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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Le monde - Philippe Gagnebet - 20/01/2021

FactuelDepuis quelques jours, une quinzaine de passages ont été fermés pour lutter contre « la menace terroriste », les trafics, mais surtout contre l’immigration clandestine, en augmentation.

Des blocs de béton barrent la route entre la France et l’Espagne, sur des axes départementaux ou des chemins de montagne. Depuis le 11 janvier en Occitanie, et le 14 janvier en Nouvelle-Aquitaine, au Pays basque, une quinzaine de passages dans les deux sens sont ainsi fermés à la circulation, hormis pour les poids lourds, les travailleurs transfrontaliers et quelques habitants.

La mesure, officiellement prise pour « lutter contre la menace terroriste, la lutte contre les trafics et la contrebande (drogue, cigarettes, alcools…) mais aussi contre l’immigration clandestine », avait été annoncée le 5 novembre 2020 par le président de la République, Emmanuel Macron, en visite surprise au Perthus, poste-frontière des Pyrénées-Orientales. Dans ce département, cinq des douze points de passage sont ainsi obstrués. Dans les Pyrénées-Atlantiques, les mêmes restrictions concernent neuf points, notamment autour d’Hendaye, et ce pour « une durée illimitée ».

C’est la première fois depuis la création de l’espace Schengen, en 1985, et les accords de libre circulation, que les frontières françaises se referment à aussi grande échelle. Il s’agit de réduire le nombre de points de passage pour mieux canaliser et contrôler les flux passants. Une décision élaborée en concertation avec la direction générale des étrangers en France, du ministère de l’intérieur, et les communautés autonomes d’Aragon, de Catalogne, de Navarre et d’Euskadi.

« Nous avons reçu rapidement de nombreux renforts pour surveiller, et surtout pour renforcer les contrôles aux endroits où va se concentrer la circulation : principalement à la barrière de péage du Boulou et à Cerbère sur la côte », précise Etienne Stoskopf, préfet des Pyrénées-Orientales. Ainsi, en Occitanie, les renforts supplémentaires, dont une compagnie de CRS, un escadron de gendarmes mobiles, des éléments de la police aux frontières (PAF) et des effectifs de l’armée de l’opération « Sentinelle », sont postés ou patrouillent. Période de Covid-19 oblige, la Catalogne a par ailleurs interdit l’entrée sur son territoire aux touristes venant de France.

Recherche des passeurs

Au péage, sur l’autoroute A9, côté français du Boulou, situé à une quinzaine de kilomètres à peine de la frontière du Perthus, la PAF voit passer, l’été, près de 30 000 véhicules par jour. « En ce moment, c’est plutôt 2 000 à 3 000 », constate un commandant, qui souhaite garder l’anonymat. « Nous avons doublé notre potentiel de contrôles et nous sommes toujours présents vingt-quatre heures sur vingt-quatre, depuis les attentats de 2015 », précise-t-il. La PAF, dont la mission est de contrôler les flux de passagers, contrairement aux douaniers, qui se concentrent sur les marchandises, compte désormais 400 fonctionnaires dans les Pyrénées-Orientales et l’Aude.

« Chaque jour, nous reconduisons entre 40 et 50 personnes à la frontière », précise Etienne Stoskopf, préfet des Pyrénées-Orientales

Avec ces renforts, l’accent est mis sur l’immigration clandestine. « Chaque jour, nous reconduisons entre 40 et 50 personnes à la frontière, précise le préfet. Des chiffres en forte augmentation pour ce que l’on appelle des “non-admissions”, des personnes en situation irrégulière ou des clandestins que nous reconduisons directement en Espagne. » La recherche des passeurs et des filières de clandestins, qui tentent de franchir la frontière sur les chemins de montagne, s’est intensifiée.

Des Pyrénées-Orientales jusqu’au Pays basque, ce sont 650 kilomètres qu’il faut surveiller. Un avion de la police aux frontières survole l’immense zone trois à quatre fois par semaine. A Cerbère, en haut du col des Balistres, qui marque la frontière, l’ancien poste de douane est entièrement recouvert de tags et ressemble à une vieille friche. Une patrouille de la PAF – des éléments venus de Paris et de Roissy – contrôle les quelques voitures du jour. C’est en contrebas, au nœud ferroviaire de Cerbère, que l’activité policière est la plus prégnante. Dans les trains en provenance principalement de Barcelone, policiers, gendarmes et militaires scrutent les passagers et leurs bagages. Mêmes opérations systématiques à la gare de Perpignan. En 2020, rien que dans ce département, 12 tonnes de cannabis et 30 kg de cocaïne ont été saisis.

Aucune menace terroriste « précise »

Ces nouvelles mesures satisfont les syndicats policiers, mais irritent également quelques habitants ou élus. « Nous demandions ces renforts depuis longtemps et nous espérons surtout qu’ils seront pérennisés, remarque Marc Defresne, secrétaire départemental adjoint du syndicat majoritaire Alliance. Cela coûte un fric fou et ce serait bien plus efficace d’embaucher vraiment des éléments. » Cet ancien « pafiste » constate « d’année en année une forte immigration issue d’Afrique de l’Ouest et des filières de passeurs de plus en plus organisées ».

Le parti de gauche Abertzale dénonce « un abus des gouvernements français et espagnol, qui paralyse le Pays basque ».

Quant à la lutte contre la menace terroriste, du côté de la préfecture, on ne fait que peu de commentaires sur d’éventuels résultats. « Nous interceptons parfois des individus “fichés S” [pour « sûreté de l’Etat »] et nous transmettons les dossiers aux services de sécurité intérieure. Mais, à ma connaissance, aucune menace précise n’a été signalée par les autorités espagnoles », commente le préfet.

Les critiques les plus fortes émanent d’habitants de villages concernés au Pays basque français, qui doivent faire des détours pour aller en Espagne. Le parti de gauche Abertzale dénonce « un abus des gouvernements français et espagnol, qui paralyse le Pays basque ».

Une opération anti-migrants de Génération identitaire

Mardi 19 janvier, l’organisation d’extrême droite Génération identitaire a mené une opération antimigrants, baptisée « Mission Pyrénées », sur deux passages de frontière avec l’Espagne, au col du Portillon et à Melles en Haute-Garonne. Pour « traquer les profils suspects » et « afro-maghrébins » selon Marianne Thaïs d’Escufon, porte-parole de l’organisation, et présente sur place. En début d’après-midi, une trentaine de militants, vêtus de doudounes et de casquettes bleues floquées du logo « Defend Europe » (« Défendre l’Europe ») et circulant à bord de trois pick-up pareillement décorés ont stationné au col faisant partie des points obstrués avec la frontière. Il ont été délogés en fin d’après-midi par la gendarmerie dans le calme. La présidente de région Carole Delga et celui du département Georges Méric, tous deux socialistes, ont condamné fermement cette action, semblable à celle menée en avril 2018, à la frontière avec l’Italie dans les Alpes.


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