Inscription au Bulletin  bulletin icon    Notre page FacebookNotre page Twitter  Bonjour Visiteur

Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - collectif - 17/03/2021

La liste visant à faciliter le renouvellement des noms de rues et de bâtiments publics permettra à la société de s’approprier ces « parcours exemplaires » , explique l’islamologue Rachid Benzine, dans une tribune au « Monde » cosignée notamment par Isabelle Nanty et Philippe Torreton.

Tribune. Un abondant recueil [élaboré par un comité scientifique présidé par l’historien Pascal Blanchard, et remis à Emmanuel Macron en février] vient d’être publié pour présenter 318 personnalités, rapidement définissables comme « issues de diverses immigrations », qui, depuis parfois plus de deux siècles, ont contribué à construire la France.

Déjà, en 2013, l’historien Pascal Ory avait dirigé la réalisation d’un volumineux Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France (Robert Laffont), mais c’est la première fois que le plus haut niveau de l’Etat s’engage si clairement dans une tentative d’établir un recensement d’hommes et de femmes, souvent nés dans l’ancien empire colonial français, non seulement pour les honorer mais, surtout, pour les proposer comme des figures inspirantes pour la France d’aujourd’hui.

Ces enfants de la patrie sont aussi bien le général franco-haïtien Toussaint Louverture, mort embastillé dans le Doubs en 1803, que l’avocate Gisèle Halimi décédée en 2020, en passant par l’artiste et militante afro-américaine Joséphine Baker, le peintre Pablo Picasso, le poète et homme politique Aimé Césaire, le légionnaire Ma Yi Pao, mort pour la France dans les tranchées en 1918, ou encore les résistants au nazisme Mamadou Addi Bâ et Mohamed Lakhdar Toumi. Chacun des 318 porte un morceau de l’histoire de France.

Une « matrice »

Ce premier « recueil des portraits de France », consultable en ligne par chacun sur le site Web du ministère de la cohésion des territoires, sera bientôt suivi d’un second. Mais même ainsi complété, ce travail de récapitulation sera loin de pouvoir prétendre embrasser toute la réalité des apports, notamment antillais, africains, maghrébins ou asiatiques à l’histoire de la France. C’est, au vrai, une sorte de « matrice » qui est ici fournie, qui devrait inciter les citoyens – au premier rang desquels les élus locaux – à se saisir de ces vies inspirantes, et à vouloir en découvrir – ou redécouvrir – d’autres.

Déjà, peut-on imaginer que les maires des communes où l’une de ces personnalités a vécu un temps ne soient pas heureux de disposer d’un tel outil pour pouvoir nourrir la cohésion entre leurs concitoyens, quel que soit leur parcours ?

Lire aussi « On a tous un ami noir » bouscule notre vision de l’immigration

Force est de constater que les apports antillais, africains, océaniens, maghrébins, asiatiques, sud-américains, européens (pour ne citer que ceux-là) à l’histoire de la France ont très souvent été occultés, se sont retrouvés confinés dans le domaine de l’impensé et de l’invisible. Certes, mettre sous le « patronage » de telle ou telle figure « de la diversité » des rues ou des bâtiments ne saurait suffire à faire vraiment place aux groupes humains partageant les mêmes origines. Néanmoins, il y a là l’opportunité d’un signe donné quant à la volonté de vraiment les inclure et non de les ignorer.

« A l’heure de tensions identitaires aussi dangereuses que stériles, l’exemple de ces pères et mères de la Nation doit nous inspirer pour lutter contre la division »

Au long de toutes ces décennies, trop de mépris, de méconnaissances, d’oublis, de préjugés, voire de fantasmes, ont entouré cette histoire fondamentalement plurielle de notre pays, nourrissant ressentiments et parfois violences. En ignorant une partie de nos passés multiples, nous avons rendu plus difficile la compréhension du présent et l’écriture de notre futur.

