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Source : 20 minutes - Vincent Vantighem - 10/03/2021

Procès Journaliste et militant antiraciste, Taha Bouhafs a comparu, ce mercredi à Créteil, pour avoir qualifié un policier de « racaille de flic » en marge d’une manifestation de personnes sans papiers.

  • Taha Bouhafs a été jugé à Créteil ce mercredi pour « outrage » et « rébellion » envers un policier. Les faits remontent à juin 2019 et se sont produits lors d’une manifestation qu’il couvrait à Alfortville.
  • Tutoiement, soupçons de racisme, port du matricule… Lors de l’audience, le journaliste s’est défendu en faisant le procès des méthodes policières et en donnant une tournure politique à l’affaire.
  • La procureure a finalement requis une peine d’amende de 700 euros à son encontre. La décision sera rendue le 11 mai.

Au tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne),

Tout vient à point à qui sait attendre. Il aura fallu finalement patienter quasiment deux ans après les faits. Un rapport de l’inspection générale de la police nationale. Le dépôt d’une question prioritaire de constitutionnalité. Deux renvois de la part du tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne). Mais Arié Alimi a fini par le reconnaître, mercredi 10 mars, peu après 13h. « On est tous conscients que cette audience n’a pas qu’une vocation juridique… Elle a aussi une vocation politique… », a ainsi lâché l’avocat de Taha Bouhafs, au moment de conclure sa plaidoirie et de demander la relaxe de son client.

Devenu célèbre pour avoir filmé Alexandre Benalla sur la place de la Contrescarpe un certain 1er mai mouvementé, Taha Bouhafs a comparu devant la 11e chambre du tribunal judiciaire pour « outrage » et « rébellion » envers une personne dépositaire de l’autorité publique. Les faits sont aussi simples que banals : le 11 juin 2019, le journaliste filme avec son téléphone une manifestation de sans papiers devant la société Chronopost à Alfortville quand un incident avec un policier en civil éclate. Le journaliste est plaqué au sol et interpellé. Une épaule déboîtée. Dix jours d’incapacité de travail. Le fonctionnaire prétend avoir été traité de « racaille de flic ».

« C’est quoi "un jeune local" ? »

« C’est une affaire d’outrage à deux balles comme on en plaide 150 par an », témoigne prosaïquement Laurent-Franck Liénard, l’avocat de Maxime Demaire, le policier qui a déposé plainte. Peut-être. Sans doute. À ceci près qu’elle illustre parfaitement le fossé qui est en train de se former entre la police et une partie de la jeunesse française. Et Taha Bouhafs et son avocat ne se sont pas fait prier pour empoigner une pelle et creuser plus profondément encore.

En faisant un peu traîner les choses, d’abord. Et, surtout, en posant des questions simples. Pas celles auxquelles le tribunal doit répondre. Mais celles qui titillent encore et toujours l’opinion publique. Pourquoi le fonctionnaire de police s’est-il permis de tutoyer Taha Bouhafs lors de l’interpellation ? « Parce que c’était un jeune local… » Ça veut dire quoi « un jeune local ? » « Euh… » Pourquoi aussi le policier ne portait-il ni brassard de police, ni uniforme, ni matricule ? « Un simple oubli… » Pourquoi les faits figurant au procès-verbal rédigé par le policier ne correspondent pas à ceux que l’on voit sur les vidéos ? Pourquoi la brigade anti-criminalité utilise-t-elle toujours l’expression « de type nord africain » pour désigner un individu suspect ?

« Dans ma carrière, j’ai fait des choses bien plus graves… »

Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Une dizaine d’interrogations ont finalement suffi pour entraîner une étrange inversion des rôles. Comme si la victime n’était pas celle que l’on croyait. Et que, dans une parfaite asymétrie, le prévenu non plus. De fait, Taha Bouhafs n’a passé qu’un petit quart d’heure assez tranquille à la barre, quand Maxime Demaire a peiné pendant plus d’une heure. Sur le gril. Alors qu’en sa qualité de plaignant, il n’avait même pas l’obligation de venir.

C’est sans doute pour cela qu’il a fini par lâcher la phrase de trop. « Je comprends même pas qu’on doive se justifier et s’expliquer autant sur le fond et la forme. Cela me dépasse un peu. Je dois dire que dans ma carrière, j’ai déjà fait des choses bien plus graves. Et je n’ai pas dû me justifier autant… »

Droit comme un « i » à la barre, il a alors dû se rendre compte qu’il avait poussé le bouchon un peu trop loin. Car quelques minutes plus tard, il a décidé de ne plus répondre aux questions, comme la procédure le lui permet. Mais le mal était fait. Et son avocat, Laurent-Franck Liénard, a eu toutes les peines du monde à tenter de redresser la barre.

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Une peine d’amende requise. La décision connue le 11 mai

Bien sûr, celui-ci a rappelé les conditions de travail des policiers actuellement. Obligés « d’enfiler un gilet pare-balles le matin » sans savoir s’ils rentreront le soir. De prendre « la flotte sur la gueule toute la journée dehors » sans être considéré par leur hiérarchie. Dans des bagnoles qui ne roulent pas. Et contraints de se faire « insulter par des individus qui, un portable à la main, ne cherchent que la provocation ».

Taha Bouhafs, lui, assure qu’il ne cherchait pas la provocation ce 11 juin 2019. Qu’il ne voulait faire que son travail de journaliste. Il explique qu’il a bien prononcé le mot de « racaille » à l’attention de Maxime Demaire, mais qu’il ignorait alors que celui-ci était policier… Suffisant pour caractériser les faits, selon la procureure qui requiert, alors, une simple peine d’amende de 700 euros.

Quand elle annonce ça, Laurent-Franck Liénard a déjà quitté le prétoire en raison d’un autre rendez-vous à honorer. Juste avant, en plaidant, il avait fait part de son fatalisme. « Quelle que soit votre décision, j’aurais de toute façon perdu… Si vous condamnez Taha Bouhafs, son avocat ira devant les caméras dire que c’est un déni de justice. Et si vous le relaxez, j’aurais perdu… »

Réponse le 11 mai, quand le tribunal rendra sa décision. Pas sûr que le fossé entre l’opinion publique et la police soit comblé d’ici là.

 

 


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