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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Julia Pascual - 22/09/2020

Un rapport parlementaire souligne les efforts entrepris depuis 2018 mais encourage à faire davantage, notamment en matière d’apprentissage du français et d’accès à l’emploi.

Depuis le remaniement gouvernemental, cet été, l’« intégration républicaine » a pris du galon, à tout le moins dans le protocole. Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, en a fait un des dossiers-clés de son portefeuille. Un rapport parlementaire, qui doit être présenté mercredi 23 septembre à l’Assemblée nationale et dont Le Monde a pris connaissance, fait justement le bilan des actions du gouvernement en matière d’accès à l’emploi des réfugiés et d’apprentissage du français.
Si « un véritable effort a été fait », d’après le député MoDem des Yvelines Jean-Noël Barrot, coauteur du rapport avec la députée de Maine-et-Loire La République en marche Stella Dupont, « beaucoup de progrès restent à faire ».

En juin 2018, dans le cadre d’un comité interministériel à l’intégration, le gouvernement d’Edouard Philippe avait pris des engagements, notamment à travers divers programmes de préparation opérationnelle à l’emploi des réfugiés, de mise en relation avec des employeurs ou d’apprentissage du français. Le contexte est alors celui d’une augmentation constante du nombre de demandeurs d’asile depuis 2015, une évolution jusque-là « difficilement accompagnée par les pouvoirs publics », souligne les rapporteurs.

Faiblesse de l’accompagnement

L’année 2018 marque le début d’un « véritable changement d’échelle », tient à souligner M. Barrot. Depuis, jauge le rapport parlementaire, environ 250 millions d’euros ont été engagés pour, « tous programmes confondus, plus de 75 000 entrées de réfugiés dans une action d’accompagnement ou de formation ». Près de la moitié a consisté en des cours de français dispensés par l’Etat à tous les réfugiés, dans le cadre du contrat d’intégration républicaine (CIR), pour acquérir un niveau élémentaire de maîtrise de la langue.

Les députés notent, outre l’engagement de l’Etat, celui des collectivités territoriales, des associations et des entreprises. Mais ils soulignent les limites de cet élan. Chaque année, quelque 46 000 personnes ont obtenu une protection internationale – en majorité de jeunes hommes célibataires – et « chacune doit être accompagnée », dit M. Barrot. Le rapport souligne en outre que les crédits consacrés à la coopération avec les collectivités territoriales ne sont pas entièrement
consommés.

Le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), Didier Leschi, reconnaît que « l’accompagnement vers l’emploi, même s’il n’est pas négligeable, n’est pas à la hauteur des besoins ». A l’issue du CIR, 60 % des réfugiés sont sans emploi, alors que 90 % d’entre eux souhaitent exercer une activité. Lorsqu’ils travaillent, c’est le plus souvent dans les secteurs de l’hôtellerie-restauration, du bâtiment ou du nettoyage, soit, pour les deux premiers, des marchés directement touchés par la crise.

Absence de suivi statistique

Ces chiffres, communiqués par l’OFII, sont à ce jour les seules données dont on dispose sur l’insertion des réfugiés. Le rapport parlementaire épingle une absence béante de suivi statistique spécifique. « En dépit des sollicitations des rapporteurs, écrivent ses auteurs, aucune donnée précise relative au nombre de bénéficiaires d’une protection internationale inscrits auprès de Pôle emploi, au taux d’emploi des réfugiés et au nombre de réfugiés bénéficiant d’actions de formation n’a pu leur être fournie. »

Outre qu’ils recommandent de remédier à cet état de cécité, les députés regrettent tout particulièrement les « réticences de Pôle emploi à sortir de son cadre habituel pour déployer une offre de services spécifiquement destinée [aux réfugiés] ». « Une intégration ratée peut avoir des conséquences majeures. C’est un enjeu de cohésion républicaine », insiste M. Barrot. Le rapport s’attarde à cet égard sur l’apprentissage du français, « principal obstacle à l’entrée sur le marché du travail », a fortiori dans un contexte où les réfugiés sont pour une majorité issus de pays non francophones (Afghanistan, Soudan, Syrie).

