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Source : Le monde - Richard Schittly - 18/06/2021

Alors que la métropole refusait de prendre en charge une soixantaine d’Africains qui sollicitaient le statut de protection des mineurs isolés, le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a pris les devants en créant des places d’hébergement.

Le sort de jeunes migrants africains, installés depuis un mois dans un campement de fortune au cœur du quartier des Canuts, provoque un incident politique inédit entre les deux chefs écologistes de la métropole et de la ville de Lyon. Le maire, Grégory Doucet (Europe Ecologie-Les Verts, EELV), vient de décider d’ouvrir trente-cinq places d’hébergement pour ces jeunes gens en provenance d’Afrique de l’Ouest, alors que la prise en charge relèverait plutôt de la compétence sociale de la métropole, dirigée par Bruno Bernard (EELV).

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« L’Etat et la métropole se renvoyaient la balle depuis des semaines, rien ne se passait. La Mairie a visiblement choisi de bouger », se félicite Sébastien Gervais, 51 ans, membre du collectif de soutien des migrants Croix-Rousse. Plusieurs associations assurent une présence permanente dans le parc public arboré, près du métro Hénon, où une soixantaine de jeunes africains dorment sous des tentes, dans l’attente d’un recours juridique. Ils sollicitent le statut de protection des mineurs isolés, après une première évaluation, qui n’a pas cru à leur minorité.

La Mairie débloque une dizaine de places dans les résidences seniors gérées par la ville, habituellement prévues pour des étudiants. Ces chambres vacantes devraient bénéficier à des jeunes femmes. Vingt-cinq autres places sont envisagées dans des locaux municipaux, dans le 3e arrondissement de Lyon. La décision est tombée lundi 14 juin, au terme d’une semaine de tension palpable entre mairie et métropole.

Un duo observé à la loupe

Côté mairie, la question des jeunes migrants a été poussée par Sandrine Runel (Parti socialiste, PS). L’adjointe aux solidarités et à l’inclusion sociale a plaidé pour une intervention rapide de la municipalité, pointant « les hésitations de la métropole ». Elle avait fait passer un amendement au plan de mandat de la nouvelle majorité, lors d’un précédent conseil municipal, n’hésitant pas à aiguillonner ses partenaires écologistes dans le registre solidaire. « La tradition humaniste lyonnaise nous inspire tous, nous ne pouvons pas rester indifférents à la détresse de ces jeunes gens », justifie l’élue du 8arrondissement.

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Ancien cadre d’Handicap International, et précisément responsable de la zone africaine de l’ONG, Grégory Doucet a très vite été sensible aux arguments humanitaires de son adjointe. Le maire a immédiatement pris la responsabilité du dossier. « Cette décision est la mienne », avait fait savoir le maire de Lyon à son cabinet, mardi 8 juin, alors qu’il était en déplacement à Nantes, pour soutenir Matthieu Orphelin, candidat écologiste aux régionales des Pays de Loire. « Nous intervenons parce qu’il faut faire avancer les solutions, ce n’est pas contre la métropole », dédramatise M. Doucet.

Même s’ils s’en défendent, ce sujet a créé pour la première fois une tension au sein du duo écologiste lyonnais. Habitués à se rencontrer en tête à tête chaque semaine, le maire et le président de la métropole affichent leur parfaite entente, se sachant observés à la loupe depuis leur double victoire sans précédent, citée en exemple par le mouvement écologiste. « La réussite de l’un, c’est la réussite de l’autre », dit souvent Bruno Bernard.

« Les gens nous aident, ça fait du bien »

Côté métropole, on rappelle la création de la « Station », lieu d’aide et d’hébergement « unique en France », qui a vu passer plus d’une centaine de jeunes migrants recalés du dispositif mineurs isolés. En plus d’une politique de mise à l’abri durant toute la crise sanitaire, la collectivité a trouvé une solution aux 200 migrants africains qui squattaient l’ancien collège Maurice-Scève, reconverti en logements sociaux, dans le même quartier de la Croix-Rousse. « Je suis un écologiste pragmatique sur ces questions complexes. L’Etat abandonne aux collectivités toute la charge de sa politique migratoire. Le gouvernement doit clarifier de nouveaux dispositifs à long terme, et nous prendrons toute notre part », affirme Bruno Bernard, félicitant la mairie d’avoir « pris ses responsabilités » sur un terrain lui appartenant.

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Lorsqu’elle était dirigée par Gérard Collomb, la métropole démantelait tout regroupement de migrants, par crainte d’un « appel d’air ». « Je ne crois pas à cette théorie catastrophiste. Lyon est une terre d’accueil et d’humanisme, mais la question doit être gérée collectivement pour éviter les déséquilibres », estime M. Bernard. Ce dernier prend ses distances avec l’ancien ministre de l’intérieur, tout en restant prudent sur le sujet. Les associations y voient une réserve excessive, que la mairie a décidé de dépasser.

En attendant les places municipales, un autre squat vient d’être occupé par les associations, et les Croix-Roussiens apportent régulièrement matériel et victuailles au seuil du parc entouré de banderoles et de dessins d’enfants. Une douzaine d’habitants propose un hébergement temporaire, d’autres prêtent leur salle de bains. « Les gens nous aident ici, ça fait du bien », témoigne Seydouba, venu de Guinée Conakry, au terme d’un épuisant voyage. Rejeté par sa famille, envoyé au Mali, le jeune homme disant être né en 2005 a traversé Algérie et Maroc, avant de naviguer deux jours sur un canot précaire, pour rejoindre l’Espagne et remonter en bus jusqu’à Lyon. Où il a retrouvé le sourire.

 

 


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