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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Médiapart - Nejma Brahim - 02/12/2021

Plusieurs centaines de migrants ont tenté d’entrer en Pologne la semaine dernière. Dans la forêt située côté polonais, activistes et médecins bénévoles croisent toujours des familles ou hommes seuls, traumatisés et transis de froid, qu’ils aident du mieux qu’ils peuvent. Des avocats se mobilisent pour faire respecter le droit d’asile.

Podlachie (Pologne).– Dans la cour du centre d’accueil, derrière la grille qui sépare les lieux du monde extérieur, une silhouette rouge tue le temps. « On vient d’arriver ici, hier soir, avec mon frère », dit-elle d’une voix douce, dans un anglais parfaitement maîtrisé. Entourée d’un sol mouillé par la pluie et d’un ciel grisâtre, mercredi 24 novembre, Alia* tente de résister au froid saisissant et rabat la capuche de sa grosse veste sur la tête. « Pour traverser la frontière, c’était horrible. Quand j’ai vu ce qu’il se passait là-bas, quand j’ai compris qu’il fallait sauter les barbelés, j’ai voulu faire demi-tour pour retourner à Minsk. Mais les soldats ne nous ont pas laissés. »

Poussés par les bras armés biélorusses, Alia et son frère Zain*, dans un groupe composé d’une soixantaine de personnes, ont dû se résoudre à franchir la frontière. « Les gens se marchaient les uns sur les autres. Il y avait des femmes enceintes, des enfants. » Tous deux passent cinq jours cachés dans la forêt, côté polonais, du 19 au 23 novembre. Ancien scout, Zain a pensé à emporter une tente et des sacs de couchage. Il parvient également à se repérer dans la forêt grâce à une boussole. « Il avait pris des petits encas caloriques à manger… C’est grâce à lui qu’on est là », sourit-elle tout en l’étreignant. Retrouvés par des maraudeurs solidaires dans la forêt, ces derniers les ont d’abord déposés au poste de police de Grabarka, puis dans ce centre d’accueil dont le nom doit être, pour des raisons de sécurité, tenu secret.

Des exilés dans la cour d'un centre d'accueil pour migrants à Białystok, en Podlachie. © NB.

Originaires de Damas, en Syrie, Alia et Zain ont cru ce qu’ils ont pu lire dans des boucles WhatsApp, où certains affirmaient qu’il était possible d’obtenir un visa pour Minsk, que le voyage ne durerait que deux jours. « Quand on vit dans un pays déglingué, tout est bon pour en sortir… La Syrie n’est pas un pays sûr, une amie à moi a été blessée. On voulait vivre en sécurité et demander l’asile en Europe », raconte Alia, qui a déboursé 4 000 dollars, comme son frère, pour fuir la Syrie. L’agence de voyage organisait le reste, « sans passeurs ». « Tout était légal », jure-t-elle. Face au risque d’être renvoyés en Biélorussie (lire ici les témoignages des exilés bloqués côté biélorusse), cette ancienne étudiante en arts marque sa stupéfaction : « La Pologne a aussi sa part de responsabilité. C’est insensé de refouler des gens quand on sait la souffrance qui les attend de l’autre côté. Il y a des bébés, c’est un crime ! »

Les migrants tentent toujours de passer la frontière

La veille, explique Paulina, médecin bénévole auprès du collectif d’aide aux migrants Grupa Granica, 80 personnes, dont des enfants, ont été retrouvées dans la forêt côté polonais, après qu’elles ont réussi à franchir la frontière. « On reçoit un peu moins d’alertes qu’avant. Mais il y a toujours des arrivées, les personnes passent par des endroits différents. » Les bénévoles partent en petits groupes, en dehors de la zone placée sous état d’urgence le 2 septembre dernier, interdite d’accès, et tentent de venir en aide aux migrants avant que les garde-frontières ne les trouvent. Entre la Straż Graniczna (garde-frontière polonaise), les hommes du WOT (Wojska Obrony Terytorialnej, ou forces de défense territoriale venues en renfort pour assurer le contrôle des frontières), la sécurité ferroviaire et les nationalistes d’extrême droite, les obstacles sont nombreux.

