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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : CADTM - 16/04/2021

Penser les migrations sous le prisme de leur contexte politique, c’est en refuser les explications qui reposent sur des causes conjoncturelles et qui invisibilisent les responsabilités des pays dominants. La majorité des personnes migrantes viennent de pays qui se situent dans des régions du Sud lourdement fragilisées par des siècles de colonialisme, puis de politiques néolibérales imposées par les pays du Nord. Les personnes migrantes se déplacent donc bien souvent pour tenter d’échapper à la misère engendrée dans leur pays d’origine par les politiques d’ajustement liées au remboursement de la dette imposées par principaux créanciers : les Institutions financières internationales (IFIs), banques et gouvernements du Nord. Ces mesures reposent sur l’extractivisme, l’accaparement des terres, sur la perturbation des économies locales et le détricotage des mécanisme de protection sociale.

Il existe une série d’analogies d’ordre historique et structurelle entre la dette et les migrations. La dette est ainsi un outil de domination et de transfert des richesses qui provoque des déplacements importants de population, au Sud comme au Nord. Les principaux pays d’où proviennent les personnes réfugiées [1] sont considérés par les Institutions financières internationales comme des pays à risque ou en crise de la dette [2] . Aujourd’hui, la crise de la dette, qui a commencé dans les années 80 dans les pays du Sud et qui perdure encore actuellement, s’est déplacée jusqu’au Sud et à l’Est de l’Europe. L’endettement et les plans d’austérité frappent désormais plusieurs pays du Nord. La dette y fait des ravages en poussant des familles à migrer.

Il existe une série d’analogies d’ordre historique et structurelle entre la dette et les migrations

L’endettement privé est également éminemment lié au creusement des inégalités, à la non-viabilité de la dette souveraine et aux crises financières. Si les dettes publiques démantèlent les systèmes de protection, les personnes doivent à leur tour s’endetter individuellement pour compenser le fait que les États ne s’acquittent pas de l’obligation qui leur incombe de protéger, de promouvoir et de réaliser les droits humains. Au cours de leurs trajectoires migratoires, il arrive que les personnes migrantes doivent s’endetter auprès de passeur·es et de personnes qui les assistent dans leur voyage. Une fois dans le pays d’arrivée, elles font également face à des difficultés administratives et financières, du fait des politiques toujours plus restrictives en matière d’immigration. Au recours croissant à l’endettement pour financer les coûts de la migration s’ajoute également le risque de violations des droits humains qu’engendrent les tentatives de son remboursement. L’endettement, et souvent la servitude pour dettes, occupent une position importante dans la migration nationale et internationale des femmes. Les femmes sont ainsi particulièrement exposées à ces mécanismes d’endettement et leurs violences inhérentes. Elles sont d’ailleurs intégrées dans des dynamiques d’exploitation à échelle globale. Poussées à migrer illégalement ou via des programmes officiels, notamment avec les pays du Golf, elles vont combler un besoin de main d’œuvre sous payée dans les secteurs, pas ou peu reconnus, des soins et des services dans les pays du Nord.

Si les dettes publiques démantèlent les systèmes de protection, les personnes doivent à leur tour s’endetter individuellement pour compenser le fait que les États ne s’acquittent pas de l’obligation qui leur incombe de protéger, de promouvoir et de réaliser les droits humains

En Europe, les politiques migratoires ont été accompagnées par la création d’une agence de contrôle des frontières de l’UE, Frontex, dont les instruments de répression des migrations se sont généralisés : centres de rétention pour migrant·es, nouvelles technologies pour surveiller les frontières, externalisation des frontières jusqu’au Niger notamment, construction de murs et de barrières pour empêcher les personnes migrantes de franchir les frontières (par exemple à Ceuta et à Calais), etc. Le système est le même aux États-Unis où les personnes migrantes trouvent porte fermée lorsqu’elles ne sont pas déjà refoulées dès le Mexique ou le Guatemala. Fin 2020, près de 150 personnes ont perdu la vie dans le naufrage d’un bateau au large des côtes du Sénégal. Cette litanie pourrait s’allonger à l’infini. Les politiques contemporaines, véritables nécropolitiques, liées à la défense et à la gestion des frontières, restent profondément imbriquées à la mort.

Tandis qu’aux frontières des vies se perdent, les politiques hostiles aux personnes migrantes sont aussi généralisées à l’intérieur des pays dit d’ « accueil ». Sans papiers, les « travailleurs et travailleuses de l’ombre » assurent des tâches que l’État abandonne à une main-d’œuvre dépourvue de droits. Cela traduit bien là les conséquences de la division internationale du travail, vitale à la mondialisation capitaliste. Heureusement, face à la fermeture des frontières, citoyen·nes solidaires, mouvements sociaux, collectifs, et organisations se mobilisent pour mettre fin à l’Europe des murs. « Occupation politique », c’est ce qu’on peut lire sur les pancartes bordant les murs de l’église du béguinage ou de l’Université libre de Bruxelles où se sont installées des centaines de personnes sans papiers depuis fin janvier 2021. Ces personnes, qui ont en commun d’avoir pour même horizon le risque d’une arrestation, demandent une régularisation de leur séjour.

 

 

 

 


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