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Source : france culture - Maxime Tellier - 28/02/2021

Le Musée de l'histoire de l'immigration accueille son nouveau directeur-général ce lundi. L'historien Pap Ndiaye entame un mandat de 3 ans à la tête du Palais de la Porte Dorée : un lieu symbolique au cœur de très vifs débats de société depuis son ouverture fin 2007.

Pap Ndiaye prend ses fonctions de directeur général du Palais de la Porte Dorée ce lundi, instance qui comprend le Musée de l'histoire de l'immigration et l'aquarium tropical. L'historien spécialiste de l'histoire sociale des États-Unis et des minorités, âgé de 55 ans, succède à Hélène Orain, qui avait été nommée en 2015. L'institution, fermée en raison de la pandémie de Covid-19, doit bientôt rouvrir après des travaux dans l'aquarium et une refonte de l'exposition permanente du musée. Créé en 2007, l'établissement semblait enfin avoir trouvé son public avant les confinements et malgré des débuts difficiles. Pap Ndiaye souhaite faire de ce musée une référence : un lieu où la recherche scientifique sur l'immigration et les identités peut s'exprimer, un lieu de débat apaisé sur des questions qui ont toujours agité la société.

Un projet né peu après le choc du 21 avril 2002

Principale terre d’immigration en Europe, la France n’avait pas jusqu’en 2007 de musée consacré à cette histoire. L’idée était pourtant déjà dans les cartons : en 1992, des historiens et responsables associatifs (Mémoire active ou Génériques) créent une association pour un musée de l’immigration. En 2001, le projet est même acté par le Premier ministre Lionel Jospin à l’issue d’un rapport sur ce thème et des propositions d’ouverture existaient à Marseille, Saint-Denis ou Boulogne-Billancourt sur l’île Seguin. Élus, associations et universitaires constatent alors un "besoin de reconnaissance et de mémoire" de la part des immigrés et de leurs descendants pour leur apport à la société française.

Lionel Jospin n’ira pas au bout du projet : il échoue à l’élection présidentielle de 2002, marquée par la présence du candidat de l’extrême droite Jean-Marie Le Pen au second tour. Mais entre-temps, Jacques Chirac avait aussi inscrit le projet d’une Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI) dans son programme de réélection. En 2003, à l’issue d’un comité interministériel sur l’intégration, une mission est confiée à Jacques Toubon : elle débouchera sur la création officielle de la CNHI en janvier 2007 et à son ouverture au public en octobre. Cité par Marianne dans un article de 2011, le directeur du musée Luc Gruson expliquait que le choc du 21 avril 2002 avait changé la donne, car jusqu’alors : "Les gouvernements de droite comme de gauche ont pensé que moins on parlait d’immigration, mieux on se portait électoralement".

Le projet n’est pas pour autant consensuel : le 18 mai 2007, quelques jours après l’élection de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, plusieurs chercheurs démissionnent du comité scientifique de la CNHI. Les historiens Gérard Noiriel, Marie-Claude Blanc-Chaléard, Patrick Weil ou encore le démographe Patrick Simon dénoncent la création d’un ministère qui associe les termes "immigration" et "identité nationale" dans son intitulé. Repoussée plusieurs fois, l’ouverture du musée à la porte Dorée a lieu en octobre 2007 avec Jacques Toubon à sa tête. Mais Nicolas Sarkozy n’y mettra jamais les pieds. Le ministre de l'Éducation Xavier Darcos et son collègue à l'Immigration et à l'Identité nationale Éric Besson font le déplacement mais la cérémonie tourne court, interrompue par des manifestants. L’institution est finalement inaugurée par un Président sept ans après sa création, par François Hollande en 2014.

Un lieu pour "faire évoluer les regards et les mentalités sur l’immigration"

Dès le début, l’ambition de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration est de faire comprendre que l’immigration est constitutive de l’identité de la nation : "Les immigrés et leurs enfants représentent un quart de la population française", énonce le Palais de la Porte Dorée dans son projet scientifique et culturel

En 2007, Jacques Toubon signait une tribune dans La Croix en tant que président du conseil d’orientation de la CNHI : 

