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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le monde - collectif - 01/12/2021

Les responsables des cinq principales associations œuvrant auprès des personnes exilées appellent, dans une tribune au « Monde », à ouvrir un « vrai dialogue » sur la politique d’accueil de la France, « hors de toute caricature ou calcul électoraliste » impliquant tous les acteurs, y compris la société civile.

Tribune. Nos cinq associations, œuvrant auprès des personnes exilées pour la défense et le respect de leurs droits et de leurs libertés fondamentales aux frontières, ont été amenées à renforcer leurs synergies car les constats quotidiens sur les pratiques des pouvoirs publics ne cessent de nous alarmer.

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C’est à une dégradation grave du traitement des personnes exilées que nous assistons : elle traduit une politique qui vise à dissuader ces personnes de faire valoir leurs droits et à les rendre invisibles, en les chassant du moindre campement constitué, en leur refusant les protections élémentaires, en renonçant à pourvoir à leurs besoins essentiels comme ceux d’un accès aux soins, à un hébergement, à l’hygiène, en les renvoyant illégalement de l’autre côté de la frontière, en les enfermant, en détruisant leurs affaires. Des pratiques désormais répandues, qui n’ont jamais apporté autre chose que des souffrances supplémentaires, la fracturation de nos sociétés, et l’affaiblissement du socle de nos valeurs communes.

Un mur d’indifférence

Par des observations, des actions de terrain, des interpellations de responsables politiques, des contentieux, nous avons tenté depuis cinq ans d’amener les pouvoirs publics à corriger leurs instructions et leurs pratiques.

Nous n’avons obtenu que quelques petits aménagements, mais force est de constater que nous nous sommes retrouvés face à un mur.

Un mur de refus de l’écoute et d’un réel dialogue.

Un mur d’arguments infondés et démentis par les faits, comme l’« appel d’air », les « effets d’aubaine », les « réseaux et filières à démanteler » pour justifier des pratiques répressives ou des actes de non-assistance à personnes en danger.

Un mur de mauvaise foi parfois, accusant les associations de collusion avec les réseaux de passeurs, ou intimidant voire criminalisant les actions citoyennes de solidarité.

Un mur d’indifférence enfin aux souffrances rencontrées et vécues par les personnes exilées, se cachant derrière l’argument que toute action d’accueil et de protection serait incomprise par l’opinion publique et ne ferait que renforcer les franges les plus radicalement hostiles de la population.

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Nous pourrions ainsi continuer à dénoncer ces faiblesses et ces renoncements aux valeurs et principes fondateurs d’une grande nation démocratique.

Nous le ferons, bien sûr.

Mais notre responsabilité de grandes associations nationales est aussi d’appeler chacune et chacun à rompre ce dialogue de sourds, à sortir des postures et des discours convenus, à rechercher et à ouvrir, inlassablement, les voies d’un vrai dialogue, seul capable de construire des réponses concrètes à des questions difficiles et des situations complexes.

Commission d’enquête

Il est urgent d’appeler à la construction d’une politique d’accueil des étrangers à même de préserver les libertés et les droits fondamentaux de toute personne et de leur garantir notamment l’accès aux soins sans barrières ni discrimination, de respecter les engagements internationaux de la France en matière de droits humains. Mais nous avons la conviction qu’il faut le faire en appelant à la contribution de tous les acteurs impliqués : personnes migrantes, Etat, collectivités territoriales, parlementaires, acteurs économiques, organisations syndicales, associations, acteurs de la recherche, société civile, etc.

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C’est dans cet esprit que nous avons pris l’initiative de demander, en 2019, la création d’une commission d’enquête parlementaire, justement pour rassembler autour de la représentation nationale toutes celles et tous ceux qui peuvent contribuer et travailler à un tel objectif.

Cette commission d’enquête a été créée au printemps 2021 et nous saluons son travail. Le rapport qu’elle vient de rendre, le 16 novembre, contient de nombreuses recommandations. Certaines rejoignent nos préconisations, d’autres en sont plus éloignées.

Mais nous tenons à relever et à souligner d’abord l’intérêt majeur d’une telle démarche : comme l’ont montré les membres de la commission et les personnes qui y ont contribué, il est possible, hors de toute caricature et de tout simplisme ou calcul électoraliste, de débattre et de construire des réponses et des propositions concrètes pour que soient respectés les droits fondamentaux de toute personne, et en l’occurrence des personnes exilées.

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Aujourd’hui, à la veille d’échéances électorales majeures que sont la présidentielle et les législatives, et tandis que les déclarations et les prises de position publiques sur le sujet ne font que renforcer nos inquiétudes, notre appel est simple : il est temps d’élever le débat et de changer de posture ! Sortons des caricatures, travaillons et échangeons, quelle que soit notre place dans la société, d’abord et avant tout pour construire une politique et des mesures respectueuses, des droits fondamentaux et de la dignité de toute personne !

Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty International France ; Véronique Devise, présidente nationale du Secours catholique - Caritas France ; Henry Masson, président de la Cimade ; docteure Carine Rolland, présidente de Médecins du monde ; docteur Mégo Terzian, président de Médecins sans frontières

 

 


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