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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - Julia Pascual - 25/10/2021

Il y a deux ans, le gouvernement a simplifié les démarches pour une série de « métiers en tension ». Insuffisant, déplorent des spécialistes, qui contestent la liste et la logique retenue.

Ce devait être le pendant libéral du virage sécuritaire. A l’issue du débat parlementaire organisé en octobre 2019 sur l’immigration, à la demande d’Emmanuel Macron, le gouvernement avait dévoilé une série de mesures à la tonalité majoritairement répressive, visant à « reprendre le contrôle » des flux migratoires. Parmi elles, la modernisation de la politique d’immigration professionnelle devait au contraire faciliter le recrutement d’étrangers pour les employeurs en mal de main-d’œuvre. « Nous n’avons jamais été aussi loin en matière d’immigration économique », assurait Matignon. Deux ans plus tard, quid de cette promesse ?

Les démarches qu’un employeur doit entreprendre pour obtenir une autorisation de travail lorsqu’il veut embaucher un étranger ont été dématérialisées et simplifiées. La liste des métiers dits « en tension » – pour lesquels l’employeur n’a pas besoin de prouver qu’il n’a pas réussi à pourvoir le poste en France – a également été actualisée (elle ne l’avait pas été depuis 2008). On trouve ainsi dans un arrêté d’avril de nouvelles listes de métiers par région, parmi lesquels carrossier, charcutier, géomètre, ingénieur BTP, plombier ou encore technicien des assurances.

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S’il est trop tôt pour quantifier les effets de la réforme, a fortiori dans le contexte de crise sanitaire qui a chamboulé les déplacements de personnes et l’économie, le ministère de l’intérieur assure qu’il s’agit d’un véritable « bond en avant ». « C’est une transformation structurelle majeure, appuie Jean-Christophe Dumont, économiste et expert des migrations internationales auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Il faut voir comment tout ça se met en œuvre mais si les employeurs sont au courant et qu’ils ont des besoins réels, cela devrait se traduire par plus de titres de séjour. »

« Un discours hypersélectif »

Ce point de vue ne fait cependant pas l’unanimité. « C’est un effet d’annonce, considère Hillel Rapoport, professeur à l’Ecole d’économie de Paris et spécialiste des migrations. Beaucoup de pays ont pratiqué les listes de métiers en tension et cela soulève deux problèmes. D’abord, il y a un décalage entre ces listes bureaucratiques et les besoins de l’économie, qui évoluent vite. Ensuite, je ne pense pas que l’immigration doive être à l’initiative de l’employeur et fondée sur un métier. Les pays anglo-saxons font venir les gens pour ce qu’ils sont, leur niveau d’éducation, leur capital humain, leur démarche active d’intégration. On n’enferme pas les gens dans un métier. » Dans son ouvrage, Repenser l’immigration en France. Un point de vue économique (Rue d’Ulm, 2018), M. Rapoport invite à se défaire d’une vision malthusienne et à « repenser l’immigration comme une contribution positive ».

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En France, l’immigration économique est depuis longtemps réduite à la portion congrue. Elle a représenté en 2019 un peu plus de 39 000 titres de séjour, soit seulement 14 % de l’ensemble des titres délivrés. Le chiffre est toutefois en progression, sous l’effet du dispositif des passeports talents, créé en 2016 et destiné aux profils hautement qualifiés d’entrepreneurs, chercheurs ou salariés. Car c’est bien cette immigration que les pouvoirs publics cherchent à valoriser.

Preuve en est, « on ne retrouve pas les postes peu qualifiés de la restauration ou du nettoyage dans la nouvelle liste des métiers en tension, alors qu’on sait qu’ils sont beaucoup exercés par une main-d’œuvre immigrée, remarque Marilyne Poulain, chargée des travailleurs sans-papiers à la CGT. Ça ne correspond pas du tout à la réalité ».

Selon une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) publiée en septembre sur « Les métiers des immigrés », près de 40 % des employés de maison sont des immigrés, ainsi que plus de 28 % des agents de gardiennage et de sécurité, 27 % des ouvriers du BTP, 20 % des employés de l’hôtellerie-restauration ou encore plus de 17 % des agents d’entretien. A l’heure où les pouvoirs publics s’inquiètent, face au rebond de croissance, de la pénurie de main-d’œuvre dans ces secteurs, ce tabou interroge.

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Président de l’université Paris Dauphine-PSL et professeur d’économie, El Mouhoub Mouhoud observe qu’« il existe un discours hypersélectif qui valorise les talents parce qu’on pense que l’acceptabilité de l’immigration est plus forte si on parle des qualifiés, alors qu’en réalité les besoins de notre économie se situent à tous les échelons ».

Couac

Récemment, le gouvernement a annoncé des primes et des plans de formation pour attirer les chômeurs vers ces filières, tandis que le patronat évoque des hausses de salaire. « Mais ce n’est pas parce que vous augmentez le salaire de 15 % de celui qui manipule le marteau-piqueur que vous attirerez des autochtones, affirme El Mouhoub Mouhoud. Il y a aussi une question de pénibilité que le travailleur migrant accepte transitoirement parce qu’il compare cela au niveau de salaire et à la pénibilité du travail dans son pays. »

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« On a des postes peu qualifiés, comme plongeur ou commis de cuisine, qui ont des contraintes de pénibilité et d’amplitude horaire que les Français ne veulent plus subir, abonde Vincent Sitz, chargé des questions d’emploi et de formation au sein du Groupement national des indépendants (GNI), un syndicat patronal de l’hôtellerie-restauration. L’essentiel du personnel qui nous rejoint est étranger. »

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Un couac a récemment mis en lumière combien cette donne est négligée. A la faveur de la loi « sécurité globale », promulguée en mai, une disposition prévoit désormais que l’exercice du métier d’agent de sécurité privé est conditionné à la détention d’un titre de séjour depuis au moins cinq ans. Un élément dont ni la profession ni les députés La République en marche (LRM), auteurs du texte, ne semblent avoir anticipé l’impact. Résultat : « On estime qu’environ 30 % des candidats sont aujourd’hui refusés à cause de cette nouvelle condition », rapporte Cédric Paulin, secrétaire général du Groupement des entreprises de sécurité, qui déplore une « pénurie accrue » au moment où le contrôle du passe sanitaire augmente la demande d’agents de sécurité.

« Même dans des secteurs où leur proportion est faible, les immigrés peuvent être un élément clé, souligne Jean-Christophe Dumont. C’est le cas de la récolte dans l’agriculture. » L’épisode de la clémentine corse l’a démontré lorsqu’en octobre 2020, en pleine pandémie, un pont aérien a été organisé entre le Maroc et la Corse pour faire venir quelque 900 saisonniers sous peine de perdre la récolte fruitière.

A l’issue du premier confinement, des voix syndicales et associatives s’étaient élevées pour demander la régularisation des travailleurs sans-papiers dont le caractère essentiel avait été mis en lumière par la crise sanitaire. Leur appel auprès du gouvernement est resté lettre morte.

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Place Beauvau, on assure toutefois être attaché à la mise en œuvre de la circulaire de 2012, dite « circulaire Valls », qui permet notamment de régulariser près de 8 000 personnes chaque année au titre du travail. « Notre politique ne cible pas le travailleur qui s’insère tranquillement », assure-t-on dans l’entourage du ministre de l’intérieur. Ce volant de régularisation de travailleurs reste cependant faible. Il est par définition impossible d’évaluer précisément le nombre de sans-papiers sur le territoire, mais, selon les estimations, ils pourraient être entre 380 000 et 600 000.

 

 


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