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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Le monde - Cécile Ducourtieux - 07/07/2021

Ce projet de loi s’inscrit dans la droite ligne de l’« environnement hostile » qu’a instauré le Home Office il y a une dizaine d’années pour décourager la migration au Royaume-Uni.

Après l’introduction, début 2021, d’un système de migration à points mettant fin à la libre circulation des Européens au Royaume-Uni, après le Brexit, le Home office (le ministère de l’intérieur britannique) a publié, mardi 6 juillet, un deuxième projet de loi censé compléter le dispositif visant à « reprendre le contrôle » des frontières du pays. Déjà très controversé, le Nationality and Borders Bill vise à criminaliser les traversées de la Manche dans les small boats, ces bateaux gonflables de plus en plus utilisés malgré le danger. Il ouvre aussi la voie à l’exil des demandeurs d’asile hors du territoire national le temps d’évaluer leurs requêtes.

En 2020, selon le Home Office, environ 8 500 personnes ont été interceptées, contre 1 800 en 2019.

Depuis le début de l’année, plus de 6 600 migrants seraient parvenus jusqu’aux côtes du Kent (dans la région de Douvres), secourus ou interceptés par les gardes-côtes britanniques, à en croire le Times, malgré la pandémie et les intempéries. Ces chiffres restent modestes au regard d’autres pays européens – l’Italie a accueilli environ 34 000 personnes arrivées par la mer, l’Espagne 40 000 en 2020, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Mais ils ont beaucoup augmenté : en 2020, selon le Home Office, environ 8 500 personnes ont été interceptées en tentant d’arriver clandestinement au Royaume-Uni par bateau, contre 1 800 en 2019.

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« Pendant trop longtemps, notre système d’asile a rempli les poches d’abominables gangs de passeurs profitant d’un système complètement cassé. C’est injuste pour les personnes vulnérables qui ont vraiment besoin d’une protection et pour les citoyens britanniques qui payent pour le système. Il est temps d’agir », a déclaré, mardi, la ministre de l’intérieur, Priti Patel, une brexiter de la première heure, très à la droite du Parti conservateur.

Le texte de loi confirme un traitement différencié pour les demandeurs d’asile qui auraient formulé leur requête dans le cadre de « plans de relocalisation » officiels, de ceux entrés illégalement dans le pays : ces derniers verront leurs droits au regroupement familial ou à l’accès aux aides rognés. Même si leur requête est acceptée, le Home Office ne leur accordera qu’un statut temporaire.

Des peines de prison encourues

Le texte porte par ailleurs de six mois à quatre ans les peines de prison encourues en cas « d’entrée illégale » dans le pays. Londres se donne aussi le droit de restreindre les délivrances de visas aux pays refusant de coopérer en acceptant le retour de ressortissants déboutés de l’asile. Et accorde davantage de pouvoirs aux gardes-côtes pour repousser les bateaux de migrants vers les côtes françaises, « à condition d’un accord avec la France ». Enfin, les demandeurs d’asile pourront être déplacés hors du pays le temps que leur demande soit instruite, ouvrant la voie à des centres de réfugiés « offshore ». Le Times avançait, fin juin, que Londres était en discussion avec le Danemark pour partager un centre de demandeurs d’asile au Rwanda.

« Ce projet est inhumain et grotesque », a réagi le Joint Council for the Welfare of Immigrants

Le projet de loi s’inscrit dans la droite ligne de l’« environnement hostile » qu’a instauré le Home Office il y a une dizaine d’années pour décourager la migration au Royaume-Uni. « Ce projet est inhumain et grotesque. Les centres de détention offshore sont des endroits où [les traitements] sont cruels et négligents », a réagi sur Twitter le Joint Council for the Welfare of Immigrants, une association protégeant les droits des migrants. « C’est un jour dévastateur » pour l’asile a ajouté le Refugee Council, fustigeant un texte qui « s’inscrit contre la convention [de Genève] sur les réfugiés, selon laquelle le statut du demandeur d’asile ne doit pas être conditionné à son mode d’entrée dans le pays. »

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Négociations avec la France

Par ailleurs, « si vous n’arrivez pas à décrocher un accord avec la France pour y renvoyer les migrants, ce texte n’a pas grand sens. Avant le Brexit, Londres pouvait s’appuyer sur le règlement de Dublin [permettant, dans une certaine mesure, le renvoi des demandeurs d’asile dans le premier pays « sûr » abordé], mais ce n’est plus le cas », explique Conor James McKinney, rédacteur en chef adjoint du site associatif Free Movement. « Les négociations sont toujours en cours avec le gouvernement français », faisait savoir un porte-parole de Downing Street mardi, sans entrer dans les détails. Même problème avec les éventuels centres offshore : le Royaume-Uni doit d’abord décrocher l’hypothétique assentiment d’un pays tiers.

« Le pays a les moyens de les accueillir », estime Conor James McKinney, du site associatif Free Movement

« Le gouvernement [Johnson] doit donner l’impression qu’il agit contre les arrivées en bateau à Douvres, car elles sont très visibles, il y a pas mal de gesticulations politique de sa part », ajoute M. McKinney, car « le nombre des arrivants n’est vraiment pas considérable. S’ils venaient de manière moins visible, sans emprunter des bateaux, je ne suis pas sûr que Londres s’en préoccuperait. Le pays a les moyens de les accueillir ».

L’été 2020, Nigel Farage, l’ex-fondateur du Brexit Party, a multiplié les vidéos depuis Douvres, fustigeant l’incapacité du gouvernement Johnson à « reprendre le contrôle » des frontières du pays. Dimanche 4 juillet, il s’en est pris à la très respectée Royal National Lifeboat Institution (l’association du secours en mer britannique), l’accusant d’être devenue « un service de taxis pour la migration illégale ».

« Le principal problème de l’asile au Royaume-Uni, ce sont les temps d’attente pour obtenir une réponse à une demande d’asile », estime encore M. McKinney. Lourdeurs administratives, manque de personnels et sous-investissements chroniques au Home Office : à en croire le Refugee Council, en 2020, plus de 33 000 personnes étaient en attente d’une réponse à leur demande d’asile depuis plus d’un an, soit dix fois plus qu’en 2010.

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