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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : france3 regions - Barbara Gabel - 06/08/2021

Un affrontement entre migrants et policiers a eu lieu au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes le vendredi 30 juillet. Les tensions résultent d’un allongement des durées de rétention à cause de la fermeture des frontières.

C’est la goutte de trop. Un conflit a éclaté au centre de rétention administrative (CRA) de Rennes le vendredi 30 juillet. Migrants, association et préfecture confirment cette altercation. Celle-ci aurait commencé entre deux migrants, puis dégénéré en mouvement collectif de protestation contre les forces de police, selon la préfecture. 

"Aspergés de gaz lacrymo"

"Ils sont venus, ils nous ont aspergés de gaz lacrymo, puis enfermés", relate Amir*, contacté par téléphone et présent lors de l’affrontement dans le réfectoire. A l’origine : un homme s’est plaint du contenu de son assiette, raconte Amir*. Très vite, le ton est monté.

"On veut éviter les tensions", assure Moussa*, originaire du Gabon et retenu au CRA depuis le 24 juin. "C’était la troisième fois que j’assistais à une telle scène. On essaie d’entamer le dialogue avec certains policiers, mais ils nous provoquent tous les jours. Il n’y a ni dialogue, ni respect."

"On vient de me rajouter 30 jours"

Amir*, Moussa* et la trentaine d’autres migrants placés au CRA de Rennes ont l’obligation de quitter le territoire français. Mais la pandémie a réduit le nombre de vols. Conséquence : la durée de leur rétention s’allonge. La Cimade, association qui intervient auprès des étrangers et des réfugiés pour faire reconnaître leurs droits, dénonce une "politique d’enfermement à tout prix" dans un communiqué. "Aujourd’hui, il n’y aucune perspective d’éloignement pour certains d’entre eux", confirme Justine Thomas, intervenante de la Cimade au CRA de Rennes. "Maintenir l’enfermement malgré l’impossibilité d’appliquer les mesures d’expulsion n’a pas de sens."

Amir* était prêt à participer financièrement à son expulsion : "Je me suis porté volontaire pour payer mon billet retour vers l’Algérie, mais aucun vol n’est disponible. Cela fait 30 jours que je suis là. On vient de me rajouter 30 jours. C’est de l’injustice." Lorsque le départ immédiat est impossible, la durée de rétention peut être prolongée jusqu'à 90 jours par le juge.

S’ajoute à cela l’obligation de présenter un test PCR négatif récent exigé par certains pays, condition sine qua non pour recevoir des expulsés. "Certains refusent de s’y soumettre et sont envoyés en prison", confirme Justine Thomas, qui parle d’un "aller-retour CRA, prison constant". Jugée illégale par les avocats spécialistes en droit des étrangers, cette pratique est inscrite dans la loi sur la gestion de crise sanitaire, qui vient d'être validée par le Conseil constitutionnel. (voir encadré)

Les conditions d’incarcération n’arrangent pas les choses. "Ici, il n’y a que l’angoisse et le stress, rien d’autre", confie un migrant retenu au CRA de Rennes depuis 35 jours qui se dit "fatigué moralement et physiquement". Il ajoute : "On nous enferme dans nos cellules à 21 heures comme des détenus, alors que nous sommes des « retenus ». Je suis obligé de prendre des médicaments pour dormir. On a besoin d’aide." Un constat partagé par Amir* : "Chaque jour est un cauchemar. Personne ne nous écoute."

"Un retour au calme", selon la préfecture

Pendant le premier confinement, la plupart des centres de rétention français, dont celui de Rennes, avaient fermé leurs portes. Les personnes retenues à l’intérieur avaient été remises en liberté. "Aujourd’hui, on revient à la jauge habituelle avant-Covid entre 30 et 40 personnes. Forcément, c’est un peu plus difficile à gérer", explique Frédéric Berru, le secrétaire départemental du syndicat Unité SGP Police d’Ille-et-Vilaine. Avant d’ajouter : "Même avec la meilleure volonté du monde, on ne peut pas éviter les tensions et les frustrations des retenus qui ont évidemment des difficultés à se projeter à cause du contexte sanitaire."

Deux policiers du centre de rétention administrative de Rennes ont été légèrement blessés pendant l'affrontement de vendredi 30 juillet. Selon la préfecture, ils n'ont pas souhaité cesser le travail.
Deux policiers du centre de rétention administrative de Rennes ont été légèrement blessés pendant l'affrontement de vendredi 30 juillet. Selon la préfecture, ils n'ont pas souhaité cesser le travail. © Sylvaine Saillou / France Télévisions

Concernant l’altercation du vendredi 30 juillet, le secrétaire départemental de l’unité SGP Police confirme que deux de ses collègues ont été blessés légèrement. "Ils ont dû faire usage du gaz lacrymogène pour éviter que ça ne s’envenime plus que ça". Des faits que la préfecture d’Ille-et-Vilaine confirme par mail.

Les violences exercées à l'encontre des personnels de police ont nécessité l'intervention de renforts de personnels de la PAF (police de l’air et des frontières) d’autres services mais aussi de personnels du commissariat de sécurité publique de Rennes qui ont été contraints de faire usage de moyens de défense collective pour pouvoir faire réintégrer les retenus dans les zones d'hébergements et leurs bâtiments respectifs.La préfecture d'Ille-et-Vilaine, par mail

La préfecture d’Ille-et-Vilaine assure un retour à la normal : "Malgré un évident climat de tension, un retour au calme a été constaté les jours suivants." A la suite de l’altercation, une procédure judiciaire a été ouverte sous l'autorité du Procureur de la République de Rennes et des plaintes ont été déposées.

*Les prénoms ont été modifiés.

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Le refus de test PCR en rétention devient un délit

Depuis le début de la crise sanitaire, cette pratique était dénoncée par de nombreux avocats  spécialistes en droit des étrangers. A partir du 9 août 2021, elle sera inscrite dans la loi : refuser un test PCR de dépistage du Covid-19 en rétention devient un délit. Le Conseil constitutionnel a donné son feu vert dans le cadre de la loi relative à la gestion de la crise sanitaire, ce jeudi 5 août. Passé presque inaperçu dans le projet de loi, l’article 2 réprime le fait, pour un étranger, de se soustraire aux "obligations sanitaire nécessaires" à son expulsion. Il risque jusqu’à trois ans de prison, sous réserve que le juge "vérifie la réalité de ce refus". 

 

 


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