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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano



 

Voilà plusieurs jours que nous nous activons autour d'un patient qui a été admis aux urgences pour "troubles du comportement et aggressivité".
Le patient est de Sainte Lucie (Ile voisine de la Martinique) et ne parle pas français. Il n'a aucune famille en Martinique et n'est pas capable de donner les coordonnées de ses proches. Il n'aurait aucun antécédents de santé, notamment psychiatrique.
Je trouve au début de ma garde un patient contentionné (c'est-à-dire attaché à un lit avec des bracelets au niveau de ses quatres membres), le regard vide, ne parlant pas. Le bilan biologique est strictement normal. On lui fait passé un scanner cérébral qui est également normal. Un avis est pris auprès de l'équipe de psychiatrie qui conclue à une origine somatique probable.
A 12h00, je retrouve le patient dans son lit dans un état comateux avec une raideur diffuse. Je crains une crise d'épilepsie et administre une ampoule de Rivotril (traitement antiépileptique) au patient qui se détend un peu mais reste dans son état comateux.
Je m'inquiète d'une pathologie neurologique passée inaperçue et demande un IRM cérébrale qui est refusé par les radiologues (jour férié, pas envie de travailler). Je décide alors de réaliser une ponction lombaire pour éliminer une méningite. Ce geste douloureux qui consiste à introduire une aiguille entre deux vertèbres dans le bas du dos du patient pour recueillir le liquide céphalorachidien permettra de confirmer l'absence de méningite. Finalement après avoir sollicité le chef de service des urgences, ce dernier arrive à négocier un nouvel examen d'imagerie cérébrale (scanner plus précis, mais pas l'IRM qui aurait permi d'éliminer le diagnostic d'encéphalite). Ce nouveau scanner est également normal. Ma garde se termine, 12 heures se sont écoulées.
On est obligé d'attendre le lendemain (jour ouvrable) pour réaliser un éléctroencéphalogramme qui permettra de confirmer que le patient ne fait pas de crise d'épilepsie. Le patient bénéficiera finalement de son IRM cérébral qui se révelera également normal.
Le patient entame alors son troisième jour contentionné dans une chambre des urgences qui pu la pisse et qui est très loin de son île natale.
Entre deux il s'est réveillé, a le regard vague et ne dit rien.
Il reçoit à plusieurs reprise des traitements sédatifs par injection pour la route.
L'équipe de psy est sollicitée à nouveau mais le patient n'est pas évaluable car les traitements qu'il a reçus l'ont endormi, à revoir le lendemain.
Le lendemain, resollicitation des psychiatres qui rencontrent le voisin du Mr venu aux nouvelles.
Ce dernier leur explique que cet homme initialement en pleine santé a travaillé toute sa vie en Martinique dans les champs de canne à sucre et de banane de manière saisonnière (immigration choisie et légale de travail), il passait le reste de son temps auprès de sa famille à Sainte Lucie.
Son travail légal lui ouvrait les droits à une retraite en France.
Etant arrivé à l'âge légal il était donc revenu en Martinique pour faire les démarches administratives afin d'en bénéficier.
Il s'est retrouvé dans les méandres de l'administration française qui n'a fait aucun effort pour aider cet homme anglophone.
Il a finalement réussi à trouver les interlocuteurs pour sa retraite qui lui ont expliqué que pour avoir droit à sa retraite il fallait qu'il sache parler français !
Il a alors demandé comment faire, on lui a dit d'aller prendre des cours organisés par les services de l'immigration. Il s'est donc présenté à un cours pour apprendre le français et à la fin du cours (durant lequel il n'avait rien compris) il a littéralement craqué, pété les plombs, a commencé à avoir un comportement bizarre. Une fois rentrer chez lui, il a tout cassé. Il a été maitrisé par un médecin qui avait été appelé sur place et les pompiers qui l'ont ramené aux urgences sans préciser toute cette histoire, sans laisser de numéro de téléphone.
Le patient entame aujourd'hui son 5e jour contentionné dans un box des urgences qui pue toujours la pisse, les psychiatres ayant posé l'indication d'une hospitalisation en psychiatrie mais n'ayant pas de place disponible...
 
Vive la France, Vive la république 


















Nicolas Vignier, médecin au CHU de Fort de France

PS: le patient sera finalement hospitalisé en psychiatrie le 6e jour où on lui retirera ses liens, il est toujours dans un état second sans communication verbale.

 

 


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