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Source : Le monde - Cécile Ducourtieux - 10/09/2021

Le Royaume-Uni envisage de revoir l’interprétation britannique du droit de la mer afin de pouvoir repousser les personnes qui tentent de traverser la Manche depuis les côtes françaises.

La tension est encore montée d’un cran entre Londres et Paris sur la question des migrants, ce jeudi 9 septembre, après que le Home Office britannique a fait savoir qu’il envisageait de repousser les personnes tentant de traverser la Manche depuis les eaux territoriales de la France, suscitant l’agacement de Gérald Darmanin, le ministre français de l’intérieur.

Son homologue britannique, Priti Patel, aurait validé cette tactique du pushback et, selon le Times, demandé à Michael Ellis, le procureur général pour l’Angleterre et le Pays de Galles, de revoir l’interprétation britannique du droit de la mer, de manière à permettre aux forces de contrôle aux frontières d’intercepter les bateaux de migrants à leur arrivée dans les eaux nationales britanniques.

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En France, M. Darmanin n’a pas tardé à réagir. Jeudi, en fin de matinée, le locataire de la Place Beauvau a déclaré sur Twitter : « La France n’acceptera aucune pratique contraire au droit de la mer, ni aucun chantage financier (…) L’amitié entre nos deux pays mérite mieux que des postures qui nuisent à la coopération entre nos services. » C’est, en outre, une pratique « dangereuse pour la sécurité des personnes », a indiqué le ministère de l’intérieur, jeudi après-midi, réaffirmant son opposition à une telle mesure.

« On ne peut pas coopérer sereinement avec un voisin qui fait appel à des mesures de façon unilatérale », ajoute-t-on Place Beauvau. Dès lundi, dans une lettre adressée à Mme Patel, M. Darmanin avait prévenu que le recours aux refoulements en mer « risquerait d’avoir un impact négatif sur [leur] coopération ».

Changement de posture

« Toute nouvelle approche des forces frontalières sera déployée de manière légale », a précisé, jeudi, un porte-parole de Downing Street, confirmant les informations du Times et assurant : « Nous ferons en sorte que cette approche [repousser les migrants] soit testée et mise en pratique de manière sécurisée par des personnels entraînés. » « Nous dépendons en grande partie de l’action des Français [pour prévenir les passages], mais nous allons aussi utiliser toutes les tactiques possibles à notre disposition pour stopper [les passeurs] », avait déclaré, la veille, le premier ministre britannique, Boris Johnson, depuis la Chambre des communes.

Ce changement de posture fait suite à une rencontre entre M. Darmanin et Mme Patel, mercredi, en marge d’un G7 des ministres de l’intérieur, au cours de laquelle la ministre britannique a réitéré la frustration grandissante de Londres.

Les traversées de la Manche étant au plus haut, elles mettent à mal la crédibilité du gouvernement de M. Johnson, qui avait fait de la reprise du contrôle des frontières un des principaux arguments en faveur du Brexit. Le phénomène des small boats (de petites embarcations) a explosé depuis son apparition en 2018, pour atteindre des records cet été. A la faveur du beau temps, plus de 1 000 personnes ont réussi à gagner les côtes du Kent durant les sept derniers jours, ont assuré des sources du Home Office aux médias britanniques, portant le nombre de passages à un record historique d’au moins 12 600 depuis début 2021 (selon la BBC), contre seulement 1 800 passages en 2019.

A cause du Brexit, et en l’absence d’un accord migratoire spécifique avec Bruxelles, Londres n’est par ailleurs plus en mesure d’invoquer le règlement de Dublin, qui permet à un pays de l’Union européenne (UE) de renvoyer les migrants vers leur pays de première entrée.

Priti Patel est spécialement sous pression des médias conservateurs comme le Times ou le Daily Telegraph, qui évoquent régulièrement sa possible éviction du Home Office, pour n’avoir pas encore réussi à limiter la migration.

En août, des voix se sont aussi multipliées dans les rangs du Parti conservateur, mettant en doute la sincérité des efforts fournis par la France pour limiter les départs de small boats, et remettant en cause les sommes promises par Londres pour la sécurisation de la frontière.

Inquiétude des associations

« De notre côté, c’est assez peu audible d’entendre que la France n’honore pas ses engagements », indique-t-on Place Beauvau. Le ministère de l’intérieur rappelle que le dernier accord signé avec le Royaume-Uni, en juillet 2021, acte le doublement des effectifs policiers le long du littoral et le renforcement des moyens de surveillance, contre une participation financière britannique de 62,7 millions d’euros.

Il est précisé que « plus de 600 policiers et gendarmes sont mobilisés pour lutter contre les small boats chaque jour dans les Hauts-de-France » et que le taux d’empêchement des traversées est passé de « 52 % » en 2020 à « 62 % » en 2021. En outre, « le Royaume-Uni ne contribue qu’à une partie des dépenses. La sécurisation de cette frontière nous coûte plus de 200 millions d’euros chaque année », souligne le ministère.

Le renforcement continu des contrôles à la frontière franco-britannique inquiète les associations. « Avant, les gens tentaient de passer avec les camions. Maintenant, c’est trop compliqué, alors ils essayent avec les bateaux. Mais comme il y a beaucoup de policiers quand il fait beau, on peut craindre qu’à l’avenir, ils essayent de passer quand le temps est mauvais, dans des conditions toujours plus dangereuses », redoute Marguerite Combes, coordinatrice pour l’association Utopia 56 à Calais (Pas-de-Calais). Le 12 août, un Erythréen de 27 ans est mort après avoir tenté la traversée. En 2020, 10 personnes au moins ont péri ou ont disparu dans la Manche.

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Outre-Manche, les oppositions travailliste, libérale-démocrate et les ONG britanniques ont unanimement dénoncé le projet gouvernemental, mettant en doute sa légalité. « Le droit international oblige au sauvetage en mer, il est criminel et honteux que le gouvernement britannique réagisse ainsi », a déclaré l’ONG Channel Rescue sur Twitter.

Sur la chaîne BBC Radio4, Lucy Moreton, secrétaire générale de l’Immigration Services Union (ISU, un syndicat des employés du Home Office), a souligné la difficulté à mettre en œuvre les refoulements : « Ça m’étonnerait qu’on y ait un jour recours (…) vous ne pouvez pas repousser un bateau en difficulté et, en plus, vous avez besoin du consentement des Français pour les refoulements. »

L’option des refoulements ne serait-elle que de la pure gesticulation ? Downing Street a nié, jeudi, faire du « chantage financier » au gouvernement français. « Nous avons déjà versé à nos homologues français des sommes significatives et nous nous sommes engagés de nouveau à un accord bilatéral, soutenu par des millions de livres sterling. Nous travaillons avec Paris pour mettre cet accord en pratique », a assuré un porte-parole. Côté français, on se dit « toujours ouvert au dialogue » et on espère que les Britanniques « finiront par entendre raison ».

 

 


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