Une femme syrienne souffrait aussi d’une luxation à l’épaule [...]. Elle avait été refoulée à deux reprises par les garde-frontières polonais et était tombée en voulant leur échapper.
Paulina, médecin bénévole auprès de Grupa Granica

« Dimanche [21 novembre – ndlr], on a trouvé un groupe de cinq hommes, dont deux en hypothermie, et un enfant qui avait été séparé de ses parents. Une femme syrienne souffrait aussi d’une luxation à l’épaule et avait un os brisé. Elle avait été refoulée à deux reprises par les garde-frontières polonais et était tombée en voulant leur échapper. Elle a refusé que l’on appelle une ambulance et a insisté pour qu’on essaie de lui fixer l’épaule nous-mêmes, alors qu’on n’était pas sûrs de savoir faire. C’est dire à quel point les personnes sont désespérées », témoigne Paulina.

Mardi, au petit matin, des anarchistes impliqués dans l’aide humanitaire à la frontière ont quant à eux retrouvé un groupe d’exilés kurdes – un couple ainsi qu’une mère et sa fille – dans la forêt, transis de froid. « Ils ne pouvaient même plus bouger. Ils avaient des sacs de couchage mais ces derniers étaient trempés. L’homme a finalement relevé la tête pour nous interpeller », relate Sebastian, confiant les avoir trouvés dans la zone en état d’urgence. L’une des femmes lui aurait confié avoir fait une fausse couche durant le voyage et avoir de fortes douleurs au bas-ventre depuis. « Les soldats biélorusses l’avaient tabassée. » Entre le 26 et le 29 novembre, les maraudeurs de son groupe ont retrouvé plus de 30 personnes dans la forêt, qui avaient toutes été refoulées au moins une fois en Biélorussie.

Un groupe d'exilés retrouvé par des maraudeurs dans la forêt, en Pologne. © Sebastian

Sur son téléphone, Sebastian fait défiler les photos et vidéos d’exilés retrouvés dans la forêt ou coincés dans les barbelés à la frontière. Lui et ses camarades, vêtus de treillis assortis d’une veste noire, ont le visage encagoulé, recouvert d’une casquette. L’un travaille dans l’informatique, les autres sont chauffeurs routiers. Aucun d’entre eux n’habite la région.« J’ai posé un arrêt maladie pour mon mal de dos et je suis venu en Podlachie aider », avoue Piotr, l’air amusé. Une « évidence ». Le moyen de marquer leur désaccord avec la politique menée par le gouvernement polonais, qui pousse des personnes en quête de protection à se cacher dans la forêt. « Ça me rappelle ce que ma mère me racontait sur la Seconde Guerre mondiale », râle Piotr, amer, affirmant que les Polonais « ont vite oublié qu’ils ont eux-mêmes été réfugiés ».

Ils ont frappé mon mari au dos, moi à la hanche… J’ai ensuite eu une infection des poumons, je ne pouvais plus respirer.
Sayhan, une exilée originaire du Kurdistan irakien

Jeudi 25 novembre, à l’hôpital de Bielsk Podlaski (situé à 30 minutes de Czeremcha et 45 minutes de Białowieża, deux villes à la frontière de la Biélorussie), Arsalan sort de son bureau, vêtu d’une blouse bleue, et se dirige vers la salle des urgences. Sur leur lit d’hôpital, séparé d’un autre exilé par un simple rideau, Sayhan et Hamza se sont redressés pour manger l’encas qui leur a été apporté. Les cheveux couleur ébène de la jeune femme contrastent avec le tee-shirt vert qui couvre ses épaules. Les traits sont tirés, les corps usés par dix jours passés dans la forêt biélorusse. « Ils ont frappé mon mari au dos, moi à la hanche… J’ai ensuite eu une infection des poumons, je ne pouvais plus respirer. » Le couple, originaire du Kurdistan irakien et marié deux mois plus tôt, craque. Les larmes envahissent leur visage. Ils implorent de n’être pas renvoyés en Biélorussie.

En forêt ou dans les hôpitaux, des médecins au chevet des migrants

Le couple a traversé la frontière la veille, en même temps que 200 personnes qui tentaient d’entrer en Pologne dans la nuit du mercredi au jeudi, au niveau de Czeremcha, comme l’affirmaient les garde-frontières polonais. « La plupart du temps, les personnes souffrent d’infection pulmonaire, de déshydratation, d’hypothermie… Elles sont aussi parfois blessées à cause des mauvais traitements subis en Biélorussie », explique Arsalan Azzaddin, qui a pris soin d’au moins 65 exilés syriens, kurdes irakiens, libanais, afghans ou palestiniens, depuis le début de cette crise humanitaire. Lui-même originaire du Kurdistan irakien, Arsalan est venu en Pologne 14 ans plus tôt pour ses études supérieures, avant d’obtenir un doctorat et de devenir médecin. Maîtrisant l’arabe, le kurde, le turc, l’anglais et le polonais, il traduit, en plus de les soigner, le récit des migrants pour le collectif Grupa Granica, qu’il contacte dès qu’un nouveau patient est admis dans son hôpital.

