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Source : Le monde - Laurence Caramel - 11/07/2021

LE RENDEZ-VOUS DES IDÉES. Les chercheurs Christian Baatz et Carola Klöck avancent l’idée de privilégier les pays démocratiques dans l’allocation des aides pour l’adaptation au changement du climat.

Les pays en développement, et l’Afrique au premier rang, sont les plus vulnérables aux impacts du dérèglement climatique. Au nom de la « justice climatique », ils réclament des pays industrialisés responsables du réchauffement, qu’ils participent au financement de leurs politiques d’adaptation. Les besoins sont considérables et les sommes transférées à travers l’aide publique au développement s’avèrent jusqu’à présent limitées.

Comment répartir au mieux cette contribution frugale ? Christian Baatz, professeur de philosophie et chercheur à l’université de Kiel (Allemagne), et la politiste Carola Klöck, chercheuse au Centre de recherches internationales de Sciences Po Paris (CERI), avancent l’idée de privilégier les pays démocratiques. Ils vont tester cette hypothèse en comparant les politiques menées aux Seychelles et aux Comores.

Vous observez depuis plusieurs années le financement de l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement. Selon vous, la vulnérabilité ne devrait pas être le seul critère pour décider de la distribution des aides financières. Pourquoi ?

Christian Baatz Soyons clairs, la vulnérabilité des pays est le critère le plus important car l’objectif de l’adaptation est d’améliorer la résilience des populations aux chocs liés au dérèglement climatique. Il est néanmoins très difficile d’identifier les individus ou les groupes qui sont « particulièrement vulnérables » ou « les plus vulnérables ». Cela dépend d’une multitude de facteurs et toute classification implique des jugements de valeur complexes, qui sont matières à débat et à controverses.

Est-ce que, par exemple, les habitants d’un petit Etat insulaire exposé à la hausse du niveau de la mer sont plus vulnérables que les agriculteurs menacés par la sécheresse ? Pour ces raisons, nous estimons qu’il est important de prendre en compte d’autres facteurs que la vulnérabilité.

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Carola Klöck Nous constatons que les bailleurs de fonds prennent en considération plusieurs facteurs lorsqu’ils décident de leurs soutiens. L’analyse des statistiques de l’aide et des financements à l’adaptation au changement climatique permet d’identifier trois motivations. La première tient compte du besoin des bénéficiaires : il s’agit de la vulnérabilité dans le contexte d’adaptation. La deuxième : du mérite des bénéficiaires – c’est la bonne gouvernance et la démocratie. Et la troisième : des intérêts politiques, économiques ou militaires des donateurs eux-mêmes.

Dans la pratique, il y a déjà bien, à côté du critère de vulnérabilité, un avantage donné aux partenaires commerciaux, aux alliés politiques ou aux ex-colonies comme dans le cas de la France. Les pays plus démocratiques ou mieux gouvernés reçoivent en général aussi plus de soutien, car les bailleurs estiment que la probabilité que leurs projets soient bien mis en œuvre, d’éviter la corruption et d’utiliser les ressources de manière efficiente est plus grande.

En quoi, la démocratie est-elle un gage de meilleure efficacité ? En quoi la construction de digues ou l’introduction de semences résistantes à la sécheresse a-t-elle à voir avec une organisation politique, que nous l’apprécions ou non ?

C. B. Certes, la démocratie ne garantit pas un meilleur usage des financements pour le climat. Elle ne met pas à l’abri de la corruption ou de mauvais projets. Mais ce que nous montrent des décennies de recul sur l’aide au développement, c’est qu’il existe une corrélation entre un usage approprié des fonds reçus et le degré de démocratie. Notre hypothèse est que cette relation vaut aussi pour le climat.

La littérature scientifique est plutôt unanime sur le fait que la participation des acteurs locaux et des communautés, l’attention accordée à leurs savoirs, sont des conditions de succès pour les politiques d’adaptation. Cela suppose d’écouter ceux qui sont affectés par le changement climatique et les démocraties sont les plus susceptibles de le faire.

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Les personnes affectées par le dérèglement climatique ont moralement droit à des financements pour l’adaptation. Elles subissent une situation dont elles ne sont pas responsables. C’est pourquoi il n’est pas admissible qu’elles soient exclues des décisions. Pour prendre un exemple : si le projet est d’introduire des semences résistantes à la sécheresse, il est indispensable d’interroger les paysans pour connaître leur avis et savoir s’ils acceptent cette stratégie censée améliorer leur résilience.

C. K. Contrairement aux politiques d’atténuation du changement climatique dont les résultats peuvent se mesurer par la quantité d’émissions de gaz à effet de serre non rejetées dans l’atmosphère, il est plus difficile d’évaluer l’impact de mesures d’adaptation. Il n’existe pas de critères simples pour cela. Il est donc d’autant plus important de prendre en compte les perceptions, les priorités et les préférences des populations locales.

Certains régimes autoritaires n’ont-ils pas démontré aux bailleurs qu’ils pouvaient être plus efficaces dans la gestion de l’aide ? Le Rwanda par exemple est parmi les pays les plus assistés grâce à sa « bonne gouvernance »...

C. K. Le Rwanda est une exception de pays non démocratique et bien gouverné.

Ne craignez-vous pas qu’il vous soit reproché de vouloir infliger « une double peine » aux populations qui, en plus de supporter un régime liberticide, devraient être privées des moyens de faire face au bouleversement de leur environnement naturel ?

C. B. Le fait que les citoyens de régimes autocratiques puissent subir une « double peine » est un point important. Il n’est pas pour nous question d’exclure ces régimes de la finance climat dès lors que les populations en bénéficient réellement. Mais précisément, comme dans la distribution de l’aide publique au développement, il serait probablement justifié d’introduire des critères pour s’assurer que l’argent va aux bénéficiaires légitimes.

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L’Europe s’est engagée dans le financement du projet de la Grande Muraille verte, dont une bonne partie des pays bénéficiaires ne sont pas des démocraties. Diriez-vous qu’il s’agit d’un mauvais investissement ?

C. K. Les bailleurs de fonds et les pays bénéficiaires – qu’ils soient démocratiques ou non – peuvent évidemment poursuivre les mêmes objectifs. Le changement climatique est un défi pour nous tous. Un investissement dans un pays autocratique n’est pas automatiquement « mauvais ».

C. B. Notre argument est plutôt que la probabilité d’un usage inapproprié et non favorable aux populations locales des financements est plus élevée. Il faudrait examiner de près comment l’Union européenne [UE] contrôle et cherche à garantir le bon usage de leurs financements dans la zone du Sahel.

Des recherches montrent que le soutien de l’UE et des pays européens aux régimes autoritaires nord-africains tel que l’Egypte s’est produit au détriment de la population et a retardé le « printemps arabe » d’une décennie…

Mettre en avant la question démocratique est-il aussi une question de justice à l’égard des jeunes générations qui subiront les effets du changement climatique et dont les voix montent pour exiger que leurs gouvernements agissent ?

C. B. En effet, il y a quand même plus de chance que les aspirations et les revendications des jeunes générations soient entendues et prises en compte dans le cadre des démocraties. Lorsque la liberté d’expression, d’opinion et de manifestation est garantie, les populations arrivent à imposer leurs priorités à l’agenda. C’est ce à quoi nous assistons avec des mouvements tels que Fridays for Future auxquels participent des jeunes qui n’ont pas encore le droit de vote.

 

 

 


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