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Source : france culture - Sylvie Bermann et Olivier Clochard - 02/12/2021

Entre Londres et Paris, l’heure est à la brouille. Et les migrants paient cher la situation.

Après un drame dans la Manche fin novembre, la mort au large de Calais d’au moins vingt-sept migrants qui tentaient de gagner les côtes anglaises dans le naufrage de leur embarcation, la mésentente entre Boris Johnson et Emmanuel Macron a atteint des sommets. 

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Les prises de bec autour de la gestion de la migration dans la Manche font suite à des tensions après “l’affaire” des sous-marins français boudés par l’Australie, et alors que les discussions autour des licences de pêche sont elles aussi compliquées, voire conflictuelles. Les contextes politiques, dans les deux pays, ne facilitent pas le réchauffement des relations bilatérales. Le président français sait le sujet migratoire brûlant à l’approche des élections. Et Boris Johnson accuse des moments difficiles jusque dans son propre camp politique. 

La toile de fond, c’est un Brexit long et difficile à appliquer : Londres revoit la totalité de sa politique européenne et étrangère. Les relations sont logiquement compliquées entre un Emmanuel Macron qui se présente comme un acteur de l’Union européenne et un Boris Johnson qui doit son succès politique au rejet de cette dernière. Et c’est avec elle que le Royaume-Uni est encore empêtré dans des négociations concernant le protocole commercial sur l'Irlande du Nord.

Les migrants, eux, paient chèrement la situation. C’est une autre tendance globale : le sort des migrants est devenu un enjeu diplomatique et l’objet de toutes les surenchères entre nations. 

Nous en parlons ce matin avec Sylvie Bermann, diplomate et ancienne ambassadrice de France au Royaume Uni de 2014 à 2017, qui a fait paraître cette année Goodbye Britannia (Stock). Elle est rejointe en seconde partie d'émission par Olivier Clochard, chargé de recherche au CNRS, co-directeur du laboratoire Migrinter (Université de Poitiers) et membre du réseau Migreurop.

Une véritable crise

S'agit-il d'une anicroche, d'une péripétie, ou bien d'une crise entre la France et la Grande-Bretagne ?

Je pense qu'il s'agit d'une véritable crise. En fait, les relations entre les deux pays ont été très bonnes jusqu'au Brexit. Il y avait évidemment des rivalités, parce que nous sommes des pays semblables, notamment par notre place sur la scène internationale. Sylvie Bermann
Mais avec le Brexit, tout a changé. Boris Johnson veut prouver que cela a été un succès, ce qui est encore à démontrer car il y a beaucoup de difficultés au Royaume-Uni. Dans ces cas-là, l'Union européenne est forcément bouc émissaire, et en son sein, c'est la France, son grand voisin, qui prend. C'est donc une véritable crise, qui dépasse la question des migrants, des pêches ou du protocole nord-irlandais. Sylvie Bermann
Ce que cherche Boris Johnson

Qui est au fond Boris Johnson ? Il y a beaucoup d'interrogations aujourd'hui sur la psychologie du Premier ministre britannique. Au-delà de ça, que cherche-t-il ?

Ce qu'il cherche avait été résumé assez bien pendant les débats de la campagne pour le Brexit. Il y avait des discussions sur les conséquences économiques chiffrées, et une ministre dans le camp du Remain avait dit : "le seul chiffre qui intéresse Boris Johnson, c'est le numéro 10 de Downing Street". Il avait cette ambition personnelle de devenir Premier ministre et de remplacer David Cameron. Il ne croyait pas au Brexit, il y a adhéré pour des raisons opportunistes parce qu'il considérait que cela représentait une grande partie du parti conservateur. Sylvie Bermann

Aujourd'hui, la politique de Boris Johnson est-elle la conséquence cohérente du Brexit, ou bien est-ce une forme de politique à vue parce qu'il a hérité d'une situation inconfortable ?

Il hérite en fait d'une situation qu'il a créée, puisqu'il est le principal responsable du Brexit. S'il n'y avait eu que Ukip, le parti ultranationaliste, ce dernier n'aurait pas pu l'emporter. Boris Johnson était la personnalité politique la plus appréciée, et cela a permis de faire pencher la population en faveur du Brexit. Il a créé la situation, et c'est aussi pour cela qu'il veut démontrer que c'est un succès. Or on a bien vu les difficultés économiques : la Cour des comptes britannique montre par exemple que les conséquences du Brexit sont pires que celles du Covid. Sylvie Bermann
France et Royaume-Uni face aux migrants

Comment appréhender ce qui se passe aujourd'hui entre la France et le Royaume-Uni sur la question des réfugiés ?

Il y a des tensions depuis longtemps autour de la question des personnes migrantes qui tentent de gagner l'Angleterre depuis la France, et ce pour différentes raisons. Néanmoins, il y a aussi eu beaucoup d'accords internationaux et d'arrangements administratifs visant à rendre très difficile le passage des personnes en situation irrégulière. Olivier Clochard
C'est un problème très difficile, à la fois humain et politique, puisque le Brexit est en partie le résultat d'une hostilité aux migrants. Le Royaume-Uni confondait d'ailleurs à l'époque les migrants venant de l'Union européenne (Roumanie, Bulgarie...) et ceux qui venaient plutôt d'anciens pays du Commonwealth. Quand j'étais au Royaume-Uni, il y a eu un accord entre Theresa May et Bernard Cazeneuve qui a conduit à bloquer le tunnel et le port. Mais au bout de quelques années, les migrants ont commencé à trouver d'autres moyens de passage : il y a 150 km de côtes, donc c'est difficile de tout surveiller, et cela fait la richesse des passeurs. Sylvie Bermann
Etats européens et passeurs

Il est souvent question de ces passeurs. Que sait-on à leur sujet ? Sont-ils responsables de la situation ou bien sont-ce des cibles faciles ?

Pour moi, c'est une cible facile, comme nous l'avons dit dans une tribune publiée dans Le Monde avec plus de 200 chercheurs. Les premiers responsables sont les Etats européens. On a des politiques qui sont dans des impasses, et à chaque fois, on met la question sur le dos des passeurs. Effectivement, des personnes peu scrupuleuses abusent de ce trafic, mais si l'on avait une politique d'accueil et de circulation digne de ce nom, on n'en serait pas là. Olivier Clochard
On voit bien que depuis 2000, il y a eu un ensemble de traités qui montrent une dérive sécuritaire : aujourd'hui, la question migratoire est exclusivement sous la coupe du Ministère de l'Intérieur. Olivier Clochard

 


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