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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - Anne-Françoise Hivert - 11/05/2021

Le gouvernement social-démocrate danois cherche à décourager l’arrivée de réfugiés en quête de protection, quitte à les orienter vers des pays non européens, parfois réputés pour leur peu de respect des droits humains.

L’extrême droite européenne en rêvait. Les sociaux-démocrates danois sont prêts à l’accomplir. A Copenhague, les députés débattent actuellement d’un projet de loi qui, s’il est adopté – et il devrait l’être sans difficulté – permettra au Danemark de sous-traiter l’accueil des demandeurs d’asile ainsi que la prise en charge des réfugiés à un ou plusieurs pays tiers, aux rangs desquels le Rwanda fait figure de favori.

Déterminée à récupérer les voix des électeurs partis à l’extrême droite, la leader sociale-démocrate Mette Frederiksen en avait fait un engagement de campagne. Au pouvoir depuis 2019, elle n’a eu de cesse depuis de durcir une politique migratoire déjà ultra-restrictive. En 2020, 1 547 personnes ont demandé l’asile au Danemark, le chiffre le plus bas depuis 1992.

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Mais pour Mette Frederiksen, c’est encore trop : en janvier, elle a rappelé que son ambition était de « réduire à zéro » le nombre de demandeurs d’asile dans son pays. Selon le projet de loi, les migrants qui arrivent au Danemark seront enregistrés et leurs empreintes digitales contrôlées pour s’assurer qu’ils n’ont pas demandé l’asile ailleurs en Europe. Puis, ils seront mis dans un avion, direction l’Afrique, où un pays tiers prendra le relais.

Le texte précise que « le Danemark n’aura pas à fournir de protection au cas où l’étranger obtiendrait l’asile après la fin du traitement effectif de la demande d’asile dans le pays tiers. En revanche, la protection devra être assurée par le pays tiers concerné. Si l’étranger se voit refuser l’asile, ce sera également le pays tiers en question qui devra prendre en charge l’expulsion de la personne en question ». Le Danemark compte se décharger de toute responsabilité.

Conditions financières

Les personnes très malades pourraient bénéficier d’exemption, s’« il n’y a pas d’accès aux soins de santé nécessaires et adéquats dans le pays tiers ». Un demandeur d’asile ne sera pas renvoyé dans le pays qu’il a fui, ni vers un pays où il « risque d’être condamné à mort ou être soumis à la torture ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants, ou lorsqu’il n’y a pas de protection contre le renvoi dans un tel pays ». En revanche, il n’y aura pas d’exceptions pour les mineurs isolés.

Face aux critiques unanimes des ONG, Mattias Tesfaye, le ministre de l’immigration (lui-même fils de réfugié) assure que le système sera « plus humain et équitable », car il réduira « considérablement le nombre de réfugiés et de migrants qui se noient en Méditerranée et sont exposés à des abus sur les routes migratoires ».

Le ministre a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne s’agirait « pas forcément de démocraties au sens où nous l’entendons »

Pour Michala Bendixen, présidente de Refugees Welcome, cela n’a pas de sens : « Le texte ne prévoit pas de dispositif permettant de demander l’asile depuis un pays tiers, ce qui veut dire qu’il faudra toujours venir au Danemark. » Ce qui montre bien, selon elle, que le projet n’a qu’un objectif : « Dissuader les demandeurs d’asile de venir au Danemark, ce qu’ils ne font déjà presque plus s’ils n’y ont pas de famille. »

Chercheur à l’Institut danois d’études internationales, Hans Lucht, spécialiste des migrations, s’interroge lui sur les conditions financières : « L’expérience australienne a montré que l’externalisation de l’asile coûtait très cher. La question est de savoir combien les contribuables danois sont prêts à payer pour se débarrasser des réfugiés. » Le gouvernement danois rétorque que l’hébergement d’un demandeur d’asile débouté, dans un centre de rétention au Danemark, coûte actuellement « environ 300 000 couronnes (40 000 euros) par an » à l’Etat.

Sans en donner la liste, Mattias Tesfaye a précisé que les gouvernements avec lesquels il était en contact demandaient « des investissements, de l’aide pour la transition écologique ou le développement ». Le ministre a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne s’agirait « pas forcément de démocraties au sens où nous l’entendons ».

« Très lucratif pour les passeurs »

Ces derniers jours, les médias danois ont révélé que des délégations danoises s’étaient rendues en Tunisie, en Egypte et en Erythrée. Mais c’est avec le Rwanda que les négociations semblent le plus abouties. Fin avril, en pleine polémique sur le retour des réfugiés syriens, Mattias Tesfaye s’est déplacé à Kigali, où il a signé un protocole d’entente avec le gouvernement rwandais en vue d’une collaboration sur l’asile.

Le choix du Rwanda n’étonne guère Hans Lucht, même si l’autoritaire président Paul Kagame est critiqué pour avoir opprimé nombre de ses opposants : « Le pays est dirigé par un homme fort qui n’a pas besoin de l’accord de sa population pour approuver un tel mécanisme », observe le chercheur, qui constate les avantages que Kigali, « en quête de respectabilité sur la scène internationale », pourrait tirer d’un tel système.

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Depuis 2019, le Rwanda héberge déjà un centre de transit, géré par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Gashora. Le pays a aussi accueilli durant plusieurs années des demandeurs d’asile déboutés par Israël, dont « beaucoup ont ensuite tenté de gagner l’Europe », rappelle Hans Lucht, qui critique le projet d’externalisation : « Au final, cela pourrait être très lucratif pour les passeurs. »

De son côté, le HCR s’inquiète de « l’érosion du système de protection internationale » et met en garde : si d’autres pays imitent le Danemark, « l’asile et la protection deviendront de plus en plus inaccessibles et les réfugiés se retrouveront dans un vide juridique ».

 

 

 


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