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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Le monde - Laurie Moniez - 04/01/2021

Le tribunal administratif a rejeté, mardi, la demande des reporters indépendants d’enjoindre, en urgence, aux préfectures du Nord et du Pas-de-Calais de les autoriser à accéder aux différents sites où il est procédé à l’évacuation de campements.

« Jusqu’ici, il n’y avait que deux pays qui m’avaient empêché de travailler : la Hongrie de Viktor Orban et le Maroc de Mohammed VI. Maintenant, il y a la France. » Photojournaliste indépendant, Louis Witter, 25 ans, couvre les crises migratoires depuis six ans. Lundi 4 janvier, devant le tribunal administratif de Lille, le reporter dénonçait, avec son confrère Simon Hamy, l’« entrave » à la liberté d’informer que représente selon eux l’impossibilité d’accéder à des évacuations de camps de migrants sur le littoral du Nord et du Pas-de-Calais.

Dans une requête en référé-liberté, tous deux demandaient au tribunal d’enjoindre aux préfectures de les « autoriser à accéder aux différents sites » d’évacuation pour y effectuer leurs reportages. En cause, notamment : plusieurs épisodes durant lesquels les deux journalistes disent avoir été empêchés d’exercer leur métier.

Leur requête a été rejetée, mardi 5 janvier. Le juge des référés a relevé que « les requérants n’avaient fait état d’aucune nouvelle intervention d’évacuation en cours ou à venir, à laquelle ils envisageraient d’assister, et qu’il a été indiqué en défense par les représentants des préfectures du Nord et du Pas-de-Calais que les évacuations étaient terminées ». Ainsi, selon le juge, la situation ne revêt pas le caractère d’urgence propre à justifier l’injonction. Pour Me Vincent Brengarth, avocat au barreau de Paris et confrère d’Henry-François Cattoir, le conseil des deux reporters, la décision du tribunal est « une parade pour ne pas avoir à répondre au fond, à savoir l’entrave à la liberté d’informer ».

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Mardi 29 décembre 2020, au petit matin, le photojournaliste et son collègue rédacteur indépendant suivaient l’évacuation d’un camp de migrants à Grande-Synthe. Après un contrôle de leurs pièces d’identité et cartes de presse, « prises en photo par ce qui semblait être le téléphone personnel de policiers », ont-ils expliqué à la présidente du tribunal, les forces de l’ordre leur interdisent de passer au-delà d’un périmètre de sécurité. « Cette interdiction de filmer et de photographier a été faite verbalement et physiquement avec la main sur l’objectif de l’appareil, en plus du phare d’un fourgon de police braqué vers nous », a précisé Louis Witter.

A cinq reprises, les 29 et 30 décembre, ils se sont ainsi vu refuser l’accès aux sites démantelés à Grande-Synthe, Calais et Coquelles. Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, a « condamné ces pratiques d’obstruction et d’intimidation ». Me Henry-François Cattoir a dénoncé une atteinte grave à la liberté d’informer. « Il faudrait donc, comme l’a sous-entendu [le ministre de l’intérieur, Gérald] Darmanin, une accréditation pour suivre des opérations de police maintenant ? », a-t-il feint de s’interroger à l’audience.

« Qu’est-ce qui gêne ? »

Sur son compte Twitter, le photojournaliste Louis Witter avait diffusé mardi 29 décembre des images prises au téléobjectif des tentes des migrants lacérées à coups de couteau par un homme chargé selon lui du « nettoyage » du camp.

« Pourquoi interdire l’accès aux journalistes ?, s’est interrogé Me Cattoir. Pour les empêcher de documenter sur la manière dont se passent les opérations ? Qu’est-ce qui gêne ? » « Un périmètre de sécurité, c’est quelque chose de tout à fait classique, cela ne choque absolument personne et pas même la presse », lui a répondu au nom de la préfecture du Nord Hervé Tourmente, rappelant que l’opération d’évacuation du camp de Grande-Synthe le 29 décembre s’était déroulée sur ordonnance judiciaire avec octroi de la force publique. « Il n’y a pas un incendie, une expulsion, une interpellation sans un périmètre de sécurité. L’enjeu est d’éviter tout suraccident », assurait-il au tribunal.

Lire le reportage : A Calais, en plein hiver, les évacuations se multiplient sans solution pérenne

Le sous-préfet de Calais, Michel Tournaire, a précisé de son côté qu’« un compte rendu complet des opérations avait été fourni à travers un communiqué de presse détaillant de manière assez précise le déroulé, ce qui permet après à la presse locale d’informer les lecteurs si nécessaire ». Mais les journalistes souhaitaient pouvoir décrire ces évacuations à partir de ce qu’ils ont vu. « On voulait vérifier sur place ce que les ONG et consortiums d’associations nous avaient décrit, a expliqué le journaliste Simon Hamy, 30 ans. Ils nous avaient souhaité bonne chance. On s’est sentis impuissants à témoigner. »

Les deux reporters ont prévu de retourner sur les camps de migrants du Calaisis dès cette semaine. « On a déposé cette requête en référé-liberté, car c’est important de marquer le coup, pas forcément pour nous mais pour tous les journalistes qui souhaitent travailler sur les expulsions, confiait Louis Witter. Certains ont l’impression d’être dans la normalité en étant ainsi tenus à l’écart, mais ce n’est pas normal. »

Depuis le démantèlement de la « jungle » de Calais en 2016 – où ont vécu jusqu’à 10 000 migrants –, les autorités veulent éviter par tous les moyens les « points de fixation ». Lors de l’opération du 30 décembre à Calais, seuls 85 migrants sur près de 300 ont été mis à l’abri par les services de la préfecture.

Lire le décryptage : Utopia 56, ou la stratégie de « visibilisation » des migrants

 

 

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