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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Le monde - Cécile Ducourtieux - 02/07/2021

Reportage Il y a un an, en réaction à la loi de sécurité nationale imposée par Pékin, Londres a accordé des facilités de visa aux ressortissants de son ancienne colonie nés avant la rétrocession à la Chine, en 1997.

Raymond, Agnès et leurs deux jeunes enfants ont bravé la grisaille, ce dimanche 27 juin, pour rejoindre, à Picadilly Circus, en plein cœur de Londres, la manifestation en hommage à Apple Daily, le dernier quotidien critique du régime chinois, contraint de fermer cinq jours plus tôt à Hongkong. Comme des dizaines de compatriotes, ce couple de Hongkongais fait des selfies en brandissant un 4-pages, en cantonais et en anglais, rappelant l’épopée du journal, considéré comme un des derniers remparts contre l’emprise autoritaire de Pékin sur le territoire, ex-colonie britannique rétrocédée par Londres à la Chine en 1997.

« C’était le moins que l’on pouvait faire, explique le couple, installé au Royaume-Uni depuis décembre 2020. Nous n’avons pas encore de travail, mais nous avons trouvé un logement, à Kingston [dans le sud-est de Londres], c’est moins cher qu’au centre. Et aussi les écoles pour les enfants, c’est ce qui compte le plus », raconte Agnès. « On est partis pour éviter qu’ils ne subissent le lavage de cerveau qu’est en train d’instaurer le gouvernement dans les écoles. On ne veut pas de cela pour eux. A Hongkong, vous ne pouvez plus parler librement dans la rue, ni manifester comme cela », ajoute Raymond, en montrant du doigt les autres manifestants.

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A quelques mètres, Hong, la quarantaine, porte son petit garçon sur les épaules. Lui aussi est arrivé il y a quelques mois, avec sa famille, lui aussi refuse « le lavage de cerveau de Pékin dans les écoles de Hongkong ». Le père de famille a déjà décroché un travail « dans les nouvelles technologies, ce n’était pas trop compliqué à trouver ». Ce sont encore ces raisons – assurer un avenir dans un pays libre à son fils de 7 ans, qui ont poussé Richard Lee à choisir l’expatriation il y a six mois : « Les autorités forcent les enfants à aimer le Parti communiste. »

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Richard tient le dernier exemplaire du quotidien, publié jeudi 24 juin, après l’arrestation de son équipe de direction. C’est un ancien journaliste de l’Apple Daily. « J’y suis resté vingt-cinq ans, on avait survécu à tant de choses. Si je n’étais pas parti, je risquerais d’être arrêté à mon tour », soupire t-il. L’ex-journaliste est « prêt à accepter n’importe quel job, au moins ici, on a la liberté ».

Des arrivants jeunes et diplômés

Hong, Richard, Agnès et Raymond ont tous décroché le « visa BNO » (British National Overseas), ce droit de séjour permettant, au bout de cinq ans, de réclamer la nationalité britannique. Il a été annoncé par le gouvernement de Boris Johnson il y a un an, le 1er juillet 2020. A l’époque, la loi de sécurité nationale, permettant de réprimer tout mouvement protestataire à Hongkong, venait juste d’être imposée par Pékin, au mépris du traité de rétrocession du territoire à la Chine, basé sur le principe de « un pays deux systèmes », censé préserver le régime pluraliste de Hongkong pendant cinquante ans.

Le visa BNO n’est accessible qu’aux Hongkongais nés avant 1997 et à leurs enfants : selon le Home Office, 5,4 millions d’entre eux sont éligibles sur une population de 7,5 millions. Downing Street évalue à 300 000 les arrivées probables dans les cinq ans à venir. Grâce à cette offre généreuse – surtout venant d’un pays ayant adopté une attitude hostile à l’égard de l’immigration –, le Royaume-Uni est en train de devenir un vaste refuge pour Hongkongais fuyant la férule de la Chine continentale. Au premier trimestre 2021, 34 300 demandes de visa BNO ont été déposées (il n’est disponible que depuis fin janvier).

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« Selon nos estimations, 100 000 Hongkongais sont déjà arrivés ici et 18 000 ont déjà obtenu leur visa BNO », explique Simon Cheng, cofondateur de Hongkongers in Britain (HKB), une des principales plates-formes de soutien aux Hongkongais expatriés au Royaume-Uni. Ex-employé du consulat britannique à Hongkong, Simon, 30 ans, a dû fuir Hongkong fin 2019 après avoir été « détenu et torturé par la police chinoise ». Les autorités du territoire ont émis un mandat d’arrêt contre lui mi-2020. Simon a obtenu le statut de réfugié au Royaume-Uni – il est l’un des deux seuls à l’avoir décroché, avec le militant Nathan Law. En général, les arrivants « sont plutôt jeunes, avec des enfants, diplômés. Leur destination première est Londres, puis Manchester, Birmingham, Reading et Bristol », détaille Julian Chan, qui a cofondé HKB avec Simon Cheng.

