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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants -Julia Dumont - 04/11/2021

Des travailleurs sans-papiers de l'entreprise de ramassage de déchets, Sépur, sont en grève depuis le 11 octobre. Ils réclament leur régularisation pour mettre fin, entre autres, à des pratiques de racket. Plusieurs d'entres eux se disent victimes d'extorsion par leurs chefs de dépôt. Ils prévoient de déposer plainte.

L’heure est à la lutte sociale pour les travailleurs sans-papiers de l’entreprise de ramassage de déchets Sépur. Ils sont des dizaines à s’être mis en grève depuis le 11 octobre pour obtenir leur régularisation. Parmi eux, plusieurs ont une raison supplémentaire de se battre.

>> À (re)lire : Grève de sans-papiers à Sépur : "Ils savent qu’on n’a pas de papiers donc ils en profitent"

Nedjif, Baradji, Malle et Mohamet ont en commun d’être employés comme ripeurs, du nom de ces personnes qui collectent les poubelles et les vident dans la benne. Ils disent avoir été contraints de verser une partie de leur salaire à leurs chefs de dépôt

 
pour conserver leur emploi. Avec d’autres employés victimes du même système, ils s’apprêtent à déposer une plainte.

Nedjif, Baradji, Malle travaillent au dépôt de Villejust (Essonne) et décrivent un système de d’extorsion bien organisé et géré par au moins deux chefs.

Employé à Sépur depuis mars 2019, Nedjif se souvient du moment où, en juin dernier, l'un de ces chefs lui a expliqué que s'il voulait continuer à travailler, il allait "devoir lui donner 10% de [son] salaire". "En échange, il me promettait de me faire travailler beaucoup d’heures", explique le jeune homme.

"Je pouvais travailler mais c’était payant"

Malle, lui, a été soumis à ce système dès son embauche, début 2021. Ce Malien de 30 ans, qui en paraît dix de moins, raconte que dès le jour de son inscription au dépôt de Villejust, ses chefs ont su que les papiers d’identité qu’il présentait n’étaient pas les siens. "L’un d’eux m’a dit que je pouvais travailler mais que c’était payant. Il fallait que je lui donne 10 % de mon salaire."

Les salaires des ripeurs tournent autour de 1 500 euros mais peuvent varier d’un mois à l’autre, selon le nombre d’heures de travail effectuées. Nedjif et les autres doivent généralement remettre entre 150 et 200 euros à leurs supérieurs. Mais certains n’hésitent pas à exiger encore plus.

"En décembre 2020, un responsable m’a dit qu’il savait que ce n'était pas mes papiers. Il m’a dit que si je voulais continuer à travailler, je devais lui verser 400 euros tous les mois", raconte Mohamet, qui travaille depuis deux ans comme ripeur pour Sépur au dépôt de Villeparisis (Seine-et-Marne).

"Parfois, il ne me reste que 100 euros pour vivre"

Mohamet n’a rejoint la grève que lundi 1er novembre. Avant son arrivée au piquet de grève installé devant l'Hôtel de ville de Bobigny, il ignorait qu'une plainte se préparait. Très discret, il se dit soulagé d’avoir découvert qu’il n’était pas le seul à subir cette injustice.

Soulagé aussi de réaliser que cette plainte pourrait le libérer de l’emprise de son chef. À l’écart des autres, le jeune homme confie presque à voix basse sa détresse : "En plus des 400 euros que je donne au chef, je dois payer 150 euros par mois le foyer où je dors, j’envoie aussi de l’argent à ma famille au Mali. Parfois, il ne me reste que 100 euros pour vivre."

 

Le message que Malle a reçu de son chef de dépôt. Crédit : DR
Le message que Malle a reçu de son chef de dépôt. Crédit : DR

 

Nedjif, Malle et Baradji sont tous les trois très motivés par le dépôt de plainte mais savent que la partie n’est pas gagnée car ils manquent de preuves. 

>> À (re)lire : Covid-19 : plus de 12 000 travailleurs étrangers "en première ligne pendant la crise sanitaire" naturalisés

Les chefs de dépôt ne laissent pas de traces, expliquent-ils. La transaction se fait en liquide et en mains propres, au dépôt, décrivent les ripeurs. "Quand le responsable vient me demander de l’argent, il ne veut pas que j’aie mon téléphone sur moi. Il a peur que je le filme ou l’enregistre", assure Baradji.

"Pense à ce que tu sais"

Nedjif, lui, raconte avoir déjà reçu des SMS, mais le racket n'y est jamais formulé explicitement. "Généralement, on est payés le 12 du mois, donc le 12 au soir, ou le 13, il m’envoie un message pour me dire de penser à ça mais il ne le dit jamais vraiment", explique le jeune homme.

Malle a conservé sur son téléphone l’un de ces messages. Hospitalisé en octobre pendant plusieurs jours pour un problème respiratoire, il n’a pas pu se rendre au dépôt pendant cette période.

"Pense à ce que tu sais Mohammed [prénom de la personne dont Malle utilise les papiers pour travailler, ndlr] stp merci", lui envoie alors l’un des deux chefs que les ripeurs accusent d’extorsion. "Je venais d’être absent parce que j’avais passé plusieurs jours à l’hôpital. Il n’a jamais pris de mes nouvelles mais n’a pas oublié de m’envoyer ça", constate, amer, Malle.

Sépur a réagi à ces accusation dans un communiqué publié le 27 octobre. L’entreprise affirme avoir ouvert une enquête interne à ce sujet et assure qu’elle "condamnera avec la plus grande sévérité ces pratiques intolérables si elles venaient à être avérées”.

À l’Hôtel de ville de Bobigny, les grévistes, eux, espèrent mettre un terme à un système d'abus et d'impunité. "Ils savent qu’on ne peut rien faire en tant que sans-papiers", s'agace Baradji.

 

 


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