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Source : Le monde - Adrien Sénécat et Assma Maad - 12/02/2021

Gérald Darmanin et Marine Le Pen se sont partagé le plateau de France 2, jeudi 11 février, dans un débat quasi exclusivement centré sur les questions de l’islamisme et de l’immigration. L’occasion pour le ministre de l’intérieur et la présidente du Rassemblement national (RN) de se découvrir des points communs, mais aussi parfois de s’opposer sur les faits. Retour sur trois séquences qui pouvaient prêter à confusion.

Compte-rendu : L’islamisme au cœur du débat télévisé entre Gérald Darmanin et Marine Le Pen
1. Marine Le Pen « corrige » son intox par une autre

Ce qu’elle a dit

Au cours du débat, Gérald Darmanin a accusé Marine Le Pen d’avoir « dit une bêtise importante » au sujet du terroriste Amedy Coulibaly. Invitée de BFM-TV vendredi 5 février, la députée RN avait affirmé vouloir changer « le code de la nationalité pour que la nationalité française s’hérite ou se mérite. Qu’on ne se retrouve pas à donner de manière quasi automatique à M. Coulibaly la nationalité française alors qu’à 18 ans il avait déjà un casier judiciaire long comme le bras ».

Or, Amedy Coulibaly est né en France de parents français. Il avait donc la nationalité française dès sa naissance, comme la majorité de ses concitoyens. Mais Marine Le Pen a balayé cette erreur d’un revers de main : « Vous avez raison, c’était Kouachi (…). Oui, oui, c’était Kouachi… », a-t-elle éludé, pour tenter de mettre fin à cet échange.

Lire aussi L’intox sans fin de Marine Le Pen sur la nationalité d’Amedy Coulibaly

POURQUOI C’EST (ENCORE) FAUX

L’exemple de Saïd et Chérif Kouachi ne sert pas plus l’argumentaire de Marine Le Pen que celui d’Amedy Coulibaly. En effet, les deux frères, auteurs de la tuerie dans les locaux de Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, sont, eux aussi, nés en France de parents français. Même si leur famille est d’origine algérienne, ils n’ont jamais disposé de la double nationalité.

Par ailleurs, aucun des deux frères n’avait de casier judiciaire à 18 ans. Le cadet de la fratrie, Chérif, avait un casier judiciaire garni de plusieurs faits de délinquance, mais ceux-ci dataient de sa vie d’adulte. Quant à Saïd Kouachi, il était connu pour ses liens avec la filière des Buttes-Chaumont à Paris, mais avait un casier judiciaire vierge avant de passer à l’acte. Contacté par Le Monde, l’entourage de Marine Le Pen n’a pas répondu à nos sollicitations.

2. Une erreur sur les chiffres de l’immigration

Ce qu’elle a dit

Marine Le Pen a accusé son interlocuteur d’avoir « perdu le contrôle de l’immigration, de la sécurité dans notre pays ». Pour appuyer son argument, la présidente du RN a interrogé le ministre de l’intérieur sur le nombre de titres de séjours accordés en 2019 : « Pourquoi continuez-vous à accorder, comme en 2019, 471 000 titres de séjour ? »

« C’est faux, lui a alors répondu Gérald Darmanin. C’est 277 000 titres de séjour, pas 450 000. » Mais Marine le Pen a défendu son chiffre en affirmant que les mineurs isolés « ne sont pas calculés » dans la statistique avancée par le ministre de l’intérieur.

POURQUOI C’EST FAUX

Les statistiques sur les titres séjour permettent de savoir combien de ressortissants étrangers majeurs ont été admis en France. Ainsi, 277 406 premiers titres de séjour ont été délivrés pour l’année 2019, selon le ministère de l’intérieur. Il s’agit majoritairement de demandes accordées pour des motifs familiaux et des étudiants.

Marine Le Pen a raison : ces chiffres ne comptabilisent pas les mineurs. Selon le rapport 2019 de la Mission nationale mineurs non accompagnés, 16 760 personnes ont été déclarées mineurs non accompagnés. Mais, même en ajoutant ce chiffre aux titres de séjour, on serait loin des 471 000 titres de séjour mentionnés par Marine Le Pen.

Philippe Vardon, membre du bureau national du RN et conseiller régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), a publié sur Twitter ce qui semble être le détail du calcul à l’origine du chiffre avancé par Marine Le Pen. Selon lui, « 471 988 immigrés [légaux] sont entrés en France [en 2019] : 277 406 titres de séjour, 177 822 demandes d’asile [et] 16 760 mineurs non accompagnés ».

Mais cette addition ne permet pas d’estimer le nombre de personnes qui immigrent légalement en France, notamment parce qu’elle comptabilise plusieurs fois certaines d’entre elles. En effet, les demandes d’asile acceptées donnent droit à un titre de séjour pour motif humanitaire. Le calcul de Philippe Vardon revient donc à compter des réfugiés deux fois.

Au-delà des chiffres sur les titres de séjour et le nombre de demandes d’asile, l’Insee calcule, chaque année, les flux migratoires des immigrés. L’objectif étant d’estimer dans quelle proportion la population du pays évolue, sur la base des données issues du recensement. Les derniers chiffres disponibles sont ceux (encore provisoires) pour l’année 2018, où 273 000 immigrés étaient arrivés en France pour 70 000 départs. Cela veut dire que la France a gagné environ 200 000 immigrés cette année-là.

3. Le mauvais exemple de Gérald Darmanin sur le port du voile

Ce qu’il s’est dit

Marine Le Pen s’est prononcée en faveur d’une interdiction des signes religieux ostentatoires dans l’espace public, visant notamment le port du voile islamique. Gérald Darmanin lui a rétorqué qu’il « y a des femmes qui portent le foulard totalement librement et qui sont parfaitement républicaines ». Il a ensuite cité le cas de Latifa Ibn Ziaten, la mère d’un parachutiste français tué par le djihadiste Mohammed Merah en 2012 :

« Elle porte le foulard et je ne vais pas lui demander de retirer son foulard dans l’espace public, quand elle vient à la mairie de Tourcoing ou quand elle va à la boulangerie acheter son pain. »

« Ce que vous ne savez peut-être pas, lui rétorque alors Marine Le Pen, c’est qu’elle a donné une interview au Monde en octobre 2019 dans laquelle elle dit [porter] le voile pour respecter le deuil de [son] fils. Ce n’est pas un voile islamique. »

POURQUOI C’EST VRAI

Latifa Ibn Ziaten a réagi dans Le Monde en octobre 2019 à un incident survenu quelques jours plus tôt au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. Julien Odoul, élu du RN, y avait pris à partie une mère accompagnatrice scolaire voilée. Elle y expliquait, entre autres, pourquoi elle porte un foulard : « Je porte ce foulard depuis le décès de mon fils, en signe de deuil, qu’il n’a rien à voir avec un voile islamique. Je suis française, née au Maroc, de religion musulmane, mais je n’ai jamais porté le voile. »

Marine Le Pen n’a donc pas dénaturé le propos de Latifa Ibn Ziaten sur ce point. Son argumentaire élude cependant une autre contradiction pointée par Gérald Darmanin : est-il seulement possible de distinguer le port d’un foulard pour des raisons religieuses du port du même vêtement pour d’autres raisons ? Comment les forces de l’ordre en jugeraient-elles si une loi interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans tout l’espace public était adoptée ?



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