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Source : INfoMigrants - Charlotte Boitiaux - 09/02/2021

L’association française Refuge solidaire, qui vient en aide aux migrants qui traversent les Alpes depuis l’Italie voisine, s’inquiète aujourd'hui de voir arriver des personnes de plus de 60 ans, majoritairement des Afghans. Une Iranienne de 80 ans et un couple de grands-parents afghan a ainsi franchi la frontière enneigée en plein hiver, il y a quelques semaines. Le phénomène est inédit.

L’hiver 2021 s’annonce difficile au Refuge solidaire de Briançon, au pied des Alpes françaises. Actuellement, près de 70 personnes sont logées dans ce petit lieu emblématique de l’accueil d’urgence de la ville frontalière. Dans son dédale de couloirs et de pièces, on y croise des Afghans, majoritairement, mais aussi des Iraniens, des Maliens, des Ivoiriens, des Camerounais, des Maghrébins… Dans la salle à manger, où des jeunes hommes pianotent sur leurs téléphones, on croise aussi des enfants, des bébés, des femmes enceintes.

Mais depuis quelques semaines, un nouveau profil d'exilés est également visible entre les murs du refuge : les personnes âgées. "C’est assez nouveau", explique Philippe Wyon, membre de l'association. "Il n'y a pas longtemps, nous avons hébergé une famille afghane. Il y avait les parents, les enfants et les grands-parents ! Le grand-père avait 77 ans, la grand-mère 72 ans. Ils avaient traversé la montagne !"

Catherine Clémenceau, militante du Refuge, acquiesce. "Avant, nous n'avions que deux profils de publics fragiles à surveiller : les mineurs isolés et les femmes surtout quand elles sont enceintes. Depuis le début de cet hiver, nous voyons arriver des vieilles personnes. Nous devons maintenant faire attention à ce nouveau public. Il va falloir être vigilant."

Une Iranienne de 80 ans a franchi les Alpes avec sa canne

Pour les militants de l'association, croiser des migrants de plus de 60 ans a été un choc la première fois. Alfred Spira, un médecin à la retraite de l'ONG Médecins du Monde, qui effectue des maraudes dans la zone de Montgenèvre à moins de 5 km de l'Italie, se souvient d'avoir croisé une Iranienne de 80 ans.

"C’était il y a un mois environ. Fin décembre. La police avait intercepté un groupe de 10 migrants. Ils ont été emmenés dans les locaux de la PAF [Police aux frontières]. Parmi eux, se trouvait cette vieille dame, très âgée", se souvient-il. "Elle avait l’air hébétée, choquée. J’ai dit aux policiers qu’elle n’avait pas l’air bien. Mais ils ne m'ont pas autorisé à l’approcher pour l’examiner. J’ai su plus tard qu’elle avait été renvoyée quelques heures après en Italie avec tout son groupe, mais ils avaient immédiatement retenté le passage."

La PAF de Montgenèvre, février 2021. Crédit : Mehdi Chebil
La PAF de Montgenèvre, février 2021. Crédit : Mehdi Chebil

 

À relire : Dans les Alpes, les associations d'aide aux migrants se disent "harcelées" par la Police aux frontières

Alfred Spira a recroisé cette Iranienne à Briançon, le jour suivant. "Elle avait l’air d’aller mieux. Elle nous a dit qu'elle avait traversé les Alpes avec une canne. Son mari, aussi âgé qu’elle, se tenait à ses côtés. J’étais très impressionné. Je n’avais encore jamais vu quelqu’un d’aussi âgé traverser des montagnes."

Souvent, la route de l’exil a marqué leurs corps. "La première fois que j'ai vu des migrants plus âgés, j'ai cru qu'ils avaient au moins 75 ans tellement ils étaient affaiblis. En fait, ils en avaient 60", se souvient Pauline, une des jeunes salariés du Refuge solidaire. "J’étais tellement étonnée."

"Il avait 50 ans et il est reparti en arrière. C'était trop dur pour lui"

Paul, un jeune Camerounais de 24 ans, arrivé le 4 février au Refuge, se rappelle aussi d’un homme plus âgé qui avait demandé à traverser les Alpes avec son groupe au début du mois de février. "Il y avait un vieillard de plus de 50 ans (sic) avec nous. Mais au bout de 30 minutes de marche dans la montagne, il est reparti en arrière. Il a dit qu’il n’y arriverait pas, que c’était trop dur de marcher dans la neige parce qu’il s’enfonçait dedans jusqu’aux genoux."

Selon le décompte établi par l’association briançonnaise, près de 1000 Afghans sont passés par le Refuge solidaire en 2020. Les militants ont également dénombré environ 500 Iraniens, 270 Maghrébins, 60 Guinéens et 60 Gambiens. Aucun décompte n'a pour l'heure été établi avec les personnes de plus de 60 ans.

Ouvert depuis 2017, le Refuge solidaire propose un accueil d’urgence aux migrants qui ont traversé les Alpes depuis l’Italie voisine. En ce mois de février, les maraudeurs redoublent de vigilance. Le froid frappe la région. Aux conditions météorologiques "chaotiques" s’ajoute un contrôle des forces de l'ordre accru, dénoncent les maraudeurs de l’association. 

Charlotte Boitiaux, envoyée spéciale dans les Alpes françaises.

 

 


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