quand je suis arrivé à Paris, je me suis débrouillé comme j'ai pu, j'ai dormi dans la rue, j'ai finalement appelé mon père au pays et il m'a donné le contact d'un ami à lui qui vivait à Pantin. »

Le jeune homme, qui vit toujours dans la même ville, a donc le cuir épais mais, aujourd'hui, le mental est atteint. « La nuit, je fais des cauchemars. Parfois, je ne dors même pas du tout, j'angoisse, j'ai peur qu'on me renvoie en Côte d'Ivoire. » « A 18 ans, un sans-papiers peut désormais, en vertu de la loi, être expulsé à tout moment du territoire français s'il n'a pas engagé la régularisation de sa situation », confirme Emmanuel Zemmour. C'est ce qui est arrivé à Fadil, un lycéen camerounais sans-papiers de Montreuil, détenu en centre de rétention depuis le 28 mai et un contrôle d'identité à Paris et qui fait l'objet d'une obligation à quitter le territoire (OQTF).

Que fera Bakary si on le renvoie au pays ? « Je m'imagine de nouveau dans le désert du Niger. Ça me fait peur, mais je reviendrai. »

*Le prénom a été changé.

 

 


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