Depuis mars 2019, le gouvernement a augmenté le nombre d’heures de langue dispensées par l’OFII dans le cadre du CIR. Celles-ci ont doublé, voire triplé, selon le niveau du réfugié. Résultat : « Le nombre de ceux qui atteignent un niveau de maîtrise élémentaire a augmenté de 16 % entre 2018 et 2019, pour atteindre 76 % », mesure M. Barrot.

La progression a été plus importante pour les réfugiés qui avaient un niveau de départ faible et qui ont pu suivre de 400 à 600 heures de français. « En revanche, il n’y a pas d’effet probant pour les réfugiés bénéficiant de 100 heures de formation [au lieu de 50] et de 200 heures de formation [au lieu de 100]. »

Miser sur des forfaits de langue de 600 à 900 heures

Les députés préconisent de miser davantage sur des forfaits de langue de 600 à 900 heures. Et de démarrer au plus tôt cet apprentissage, voire de l’étendre à certains demandeurs d’asile. Aujourd’hui, un demandeur d’asile attend en moyenne un an avant que son dossier ne soit traité. C’est autant de temps perdu.
« En arrivant en France, les demandeurs d’asile sont dans une démarche d’inclusion hyperdynamique, observe Félix Guyon, directeur de l’association Ecole Thot, qui dispense des cours de français aux exilés non diplômés. Mais ils n’ont pas accès aux cours de l’OFII, alors que ce serait le moment idéal. On déplore que l’Etat ne prenne pas plus en main ce temps d’attente. Ça les casse dans leur élan et ça les met dans la situation d’oisiveté que l’extrême droite dénonce. » Ali (le prénom a été modifié) se souvient des vingt mois d’attente avant d’obtenir le statut de réfugié. Une période « très dure ». Lui et sa femme se sont démenés pour apprendre la langue. Auprès d’une université, d’associations telles que la Cimade, en participant aux activités d’un centre culturel ou encore en fréquentant une bibliothèque.
« Nous ne pouvions pas rester sans bouger, confie cet ingénieur aéronautique turc. Nous essayions de nous intégrer au plus vite. » Aujourd’hui réfugié, installé dans le sud de la France, Ali n’a pas encore trouvé de travail. Il touche le RSA. Quand il était demandeur d’asile, on ne lui a proposé « aucune formation, aucun accompagnement professionnel ». « C’est un très grand problème », considère-t-il aujourd’hui.
En 2018, le gouvernement avait pourtant souhaité autoriser les demandeurs d’asile à travailler six mois après le dépôt de leur demande, contre neuf mois auparavant. « Mais ce qui a été rendu possible en droit ne l’est pas en fait », constate M. Barrot. Coauteure du rapport, Stella Dupont préconise d’autoriser l’accès au marché du travail aux demandeurs d’asile (ceux qui ont le plus de probabilité d’obtenir une protection) dès l’introduction de leur demande. Les deux députés regrettent unanimement le modèle excessivement « restrictif et peu incitatif » retenu par la France.

Araksya Zohrabyan en sait quelque chose. Cette Arménienne, arrivée en France en 2017, où elle a demandé l’asile, a voulu solliciter plusieurs fois une autorisation de travail. « Mon assistante sociale m’a dit à chaque fois que c’était trop compliqué, que ce n’était pas la peine », se souvient- elle.

Pourtant, souligne cette ancienne professeur d’anglais, « même si c’est du nettoyage, de l’aide aux personnes âgées ou de l’agriculture, ça aiderait à connaître les gens, à pratiquer la langue. Ça serait une aide psychologique aussi. Et puis, quand les Français voient que les étrangers ne travaillent pas, ça alimente le racisme ».

 

 

 


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