Je ne fais pas la différence entre des étrangers et des Polonais, des Blancs ou des Noirs. Ce sont des êtres humains, c’est tout.
Arsalan Azzaddin, médecin kurde à l'hôpital de Bielsk Podlaski
Arsalan, un médecin kurde, échange avec ses patients, qui ont passé dix jours dans la forêt. © NB.

« C’est important de prendre soin d’eux, c’est notre métier. Je ne fais pas la différence entre des étrangers et des Polonais, des Blancs ou des Noirs. Ce sont des êtres humains, c’est tout », résume-t-il, ajoutant que l’État doit les protéger, peu importent les raisons qui les ont poussés au départ. Mais la pression est telle que les garde-frontières doivent être prévenus avant chaque sortie de l’hôpital lorsqu’il s’agit d’un migrant. « Au début, ils m’ont demandé s’ils pouvaient rester dans le hall d’entrée, j’ai refusé. Mais je suis obligé de les prévenir quand les patients se sentent mieux. J’avais très peur qu’ils les renvoient en Biélorussie. J’insiste toujours auprès d’eux pour qu’ils les laissent sur le territoire polonais. » Arsalan fait également en sorte qu’un bénévole associatif soit présent le jour de la sortie.

Un autre médecin, lui-même réfugié syrien, s’active pour venir en aide aux migrants aux côtés de deux organisations polonaises, dont celle qui gère le centre d’accueil de Białystok. « J’essaie d’être là pour les soutenir ou les soigner, pour traduire de l’arabe au polonais… J’ai récemment eu le cas de trois hommes syriens qui avaient passé plus d’un mois dans la forêt. Ils ont failli mourir, mais désormais ils vont mieux », se réjouit Kasim Chhadh, qui a lui-même dû fuir son pays, d’abord pour l’Arabie saoudite, puis pour la Pologne, après que sa sœur et son frère ont été tués dans un attentat à la bombe et sa maison détruite. Pris en charge par l’association, il obtient une solution d’hébergement, le temps de passer l’équivalence qui lui permet d’exercer son métier. « Après ce qui nous est arrivé dans notre pays, j’avais besoin de cette aide et, aujourd’hui, grâce à cela, je peux soutenir les autres à mon tour. »

Halina prépare les documents, avec l'aide d'une bénévole, qui lui permettront de représenter deux exilés dans leur demande d'asile. © NB.

Qui paiera pour les soins prodigués aux exilés dans les hôpitaux polonais ? « Pas certain que l’État prenne en charge ces frais, souffle Paulina, la médecin bénévole de Grupa Granica. C’est un drôle de pays... Le gouvernement a déjà dit ne pas vouloir payer pour les migrants, les frais risquent de rester sur la note des hôpitaux. » « La Sécu polonaise paie uniquement pour les patients assurés. Les étrangers qui passent illégalement la frontière ne le sont pas. Selon la loi, les coûts de prise en charge des personnes migrantes doivent être payés par les garde-frontières, les factures leur sont donc envoyées », ajoute Tomasz Musiuk, directeur adjoint de l’hôpital de Hajnówka (situé près de la frontière), dont le hall d’entrée des urgences est surveillé nuit et jour par un garde-frontière disposant d’une liste des migrants admis ; mais où, chaque jour, des volontaires défilent pour distribuer des vêtements secs et des provisions aux patients.

