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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Leslie Carretero - 30/09/2021

L'association Droit à l'école dispense chaque jour, du lundi au samedi matin, des cours à des mineurs isolés étrangers déboutés de leur minorité et en attente de leur recours auprès du juge des enfants. "L'école des sans école" est une bouffée d'oxygène pour ces jeunes qui ont passé des mois sur la route de l'exil, mais aussi un tremplin avant d'intégrer un cursus de l'Éducation nationale. Reportage.

L'ambiance est studieuse dans les locaux du Ground control, bar parisien du 12 arrondissement, loin de l'atmosphère festive habituelle qui règne dans ce lieu. Depuis 2019, l'association Droit à l'école investit du lundi au samedi matin une partie du site pour donner des cours à des mineurs non reconnus par l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et en recours auprès du juge des enfants.

En attendant sa décision - qui peut prendre entre six et 18 mois - ces jeunes ne sont pas pris en charge par les départements et ne peuvent donc pas suivre une scolarité. "On s'est rendu compte que ces mineurs veulent tous aller à l'école mais rien n'est prévu pour eux alors on a créé 'l'école des sans école'", explique Sylvain Perrier, le fondateur de l'association.

Une cinquantaine de professeurs bénévoles se relaient chaque jour pour dispenser des cours de français, de mathématiques et de SVT (sciences de la vie et de la terre) à une soixantaine d'écoliers répartis selon leur niveau. En cette matinée de septembre, Sylvie* apprend à sept jeunes Africains à lire et à écrire.

"Une bouffée d'oxygène"

"Quel mot commence par 'ju' ?", "Comment tu épelles 'jupe' ?", demande la professeure à la classe. Awa*, la seule fille de l'équipe, prend consciencieusement des notes sur son cahier. Cette Ivoirienne de 16 ans n'est jamais allée à l'école dans son pays natal et a soif d'apprendre. "C'est dur le français mais c'est important que je sache lire et écrire", dit celle qui veut devenir sage-femme. 

Quand certains demandent une petite pause pour se détendre quelques minutes, Awa, elle, ne veut pas s'arrêter. "Non, on continue", répond l'adolescente qui ne lâche pas son cahier des yeux.

À l'heure du déjeuner, quatre jeunes d'un autre groupe révisent leur cours de mathématiques, prévu l'après-midi, et reprennent tous ensemble une addition au tableau.

 

Des jeunes révisent leur cours de mathématiques. Crédit : InfoMigrants
Des jeunes révisent leur cours de mathématiques. Crédit : InfoMigrants

 

"Ils sont très motivés, c'est une bouffée d'oxygène pour ces jeunes" qui ont vécu des mois voire des années sur la route de l'exil, constate Sylvie. La majorité sont aujourd'hui hébergés dans des hôtels sociaux grâce à des associations comme Médecins sans frontières (MSF) ou Utopia 56, après avoir passé plusieurs mois sous une tente dans les campements du nord parisien.

"Un sas indispensable"

À "l'école des sans-école", les jeunes ne restent que quelques mois. "Un sas indispensable", selon les mots de Sylvie, pour apprendre ou réapprendre aux mineurs la scolarité avant l'entrée dans les classes d'accueil pour les élèves nouvellement arrivés en France (UPE2A), en collège ou dans un cursus professionnel (CAP / bac pro).

"Le but est de les amener vers l'école, de les faire progresser en leur apportant un cadre", précise Sylvain Perrier. Sur les murs des salles de classe, les règles sont affichées : "Être à l'heure, écouter le cours, ne pas utiliser son téléphone…". Chaque élève dispose d'un emploi du temps, comme dans une "vraie" école.

 

Awa, très motivée, prend des notes sur son cahier. Crédit : InfoMigrants
Awa, très motivée, prend des notes sur son cahier. Crédit : InfoMigrants

 

Ce dispositif a permis à Ahmed de retrouver les chemins de la scolarité. Le Malien de 18 ans a suivi pendant six mois des cours au Ground control l'an dernier. À son arrivée, il ne parlait pas un mot de français. "Ça m'a aidé pour intégrer une classe d'accueil puis un CAP de podo-orthésiste début septembre", affirme-t-il dans un bon français, en montrant fièrement son carnet de correspondance de son lycée professionnel.

Le jeune homme revient presque tous les jours à "l'école des sans école" pour y faire ses devoirs. En plus de ses cours quotidiens, l'association Droit à l'école a également mis en place trois sessions de soutien scolaire par semaine.

Liste d'attente

Car les membres associatifs ne perdent pas de vue les élèves, une fois sortis de cette école d'un autre genre. En janvier 2021, un pôle orientation a aussi vu le jour afin d'aider les jeunes dans leurs démarches : choix d'orientation, stage, emploi, alternance…

À (re)lire : Laye Traoré, l'apprenti boulanger devenu le visage de la galère des jeunes étrangers en France

Et le système fonctionne. Pour l'année scolaire 2020 / 2021, qui a vu défiler un peu moins de 200 mineurs, 66 jeunes ont effectué un stage en entreprise et 17 ont obtenu un contrat en alternance, selon les chiffres de l'association. Une centaine d'autres ont été scolarisés en bac pro, en CAP, au collège ou en classe d'accueil.

Le modèle est une si grande réussite que l'école se retrouve victime de son succès. La liste d'attente ne désemplit pas. Pour parer au plus urgent, les associations qui orientent les mineurs vers cette école inscrivent donc en priorité les plus âgés. Car pour eux le temps presse : une fois qu'ils ont 18 ans, ils risquent l'expulsion s'ils n'ont pas intégré un cursus de l'Éducation nationale.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressées.

 


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