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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - Juliette Bénézit - 31/05/2021

Les associations avaient annoncé leur intention d’occuper la place de la République jusqu’à ce que les personnes présentes se voient proposer des mises à l’abri.

La manifestation a eu lieu en deux temps : d’abord un défilé classique dans les rues de Paris, puis l’exigence de mesures concrètes et immédiates. Dimanche 30 mai, à deux jours de la fin de la trêve hivernale, environ un millier de personnes ont marché jusqu’à la place de la République pour obtenir « un logement digne et durable pour chacun ». Dans le cortège, aux côtés des associations organisatrices – parmi lesquelles Droit au logement (DAL) et Utopia 56 – figuraient principalement des exilés vivant à la rue, parfois depuis plusieurs mois.

Les associations avaient donné le ton avant la manifestation, en annonçant leur intention d’occuper la place de la République jusqu’à ce que les personnes présentes se voient proposer des mises à l’abri. Quant aux annonces faites par le gouvernement le 21 mai, actant la pérennisation, jusqu’à la fin mars 2022, des quelque 43 000 places d’hébergement d’urgence créées depuis le premier confinement, elles les ont jugées « insuffisantes ». « Ces annonces ne permettent pas de sortir de la rue toutes les personnes qui y vivent encore », a dénoncé le DAL dans un communiqué.

Au total, en fin de journée, 470 personnes ont pu bénéficier d’une mise à l’abri, d’après la préfecture d’Ile-de-France. De leur côté, les associations dénombraient plusieurs centaines d’exilés laissés sans solution, dimanche soir.

Lire le reportage : « Si vous voyiez où on dort, vous pleureriez tellement c’est sale » : en Ile-de-France, les migrants face à une précarité toujours plus grande
Tension

Sur la place de la République, la tension est rapidement montée, dimanche. Dès le milieu d’après-midi, plusieurs centaines de personnes – des familles et des hommes seuls –, se sont entassées, en file indienne, près d’un cordon formé par les forces de l’ordre, dans l’espoir d’obtenir une place dans un hébergement. Quelques rues plus loin, les bus devant les y diriger stationnent. « Ils ont la trouille de ne pas être hébergés et de rester à la rue », rapporte alors Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement (DAL).

Après plusieurs heures d’attente, Nafayd, un Ethiopien de 25 ans, s’écarte brusquement de la foule. Les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène. Le jeune homme s’asperge de sérum physiologique puis regarde ses pieds, dépité. Il vient de perdre une chaussure dans la bousculade. Il dit : « J’ai pas d’autres chaussures. Comment je fais maintenant ? » Nafayd veut obtenir l’asile en France, mais il ne parvient pas à joindre la plate-forme téléphonique pour déposer sa demande. Chaque soir, il dort à la rue, dans le quartier de La Chapelle, au nord de Paris.

Plus loin, Nazir, un Afghan de 23 ans, s’indigne. Il montre du doigt un de ses compagnons de route complètement exténué : « Regardez-le ! Ça fait quatre ans qu’il est là et il est toujours dehors. Vous voyez son état ? » Nazir, lui, est arrivé en France il y a deux ans, par la route des Balkans. Sur le trajet, il est passé par l’Allemagne, où ses empreintes ont été enregistrées. Conformément au règlement européen dit « de Dublin », c’est dans ce seul pays qu’il était initialement autorisé à déposer sa demande d’asile.

Mais Nazir avait d’autres projets : vivre en France et « travailler dans l’agriculture ». Pour ça, il lui a fallu attendre dix-huit mois après son arrivée à Paris pour, finalement, être autorisé à y demander l’asile. « J’ai attendu et, maintenant, je n’arrive pas à avoir de rendez-vous », s’énerve-t-il. En ce moment, Nazir aussi dort à La Chapelle.

Lire aussi Evacuation des migrants place de la République : « une réponse uniquement répressive alors que l’enjeu est avant tout sanitaire »
Occupations de places ou de locaux parisiens

Depuis plusieurs mois, le collectif dit « Réquisition » – qui réunit différentes associations comme le DAL et Utopia 56 – procède à des occupations de places ou de locaux parisiens afin de pousser les autorités à trouver des solutions d’hébergement pour les personnes sans abri, quelle que soit leur situation administrative. Le 23 novembre dernier, la place de la République – occupée par plusieurs centaines d’exilés – avait été violemment évacuée par les forces de l’ordre, « choquant » jusqu’au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

Lire le décryptage : Utopia 56, ou la stratégie de « visibilisation » des migrants

« Il n’est pas normal qu’il faille passer par des occupations de ce type pour que l’Etat procède à des mises à l’abri. Nous souhaitons des mises à l’abri régulières, au fil de l’eau », rapporte Ian Brossat, maire adjoint de Paris chargé du logement, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés.

De son côté, la préfecture d’Ile-de-France montre que 1 042 personnes ont été mises à l’abri depuis le 6 mai dernier. « Les personnes non prises en charge [dimanche] peuvent venir se présenter aux accueils de jours », fait-elle savoir. Pour l’heure, les associations ont orienté plusieurs centaines de personnes qui restaient sans solution, dimanche soir, au jardin Villemin, dans le nord de Paris, afin d’effectuer un recensement et d’obtenir des mises à l’abri prochaines.

 

 


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