Être là est essentiel, pour montrer que des gens s’intéressent aux exilés et que la procédure de refoulement ne sera pas si simple.
Sebastian, un activiste anarchiste venant en aide aux exilés

Vendredi matin, à 8 h 30, Sebastian, Arek et Piotr, du groupe des anarchistes, font le pied de grue devant la sortie de l’hôpital de Bielsk Podlaski. Halina, bénévole de Grupa Granica, s’accroupit pour étaler une pile de papiers sur le trottoir, près d’une autre bénévole, chargée de la briefer. C’est la première fois qu’elle intervient en tant que représentante légale pour assister Sayhan et Hamza dans leur demande d’asile. Le couple kurde doit sortir ce jour. « En gros, je dois suivre ce qu’il va se passer, remplir des procurations à faire signer aux exilés, puis les donner aux garde-frontières », détaille Halina, gagnée par le stress lorsque les garde-frontières débarquent, deux heures plus tard, et s’engouffrent dans l’établissement, sans la laisser les suivre.

Activistes et avocats luttent pour faire respecter le droit d’asile

« Être là est essentiel, pour montrer que des gens s’intéressent aux exilés et que la procédure de refoulement ne sera pas si simple », complète l’un des anarchistes, dont le comparse est déjà en train d’écrire « LA HONTE », à l’aide de son index, sur la poussière qui recouvre l’arrière du camion militaire. Il faut un quart d’heure aux garde-frontières pour ressortir de l’hôpital, en escortant le jeune couple, dont les effets personnels ont été rassemblés dans deux sacs plastiques. Tous deux sont dévastés, terrifiés à l’idée d’être renvoyés en Biélorussie. Bénévoles et anarchistes braquent leur téléphone pour garder une trace des événements, puis montent dans leur véhicule pour suivre les garde-frontières. Ils sont finalement bloqués par un barrage de police, à l’entrée de la zone d’état d’urgence, tout près de Czeremcha.

Deux exilés kurdes emmenés par les garde-frontières polonais, à leur sortie de l'hôpital à Bielsk Podlaski. © NB.

À ce jour, le couple, ainsi que le groupe trouvé dans la forêt par les anarchistes la même semaine, contacté par Mediapart, sont toujours retenus au poste des garde-frontières de Czeremcha. « On attend de voir si leur demande d’asile va passer et ils devraient être envoyés dans un centre fermé pour étrangers [équivalent aux centres de rétention français – ndlr] », précise Halina fin novembre. Reste que les conditions d’enfermement, de même que l’octroi d’une protection, sont pour le moins très flous. En plus de ces citoyens bénévoles, dont la démarche via des procurations n’aboutit pas toujours, plusieurs avocats se mobilisent pour faire respecter le droit d’asile, trop souvent bafoué (lire ici notre analyse). Dans son cabinet d’avocat situé à Białystok, samedi 27 novembre, Magdalena Choruży épluche ses dossiers, donc celui de K., une Irakienne arrivée mi-novembre en Pologne.

On s’éloigne de plus en plus du droit européen et international, c’est bouleversant.
Magdalena Choruży, avocate spécialisée en droit des étrangers

« Le 25 octobre, le gouvernement a fait passer une loi qui permet d’emmener toute personne en situation irrégulière trouvée sur le territoire polonais au poste des garde-frontières, et de décider d’un refoulement sous 24 heures. On s’éloigne de plus en plus du droit européen et international, c’est bouleversant », relève l’avocate spécialisée en droit des étrangers, qui suit le cas de trois demandeurs d’asile et conseille, de manière plus informelle, une cinquantaine d’autres migrants en Pologne. Pour éviter les refoulements, Magdalena considère que le travail des activistes est essentiel. Mais il ne suffit pas pour autant. « La police délégitime parfois leur action, car ils ne sont pas avocats. C’est pour cela qu’on essaie de se déplacer dès que possible, pour faire respecter la procédure de demande d’asile. »

Magdalena Choruży, avocate spécialisée en droit des étrangers, a saisi la Cour européenne des droits de l'homme pour empêcher le refoulement de sa cliente. © NB.

Pour sa cliente irakienne, l’avocate a choisi de saisir la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), le 18 novembre, pour demander en urgence une mesure provisoire visant à interdire son expulsion de Pologne. Dans sa décision datée du jour même, que Mediapart a pu consulter, la Cour indique au gouvernement polonais « que le demandeur ne doit pas être expulsé de Pologne jusqu’à nouvel ordre, à condition que les informations fournies par le représentant du demandeur soient exactes et qu’elle se trouve toujours sur le territoire polonais ». « La CEDH sait que des gens risquent d’être renvoyés vers la mort. Ça ne suffit pas toujours mais quand on a ce document, on l’envoie aux garde-frontières, à l’Office des étrangers et au Défenseur des droits, puis on aide la personne à remplir le formulaire complet de demande d’asile. Entre-temps, les garde-frontières lancent parfois une procédure d’expulsion vers le pays d’origine, qu’on essaie de contester. »

