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Source : Le monde - Marina Rafenberg - 08/11/2021

En mission sur l’île de Samos, Cornelia Ernst, du parti allemand de gauche Die Linke, a rencontré cinq demandeurs d’asile qui disent avoir échappé à cette pratique illégale.

« Lorsque nous sommes sortis du bateau, nous avons entendu des tirs, nous avons grimpé dans les montagnes. Nous étions cinq adultes et nous pouvions courir… Mais les dix-neuf autres personnes, dont trois enfants, ont disparu », témoigne un jeune Somalien, dans une vidéo diffusée vendredi 5 novembre sur Twitter par Cornelia Ernst, membre du parti allemand de gauche Die Linke.

Lors de sa visite de trois jours en compagnie d’une délégation de la commission des libertés civiles du Parlement européen, en Grèce, et notamment sur l’île de Samos, où a été inauguré début septembre un nouveau camp ultrasécurisé, l’eurodéputée a rencontré cinq réfugiés somaliens qui affirment avoir échappé à un refoulement vers la Turquie. Une pratique contraire aux droits international et européen qui consiste à ne pas enregistrer les demandeurs d’asile en Grèce et à les renvoyer de force vers les eaux territoriales turques.

Police qui « intimide »

Le 3 novembre, lorsque Cornelia Ernst et ses collègues rencontrent plusieurs ONG à Samos, un avocat et des humanitaires de Médecins sans frontières (MSF) les informent qu’« à ce moment même sur l’île un groupe de personnes a peur d’être refoulé et a appelé une ligne téléphonique d’urgence pour demander de l’aide ». Cornelia Ernst dit alors avoir pris la « décision personnelle » de suivre les humanitaires pour voir de ses propres yeux ce qu’il se passait. La délégation a suivi le programme qui était prévu pour leur visite et n’a pas souhaité se joindre à l’expédition.

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Avec trois membres de MSF, l’eurodéputée se rend donc sur la localisation indiquée au numéro d’urgence par les demandeurs d’asile. Dans un premier temps, la police ne les laisse pas passer, mais Cornelia Ernst montre sa carte de membre du Parlement européen. « Il y avait au moins quatre voitures de police autour du site, (…) certains policiers avaient des uniformes, d’autres non. Deux hommes en uniforme bleu sans insigne portaient des masques noirs recouvrant leur visage », décrit l’élue.

Après quinze à vingt minutes de recherches, quatre hommes et une femme sortent des buissons. « Ils disaient qu’ils étaient somaliens et qu’ils étaient arrivés dans la nuit avec dix-neuf autres personnes qu’ils ont perdues de vue après leur débarquement. Parmi eux se trouvaient des femmes et trois enfants », explique Cornelia Ernst. Effrayés, les demandeurs d’asile se cachaient par peur d’être renvoyés de force en Turquie par la police.

« Lorsque nous allons faire ce type d’intervention, ce qui, malheureusement, arrive de plus en plus souvent, nous emmenons avec nous des vêtements, de l’eau, de la nourriture, car les réfugiés sont trempés, déshydratés, et ils ont froid », souligne Patrick Wieland, chef de mission de MSF à Samos.

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« La police ne nous empêche pas de faire notre travail mais nous intimide », explique-t-il, affirmant toujours informer par courriel « la police grecque, les gardes-côtes, le directeur du camp, pour ne pas être accusés à tort de faciliter l’immigration illégale vers la Grèce ». « Le 25 juin, un collègue a été arrêté et mis en garde à vue pendant douze heures sans raison. De mauvais vents soufflent sur l’Europe, et la criminalisation de l’aide aux réfugiés se banalise. » Les cinq demandeurs d’asile ont bien été enregistrés le 3 novembre dans le camp de Samos et doivent désormais rester quinze jours en quarantaine, en raison de l’épidémie de Covid-19.

Un avocat ciblé par le ministre des migrations

Cornelia Ernst a demandé aux gardes-côtes grecs et au ministère des migrations des informations sur cette affaire. Lors d’une conférence organisée à la dernière minute le 4 novembre, à Athènes, le ministre grec des migrations, Notis Mitarachi, a précisé qu’il allait demander « une enquête au parquet », mais a aussi trouvé « très particulier qu’un habitant sache où et quand étaient cachés des migrants ». Des propos visant directement Dimitris Choulis, un avocat spécialisé dans le droit des réfugiés qui défend depuis des mois les rescapés de refoulements vers la Turquie et dénonce les agissements des autorités grecques.

Des hotlines comme celle gérée par l’ONG Aegean Boat Report informent en direct des arrivées sur les îles grecques, souvent avec des photos et des géolocalisations précises envoyées par les migrants, d’où les informations obtenues par l’avocat. « Les réfugiés à Samos transmettent aussi à leurs amis ou famille mon numéro de téléphone pour que je leur vienne en aide. Je n’ai rien à cacher, le procureur peut chercher… Ce n’est pas la première fois qu’on me menace d’une procédure », note-t-il.

Les défenseurs des droits de l’homme, les enquêtes journalistiques, et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés ont documenté ces refoulements illégaux de migrants vers la Turquie. La Commission européenne a appelé Athènes, en octobre, à mettre en place un mécanisme indépendant pour enquêter sur ces violations aux frontières. Mais M. Mitarachi a toujours nié ces accusations et affirme que la Grèce dispose « d’autorités indépendantes pour enquêter ». Cornelia Ernst en est pourtant persuadée : « Si nous n’avions pas été là [le 3 novembre], ces réfugiés n’auraient pas été capables de demander l’asile. »

 

 


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