La France est en Europe le seul pays qui a connu sur la longue durée le même destin que celui des États-Unis d’Amérique pendant que tous les autres pays européens ont jusqu’au milieu du XXe siècle envoyé dans le monde entier une proportion importante de leur population. Or cette histoire est quasiment méconnue et elle n’est pas reconnue. (...) Faute de perspective historique, la plupart de nos concitoyens vivent l’immigration comme un phénomène récent, passager, accidentel, qui confronte la communauté nationale alors que toute l’histoire, ancienne ou récente, raconte le récit d’une immigration constitutive, au fil des réussites et des échecs, d’une part importante de la réalité nationale. Simplement montrer l’essentiel de cette construction collective, c’est vouloir contribuer à changer le regard contemporain sur l’immigration et favoriser l’entreprise, en perpétuel chantier, de l’intégration et de la cohésion nationale. 
Au total, la Cité ambitionne de rendre un service limité mais unique : être un catalyseur, un instigateur, au sein d’un vaste réseau national et international et, par ce qu’elle donnera à voir et à entendre, constituer une référence dans le débat public à la disposition de tous ceux qui ont conscience que la France se renforcera demain comme hier d’une histoire et d’une culture communes faites de diversité, de différences assumées et de valeurs qui rassemblent pour vivre heureux ensemble.        
Jacques Toubon en 2007, alors président du conseil d’orientation de la CNHI
Débuts difficiles dans un lieu hanté par le colonialisme

Mais des vœux pieux ne suffisent pas à faire un succès et la Cité nationale de l’histoire de l’immigration peine à trouver son public. En 2009, elle n’attire que 104 000 visiteurs, soit 300 par jour, et l’institution est même obligée de fermer au tournant de l’année 2011 en raison d’une occupation de 4 mois par des sans-papiers qui réclament une régularisation. Pour les visiteurs, les lieux demeurent associés avant tout à l’aquarium tropical, qui a toujours accueilli des générations d’enfants (et de parents).

Le choix du site pour implanter le musée n’a pas fait non plus que des adeptes : la CNHI s’est en effet installée dans le palais de la Porte Dorée, un monument de propagande à la gloire du colonialisme français. Classé monument historique en 1987, le bâtiment art-déco a été inauguré en 1931 en tant que "musée des colonies", à l’occasion de l’exposition coloniale qui s’est tenue en même temps dans cette partie du bois de Vincennes. Le palais met en scène le "pacte colonial" entre la France et son empire : la façade expose les richesses que les colonies fournissent à l’hexagone, indispensables à sa puissance économique, tandis que les fresques intérieures évoquent les "apports moraux et politiques de la mère patrie à son empire" (extrait du projet scientifique et culturel du palais de la Porte Dorée).

En 1933, l’établissement devient le "musée des colonies et de la France extérieure", puis "musée de la France d’outre-mer" en 1934 avant d’être finalement transformé en musée national des arts d’Afrique et d’Océanie (MNAAO) en 1960, passant sous la tutelle du ministère de la Culture d’André Malraux. Ses collections ont été transportées au musée du Quai Branly en 2006.

Côté fréquentation, la dynamique finit par être trouvée. En 2014, l’historien Benjamin Stora succède à Jacques Toubon à la tête du palais et 400 000 personnes visitent le musée en 2017, "grâce notamment à plusieurs grandes expositions, sur l’immigration italienne, ou la mode avec des créateurs d’origine étrangère comme Azzedine Alaïa ou Paco Rabanne", explique Benjamin Stora dans Le Parisien. Ce spécialiste de l’histoire de l’Algérie et de la France contemporaines identifie alors des manques dans les collections et prévoit déjà d’enrichir l’exposition permanente en donnant plus de place aux immigrations issues de l’ancien empire colonial français ; le musée traitait alors principalement des immigrations européennes.

En 2021, Pap Ndiaye prend la tête du palais afin de mettre en œuvre cet enrichissement, qui sera également chronologique et intégrera l’esclavage. "La refonte du musée va globaliser cette histoire de l’immigration en présentant une vision un peu plus large", déclarait l’historien sur France Inter le 19 février, "le XVIIIe siècle est aussi un grand siècle de migrations, mais forcées, avec les traites, et notamment transatlantique". Pap Ndiaye souhaite faire du palais de la Porte Dorée un lieu où le débat est possible, apaisé et scientifique : "Il n’y a pas tant de lieux où l’on peut discuter et débattre des questions [liées à l’immigration] : les plateaux télé, ça n’est pas idéal, et Twitter ça n’est pas formidable non plus. Trouver un espace calme, où on puisse débattre et comprendre les désaccords, je pense que c’est tout à fait essentiel pour la société contemporaine".

 

 

 


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