Le message porté par le recueil des 318 est simple : l’histoire regorge de personnalités différentes ou venues d’ailleurs qui ont fait de grandes choses pour eux-mêmes et pour la France. A l’heure de tensions identitaires aussi dangereuses que stériles, l’exemple de ces pères et mères de la Nation doit nous inspirer pour lutter contre la division et encourager chacun à trouver sa voie pour servir le pays.

Les élus, à commencer par les maires, ont leur rôle à jouer – et ils en ont le pouvoir – quant à la valorisation de ces destins humains. Mais ce qu’il faut souhaiter, promouvoir, encourager, c’est une appropriation par toute notre société de ces parcours exemplaires au service de la France et de la République. A chacun de se nourrir de ces histoires et de les faire vivre !

Démarche culturelle

Ainsi ne peut-on que désirer que des écrivains, dramaturges, cinéastes, peintres, sculpteurs, plasticiens, chorégraphes… s’emparent de ces vies, en fassent des œuvres parlantes pour notre société et notre monde. A la démarche scientifique – étudier ces vies et leurs apports avec la rigueur de l’histoire moderne – doit s’adjoindre l’œuvre culturelle, celle de l’émotion et du ressenti.

Sur Internet, les youtubeurs pourraient se saisir de tel ou tel personnage et, à leur façon, le raconter à leurs abonnés. Sur les murs, des graffeurs pourraient, en collaboration avec les mairies, donner à voir dans l’espace public les visages et les vies de ces héros trop souvent oubliés de l’histoire de France. Sur les écrans, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) pourrait lancer des appels à scénarios pour des biopics.

Des chaînes de télévision pourraient aussi se saisir de la liste et en présenter chaque jour un nom au journal télévisé, ou proposer des séries de films courts. Sur les planches, des comédiens pourraient redonner vie à certains de ces personnages. Sur les ondes, des chanteurs-compositeurs pourraient mettre en musique ou en chansons ces existences. Dans les salles de classe, les enseignants pourraient inciter leurs élèves à se plonger dans le recueil des 318…

Lire aussi « Histoires d’une nation » : les immigrés aussi font l’histoire du pays

La France peut résonner de ces fragments d’elle-même, et se retrouver avec tous ses reliefs et ses aspérités. Nous appelons nos concitoyens à entrer dans la dynamique de cette aventure mémorielle. La liste des 318 n’enlève rien à l’histoire de la France jusqu’à aujourd’hui majoritairement écrite et transmise : elle lui ajoute. Elle ne « réécrit » rien : elle rappelle. Elle ne divise pas : elle renforce. Et, pour notre part, nous nous engageons à déployer tous les efforts nécessaires pour que les 318 entrent vraiment dans notre récit national et nous aident à faire vivre la France plurielle pour mieux servir son idéal universel.

Signataires : Olivier Abel, philosophe ; Rose Ameziane, présidente de Mouvement Emancipation Territoires ; Rachid Benzine, islamologue et romancier ; Charles Berling, comédien ; Olivier Klein, maire (PS) de Clichy-sous-Bois ; Laurence Lascary, productrice ; Isabelle Nanty, comédienne ; Olivier Noblecourt, ancien délégué interministériel à la lutte contre la pauvreté ; Charles Tordjman, metteur en scène ; Philippe Torreton, comédien.

 

 


Calendrier d'Événements

Lun Mar Mer Jeu Ven Sam Dim
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
Sauvegarder
Choix utilisateur pour les Cookies
Nous utilisons des cookies afin de vous proposer les meilleurs services possibles. Si vous déclinez l'utilisation de ces cookies, le site web pourrait ne pas fonctionner correctement.
Tout accepter
Tout décliner
En savoir plus
Essentiel
Ces cookies sont nécessaires au bon fonctionnement du site, vous ne pouvez pas les désactiver.
Session de l'utilisateur
Identifie la session ouverte par l'utilisateur
Accepter