Dans les centres fermés, de « très mauvaises conditions » pouvant « aggraver les traumatismes »

Pour K., la démarche a abouti. Elle est depuis hébergée par un prêtre et peut circuler librement sur le territoire polonais, en attendant de savoir si elle obtiendra l’asile. Patrick Radzimierski, un autre avocat basé à Varsovie, qui suit une quarantaine de dossiers de demandeurs d’asile, a tenté d’en faire autant pour 32 Afghans coincés à la frontière, entre la Biélorussie et la Pologne, durant près de deux mois entre août et octobre. « La CEDH a pris une mesure provisoire les concernant, enjoignant aux autorités polonaises de ne pas les refouler et d’examiner leur demande d’asile, mais celle-ci a été ignorée », regrette l’avocat, pour qui la saisine de la CEDH reste l’unique voie de recours concrète pour « répondre à l’absence d’action politique du gouvernement et aux entraves à la solidarité » sur le terrain. Le groupe, qui aurait réussi à entrer en Pologne, aurait ensuite été refoulé vers la Biélorussie malgré la décision de la CEDH. « On a perdu le contact avec eux depuis quelques semaines. On suppose qu’ils sont toujours bloqués à la frontière et qu’ils n’ont plus de téléphone. »

C’était l’horreur. Nos téléphones ont été confisqués, on mangeait très mal… Les conditions étaient très difficiles.
Sabah, un Yézidi passé par le centre de rétention de Wędrzyn

Selon Magdalena, c’est le chef des garde-frontières qui décide de l’endroit où sont transférées les personnes qui n’auraient pas été refoulées après leur passage au poste. Un tribunal peut parfois confirmer cette décision : « K. devait être envoyée en centre de rétention, mais le juge a refusé, notamment parce qu’elle avait un lieu d’hébergement. » Qu’ils aient demandé l’asile ou qu’ils aient vocation à être expulsés vers leur pays d’origine, les exilés peuvent donc se retrouver en centre de rétention ou en centre d’accueil. C’est le cas de Salah et Sabah, deux Yézidis ayant demandé l’asile, d’abord enfermés dans le centre pour étrangers de Wędrzyn, à l’ouest du pays. « C’était l’horreur. Nos téléphones ont été confisqués, on mangeait très mal… Les conditions étaient très difficiles », témoignent-ils après y avoir passé 40 jours.

Salah et son ami Sabah, deux Yézidis, ont été admis dans un centre d'accueil après avoir été enfermés en centre de rétention durant 40 jours. © NB.

Aujourd’hui libres et placés dans le centre d’accueil de Bialystok, ils alertent sur la situation des personnes qui y sont toujours enfermées. Le 25 novembre, les migrants retenus dans le centre de Wędrzyn ont lancé un mouvement de protestation pour dénoncer leur condition. Un rapport du Défenseur des droits, datant du 26 octobre, fait état des « très mauvaises conditions » de vie des migrants. « Les bâtiments résidentiels ressemblent à des prisons, ils sont entourés de barbelés. Le centre est établi dans les locaux d’un terrain d’entraînement militaire actif, les bruits de coups de feu et d’explosions qui ont été entendus chaque jour ont causé un stress énorme aux étrangers – certains ont quitté leur pays en raison de conflits armés. De telles conditions peuvent aggraver les traumatismes », pointe le rapport.

Selon la porte-parole des garde-frontières, depuis début novembre, 352 migrants, principalement des citoyens d’Irak, de Syrie, de Turquie, d’Afghanistan et d’Inde, ont été « détenus » en Pologne. Aucune information sur leur statut n’est mentionnée. « C’est inhumain, commente Patrick Radzimierski. Beaucoup d’entre eux ignorent pourquoi ils sont détenus et ce qui les attend. » L’état d’urgence instauré le long de la frontière, déjà prolongé, ne pourra pas durer au-delà du 2 décembre. Un amendement à la loi sur la protection des frontières, visant à introduire une interdiction d’accès à la zone, a toutefois été adopté, comme l’a annoncé le ministre de l’intérieur polonais le 30 novembre, pour maintenir cet espace géographique clos durant les trois prochains mois.

 

 


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