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Source : Le monde - Pauline Grosjean - 10/11/2021

Trois économistes ont montré que, paradoxalement, le sauvetage des naufragés en Méditerranée incite les réfugiés à prendre plus de risques, rapporte Pauline Grosjean dans sa chronique.

Chronique. Entre la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août, et le retrait de l’armée américaine et de ses alliés quinze jours plus tard, des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes ont réussi à fuir l’Afghanistan en s’entassant dans des vols d’évacuation après une lutte acharnée aux portes de l’aéroport. Désormais, ce moyen de fuite est fermé. Pour les autres candidats à l’exode parmi les quelque 2,2 millions d’Afghans ayant déjà fui dans les pays voisins, les 3,5 millions de déplacés internes et les 14 millions menacés par la famine, il ne reste que l’espoir, minime, d’obtenir un statut de réfugié, ou de prendre la voie terrestre, avec, au bout, pour ceux qui rêvent d’Europe, la traversée de la Méditerranée.

La Méditerranée est aujourd’hui la voie maritime la plus dangereuse du monde. La barre de 20 000 migrants morts en Méditerranée a été franchie en 2020, selon les chiffres des Nations unies. Au premier semestre 2021, le nombre de morts avait doublé par rapport à la même période de l’année précédente, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Alors même que les efforts européens de secours, sous l’influence des opinions publiques à juste titre outragées et de la pression médiatique, n’ont cessé de s’intensifier pour empêcher les naufrages.

Ces efforts de secours, si essentiels soient-ils à sauver de nombreuses vies, inciteraient-ils les passeurs à utiliser des embarcations de plus en plus vétustes, à un prix moindre, avec pour effet une augmentation du nombre de migrants… et du risque de traversée ?

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C’est la thèse avancée par les trois économistes Claudio Deiana, Vikram Maheshri et Giovanni Mastrobuoni (« Migrants at Sea : Unintended Consequences of Search and Rescue Operations », CEPR Discussion Papers, n° 16173, 2021). Les auteurs développent un modèle théorique qui prédit que si les opérations de sauvetage diminuent le risque de naufrage (une hypothèse raisonnable) plus de migrants tenteront la traversée, même dans des conditions météorologiques moins favorables, et dans des bateaux moins solides (pour lesquels le prix de la traversée sera moins élevé). L’impact sur le risque effectif de naufrage est donc théoriquement ambigu : d’une part les opérations de sauvetage le réduisent, mais, de l’autre, plus de migrants partent dans des conditions métrologiques moins favorables et sur des bateaux plus vétustes.

Intensification des opérations

Les données sur les tentatives de passage collectées quotidiennement par la police italienne entre 2009 et 2017 montrent que le risque de traversée a bel et bien augmenté après l’intensification des opérations de sauvetage à partir de 2013 (opération « Mare Nostrum »). La plupart des traversées supplémentaires ont eu lieu sur des bateaux gonflables, dont le risque de naufrage est estimé de dix à vingt fois plus important que celui des autres bateaux précédemment utilisés par les passeurs. Ainsi, le « marché de la traversée » a connu une expansion grâce aux opérations de sauvetage, dont les passeurs sont les bénéficiaires.

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Cependant, ne pas secourir ces migrants est non seulement inconcevable d’un point de vue moral, mais aussi complètement illusoire. En effet, la demande de migration ne fait qu’augmenter, non seulement du fait des évolutions géopolitiques, mais aussi en conséquence, déjà amorcée, du réchauffement climatique.

La seule bonne parade serait d’augmenter la migration légale. Une solution moins risquée pour les migrants… mais politiquement plus risquée par les temps qui courent en Europe pour les gouvernements et les candidats aux élections. Ceux-ci devraient pourtant s’intéresser à l’attribution récente du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques (prix Nobel d’économie) au Canadien David Card, dont les travaux ont prouvé que l’arrivée de 125 000 réfugiés cubains en 1980 sur les côtes américaines n’avait eu aucun impact négatif sur le taux de chômage et les salaires (« The Impact of the Mariel Boatlift on the Miami Labor Market », David Card, Industrial and Labor Relations Review, n° 43/2, 1990).

 

 


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