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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Maïa Courtois - 14/10/2021

Quinze jeunes hébergés par le 115 après avoir été expulsés du squat Kabako, à Bordeaux, ont été remis à la rue mardi. Ce jour-là, la préfecture leur a proposé de se présenter à un rendez-vous pour entrer dans un dispositif d'aide au retour volontaire. Or, tous ces jeunes sont en recours auprès du juge des enfants. Les associations dénoncent une entrave à l'accès aux droits.

Le couperet est tombé lundi 11 octobre. Quinze jeunes étrangers hébergés par le 115, à Bordeaux, devaient plier bagages, dès le lendemain matin. Ces 15 jeunes ont deux points communs. Tous sont en recours auprès du juge des enfants, afin de faire reconnaître leur minorité et leur isolement. Et tous sont issus du squat de Kabako, expulsé par la préfecture le 23 septembre 2021. Ce squat avait été ouvert au sein d'un ancien bâtiment du Conseil départemental, en juin 2020.

Le jour de l'expulsion, 39 jeunes étaient présents. Cinq étaient en pré-évaluation au Centre départemental de l'Enfance et de la Famille. Les 34 autres étaient en recours auprès du juge des enfants. Chacun a reçu une proposition d'hébergement d'urgence via le 115. Mais certains ont pris peur, et quitté Bordeaux. "Cela faisait des mois qu'ils se trouvaient en Gironde, ils ont voulu tenter leur chance ailleurs", explique Aude Saldana-Cazenave, coordinatrice de Médecins du Monde en Aquitaine.

Vingt-cinq jeunes sont restés pour être hébergés dans des hôtels par le 115. Mais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : ces places provisoires n'étaient garanties que jusqu'au 11 octobre. Anticipant l'échéance, plusieurs sont partis à leur tour vers d'autres villes. "On perd de vue des jeunes qui deviennent encore plus vulnérables, précarisés..." déplore Aude Saldana-Cazenave.

À lire aussi : Evacuation houleuse d'un squat de 300 personnes près de Bordeaux

À l'heure actuelle, 15 jeunes demeurent dans le radar des associations qui les suivent depuis le début : Médecins du Monde, le collectif Kabako et l'association Tremplin. À deux reprises, ces acteurs ont rencontré la préfecture. Une première fois le 24 septembre, au lendemain de l'évacuation et une seconde, le 7 octobre. Au premier rendez-vous, "on a demandé de maintenir l’hébergement des jeunes jusqu’au délibéré du juge des enfants. La préfecture s’était engagée à le faire, dans la dentelle, au cas par cas. On avait de l'espoir", retrace Aude Saldana-Cazenave.

Un chantage à l'hébergement ?

Mais le 7 octobre, c'est la désillusion. "Le matin même de cette réunion, le 115 nous a informé avoir reçu l'ordre de remettre à la rue des jeunes. Huit avaient déjà été mis dehors", dénonce la responsable de Médecins du Monde. Face aux protestations des associations, ces jeunes ont été réintégrés, le soir même, dans leur hôtel. Seules quelques nuits ont été gagnées. Lundi 11 octobre, le cabinet de la préfète prévient les associations par téléphone que l'hébergement des 15 jeunes prendra fin, définitivement, le lendemain matin.

Elle aurait alors fait une proposition étonnante. "La directrice de cabinet de la Préfète (...) a précisé qu’un rendez-vous à l’OFII serait organisé le jour-même pour leur proposer une aide au retour dans leur pays d’origine en échange d’une prolongation de leur hébergement", affirment La Cimade et Médecins du Monde dans un communiqué paru le 12 octobre. Une forme de chantage à l'hébergement. Ce que réfute en bloc la préfecture : "Ils écrivent tout et n'importe quoi. Cela n'a jamais été conditionné à un retour : c'est sur la base de volontariat" réagit-elle auprès d'InfoMigrants.

Savoir s'il y a eu ou non un chantage explicite ne change pas le fond du problème. À savoir : la préfecture propose à des jeunes en recours, disposant pour la plupart de dates d'audience, d'entrer dans un dispositif d'aide au retour. Pour les associations, il s'agit là d'une obstruction à une démarche d'accès aux droits. Au téléphone, la préfecture balaie : "Au moment où l'on se parle, ces jeunes ont été déclarés majeurs".

La Défenseure des droits saisie

Parmi les jeunes concernés, on trouve un jeune Afghan. Interrogé sur la pertinence du retour volontaire, au vu de la situation dans son pays d'origine, la préfecture indique "ne pas rentrer dans ce niveau de détails". Médecins du Monde nous assure pourtant avoir transmis une liste précise des jeunes, avec leurs nationalités, et leurs dates d'audience.

La Défenseure des droits a été saisie. Le jour même, elle a ouvert un dossier sur l'affaire, pris contact avec la préfecture et transmis l'information au ministère de l'Intérieur, selon Médecins du Monde.

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Pour l'heure, aucun jeune ne s'est présenté à l'OFII. Et la préfecture ne bouge pas de sa ligne. "On peut les prendre en charge au centre de préparation de l'aide au retour, situé à Libourne, et géré par France Horizon", nous indique-t-elle. "S'ils ne le souhaitent pas, ils relèvent des dispositifs de droit commun, par le biais du 115".

Une situation révélatrice de l'entre-deux dans lequel sont coincés les jeunes en recours. Ni assez mineurs pour être hébergés par l'ASE ; ni assez majeurs pour le 115 (qui ne peut accueillir que des personnes majeures). Aujourd'hui, les 15 jeunes dorment à l'abri grâce à de l'hébergement solidaire. Une solution éphémère : "Ca craque de partout : on leur laisse ça et là un bout de canapé", décrit Aude Saldana-Cazenave. "Cela va durer seulement deux ou trois nuits".

 

 


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