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Source : Le monde - Lilia Blaise - 07/04/2021

Dans son dernier album « Comment réussir sa migration clandestine », l’auteur algérien Salim Zerrouki, installé en Tunisie, dénonce les drames oubliés de la Méditerranée.

Un homme qui boit de l’eau de mer pendant plusieurs mois pour survivre à la traversée ; une description détaillée du meilleur matériel pour tenter sa chance, façon kit du randonneur amateur. Dans sa nouvelle bande dessinée, Comment réussir sa migration clandestine (éditions Encre de nuit en France et Lalla Hadria en Tunisie, 92 pages, 15 euros), Salim Zerrouki, 43 ans, n’a rien perdu de son humour noir.

Derrière ce titre faussement léger, le dessinateur algérien emmène le lecteur dans des récits tragiques de migration clandestine, où l’horreur va crescendo, jusqu’à une scène de viol et de torture dans un centre de détention en Libye.

Le sujet reste terriblement d’actualité

Salim Zerrouki s’est fait connaître en Tunisie pour sa caricature de l’islam politique incarné par Yahia Boulahia, un personnage fictif de barbu dépressif dont il contait les aventures et les colères sur un blog en 2011. En 2018, sa BD intitulée 100 % Bled. Comment se débarrasser de nous pour un monde meilleur remporte un franc succès au-delà des frontières tunisiennes. Il y parle avec dérision et tendresse des clichés sur les Maghrébins et des Arabes. Cette fois, l’illustrateur revient avec un roman graphique résolument engagé, fruit de deux ans de travail.

Chaque récit est basé sur d’authentiques témoignages, comme l’atteste le « QR code » à la fin de l’album qui renvoie aux coupures de presse concernées. « J’ai voulu dénoncer ce qui se passe aujourd’hui en Méditerranée, et qui est oublié. Toutes les politiques migratoires en prennent pour leur grade, qu’elles soient algériennes, tunisiennes, libyennes ou européennes. Il n’y a pas de politiquement correct. C’est pour ça que les dernières planches sont choquantes », explique-t-il, ajoutant vouloir réveiller chez les Européens un peu d’humanité sur cette question.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « tragédie honteuse » en Méditerranée dénoncée dans un rapport du Conseil de l’Europe

Le sujet reste terriblement d’actualité. Les départs des candidats à l’exil depuis les côtes tunisiennes et libyennes se poursuivent. Le 9 mars, trente-neuf corps dont ceux de quatre enfants ont été repêchés par la garde nationale tunisienne et 165 migrants secourus, après le naufrage de deux embarcations au large de la ville de Sfax (Tunisie). Le 3 avril, l’ONG Alarm Phone a confirmé le sauvetage de deux bateaux restés trois jours au large de l’île italienne de Lampedusa, sans eau potable ni nourriture. L’hiver 2020 a été particulièrement meurtrier : selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 1 200 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée au cours de l’année.

La Tunisie, où vit le dessinateur, est un important pays de départ. D’après le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, 638 migrants ont traversé la Méditerranée en février 2021 contre vingt-six en février 2020. Sur la plupart des bateaux interceptés, plus de la moitié des passagers étaient d’origine subsaharienne. Cette hausse est due à la fois à l’impact de la crise sanitaire sur l’économie et à la situation particulière des travailleurs subsahariens, qui ne bénéficient d’aucune protection sociale et sont souvent les plus exposés au racisme, aux arnaques et maltraitances.

« Susciter une nouvelle prise de conscience »

« Je vis dans le quartier de Dar Fadhal à Tunis où il y a une grande communauté de Subsahariens. C’est une population très vulnérable car elle a peu de droits et vit souvent en situation irrégulière », insiste l’auteur qui avait déjà abordé le thème de l’immigration dans une planche humoristique en 2017, pour un ouvrage collectif.

Au-delà de la dureté des traversées clandestines − ses personnages meurent les uns après les autres, happés par les naufrages −, Comment réussir sa migration clandestine donne à voir les conditions de vie des migrants sur d’autres routes, du Mali à l’Algérie. Pour cela, le dessinateur explique s’être appuyé sur le travail d’une journaliste qui a voyagé à bord de l’Aquarius [bateau affrété par Médecins sans frontières et SOS Méditerranée] et documenté les sévices subis par les migrants en Libye. Il a aussi lu de nombreuses enquêtes sur le sujet et travaillé avec la réalisatrice d’un documentaire sur des migrants guinéens. « Quand j’ai commencé la BD, j’ai essayé d’oublier le texte pour me concentrer uniquement sur la manière d’exprimer ce que je voulais à travers le dessin. Ensuite seulement, j’ai ajouté les bulles », explique-t-il.

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Depuis la sortie de son album, Salim Zerrouki a été contacté pour des collaborations, par plusieurs ONG spécialisées dans la migration. « Peut-être que la bande dessinée peut toucher une cible plus large et différente de celle des médias ou susciter une nouvelle prise de conscience face à cette tragédie. » C’est en tout cas ce qu’il espère.

Retrouvez ici toutes les lettres de nos correspondants.

 

 


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