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Tous deux s’attendent à de nombreuses arrivées cet été. « La fermeture d’Apple Daily est un moment crucial, plein de mes amis restés à Hongkong disent qu’ils vont partir, ils n’ont plus d’espoir », explique Edouard Ng, 31 ans, croisé le 23 juin, lors d’une manifestation appelant, face au 10 Downing Street, au boycottage des Jeux olympiques d’hiver à Pékin, en 2022. Arrivé il y a trois mois, Edouard attend encore son visa BNO. Ill travaillait dans le marketing à Hongkong, et a participé aux manifestations de juin 2019 contre le projet de loi d’extradition vers la Chine. Il est parti parce qu’il ne pouvait « pas vivre dans un pays sans liberté ». « Le flux d’arrivées pourrait aussi être alimenté par la loi migratoire que le gouvernement de Hongkong doit introduire le 1er août, qui va permettre de bloquer plus facilement des gens aux frontières – probablement des dissidents », souligne Johnny Patterson, cofondateur de Hong Kong Watch, une des principales associations britanniques prodémocratie.

« Il n’y a plus de retour possible »

Beaucoup maîtrisent déjà l’anglais et disent ne pas avoir rencontré de réactions hostiles en s’installant – au pire, de l’ignorance pour la situation à Hongkong. Pour autant, l’arrivée dans l’ex-puissance coloniale n’est pas toujours aisée. « C’est un mythe de penser qu’ils sont tous riches. Les premiers à venir étaient les plus à risque : les militants, journalistes, professeurs ou avocats. Ils sont partis en urgence, souvent sans avoir eu le temps de vendre leur appartement », nuance Jabez Lam, qui dirige le Hackney Chinese Community Services, un centre social du nord de Londres. M. Lam, d’origine hongkongaise, est arrivé pour ses études à Londres il y a quarante ans et s’investit désormais dans l’accueil de ses compatriotes.

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Le visa BNO n’est pas toujours adapté : « Il ne profite pas aux militants en première ligne, qui sont souvent très jeunes, et qui sont le plus en danger », regrette Ling Cheung, une jeune Hongkongaise croisée à la manifestation devant Downing Street. « Le BNO, c’est le moins que le gouvernement britannique pouvait faire, car en 1997, Londres avait promis cinquante ans de stabilité, et on ne les a pas eus », selon la jeune femme, qui dispose aussi de la nationalité britannique, est venue étudier à Londres, mais pense qu’« il n’y a plus de retour possible à Hongkong ». Certains jeunes pourraient se retrouver sans statut et en détresse, prévient Simon Cheng, la plupart hésitant, explique t-il, à faire une demande d’asile (100 demandes seulement ont été enregistrées), tant les chances d’aboutir sont minces.

Honcques Laus, 19 ans, a fui vers le Royaume-Uni alors qu’un mandat d’arrêt a été émis contre lui mi-2020. « J’ai critiqué le régime chinois, j’ai appelé les pays à des sanctions contre la Chine, c’est pour cela que j’ai été persécuté, explique t-il au téléphone, préférant taire le lieu de son point de chute, pour des raisons de sécurité. Je suis trop jeune pour le visa BNO, et j’ai fait une demande d’asile, mais j’attends toujours, tout prend du retard avec la pandémie. »

« Les jeunes militants devraient avoir accès au BNO. Souvent, ils étaient masqués durant les manifestations, ils ne peuvent pas présenter de preuves de leur participation à ces actions, ou ils ont peur de mettre leur famille en danger en parlant au Home Office. Ce dernier doit prendre conscience de ces situations délicates », explique Julian Chan. Il évoque aussi le problème croissant des mineurs non accompagnés : « Ils viennent seuls, car souvent, il y a des divisions au sein des familles, les parents sont pro-Pékin et ne veulent pas partir. » Le Financial Times évoquait fin juin le cas d’un garçon de 16 ans, placé en famille d’accueil, dont le téléphone a été confisqué par la police aux frontières qui craignait un cas de trafic d’enfant.

Pressions et filatures

Hong Kong Watch plaide aussi pour que les Hongkongais ne paient pas les droits d’entrée aux universités comme les autres étudiants internationaux (entre 15 000 et 20 000 livres par an, soit 17 000 à 23 000 euros), alors qu’ils doivent déjà s’acquitter d’un droit d’accès à l’hôpital public (de 3 120 livres pour cinq ans au-delà de 18 ans). Jabez Lam, comme Simon Cheng ou Johnny Patterson, alertent enfin sur la sécurité des nouveaux arrivants et les risques de tensions dans un pays accueillant déjà une importante communauté chinoise. « Il y a de nombreux groupes pro-Parti communiste chinois qui pourraient vouloir intimider les Hongkongais. Des dizaines d’associations chinoises basées au Royaume-Uni se sont exprimées pour la loi de sécurité nationale [60 d’entre elles ont signé une tribune dans le Sing Tao Daily, un journal hongkongais pro-Pékin, en mars 2021], assure M. Lam, il faut que la police en prenne conscience. »

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Finn Lau, 28 ans, est arrivé à Londres début 2020, après avoir fondé deux plates-formes prodémocratie, HKLiberty et Stand with HK. Il raconte avoir été tabassé en juin 2020, en plein Londres, par trois hommes. « Ils ne m’ont rien volé et ne m’ont rien dit. Dès que j’ai pu me lever, je suis rentré chez moi, j’avais peur qu’ils reviennent, puis j’ai appelé l’ambulance. » Il a porté plainte, mais la police l’a classée par manque d’informations. Simon Cheng aussi dit ne pas se sentir tranquille dans Londres. « J’ai été suivi à plusieurs reprises ces dix-huit derniers mois. Quand j’en ai parlé aux médias, je me suis senti mieux. Je pense que l’exposition médiatique me protège. D’autres peuvent nous penser trop sensibles, ou même paranoïaques, mais le risque est vraiment réel. »

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