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Médecins du Monde | juillet 2014

Calais. 2 juillet. Nouvelle expulsion à 6h30 du matin du principal camp de migrants. Violence, gaz lacrymogènes, mise à l'écart des associations et des journalistes… Récit d’une sale journée.

Maheialden s’est réfugié dans un lavomatic, à l’ombre, en attendant la distribution de nourriture. Polo rose, sacoche en bandoulière, les yeux bleus. 30 ans, architecte, syrien. Mercredi matin, il était dans le camp de la rue de Moscou à Calais, évacué par les forces de l’ordre. « Ils ont commencé par lancer des gaz lacrymogènes et faire sortir les journalistes et les associations. Nous, on leur a dit qu’on voulait bien sortir tranquille et aller ailleurs mais ils ont refusé. On était tétanisé. Ils nous ont donné des sacs pour qu’on récupère nos affaires et ils ont détruits les tentes. »

Julie, bénévole pour Médecins du Monde, était plus loin, derrière les CRS, inquiète pour les migrants qu’elle côtoie régulièrement. Elle a seulement vu passer les cars. « C’était très dur, on ne savait pas ce qui se passait, j’étais en larmes. Un ami CRS faisait le cordon de sécurité, il était choqué. Les ordres étaient de ne laisser rentrer personne, sinon de taper dedans.» Une quinzaine de bus ont évacué plus de 600 migrants pour les emmener dans différents commissariats de la région. Maheialden et les autres syriens ont passé la journée dans celui de Calais. « Ils ont pris nos noms et prénoms, nous ont donné à manger et nous ont laissés partir en début de soirée. » Plus de 150 migrants sont revenus à Calais le soir-même. Il leur a fallu trouver un endroit pour dormir. Aujourd’hui encore, ils errent dans la ville et près du port. Ils guettent les camions. Et la police. Ils ont soif, faim, froid la nuit.

Les bénévoles de Médecins du Monde se sont organisés dès le lendemain pour trouver les nouveaux camps de migrants et apporter leur soutien. Partis en maraude avec des tentes, des duvets, des bâches, des jerricans d’eau à distribuer, ils sont les bienvenus partout où ils passent.

Ahmed est un journaliste soudanais. Il vivait au Darfour avec sa famille en collaborant à un site internet prônant la paix et les négociations. Quand son village a été détruit par les milices, sa mère lui a dit de s’enfuir. Il a traversé le Sahara avec une caravane de chameaux jusqu’en Libye puis a payé un passeur pour traverser la Méditerranée. Le reste de son histoire est semblable à celle de nombreux autres migrants. Il s’est entassé dans un bateau de fortune et grâce à la marine italienne, est arrivé vivant en Europe. Ahmed s’est installé dans un camp près d’une grande surface, avec d’autres soudanais. Deux policiers sont passés hier, ils n’ont rien dit, les soudanais ne font pas de vagues. Sur le parking d’en face, un garçon de 17 ans est mort écrasé par un bus. Il s’est accroché dessous en espérant traverser la Manche en même temps que les jeunes anglais qui rentraient chez eux. Il voulait tenter sa chance. « J’aimerais bien rester en France mais elle ne nous offre pas de nouvelle vie, elle nous laisse dans la rue. En Angleterre ils nous donnent d’abord une maison et après ils posent des questions. »

Maheialden sourit mais il est triste et épuisé. « J’ai quitté la Syrie depuis 60 jours. On n’a pas d’endroit où l’on se sent en sécurité pour manger, dormir, se doucher. On est perdu. » Il montre une photo de sa femme restée en Syrie et embrasse le téléphone. « La France est un beau pays mais elle n’accorde pas les même droits que les autres. » La France se contente d’évacuer des camps, de garder les migrants quelques heures au commissariat puis de les relâcher. Ils reviennent alors à Calais, refont des camps qui sont de nouveau évacués. La boucle est bouclée mais ces hommes, femmes et enfants souffrent toujours.

Ahmed et Maheialden ont tenté plusieurs fois le passage vers l’Angleterre. Ils réessaieront jusqu’à réussir.

Nolwenn Roussier. Juillet 2014


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