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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

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Source : Médiapart - Nejma Brahim - 06/12/2021

Le 12 octobre dernier, trois migrants algériens sont morts fauchés par un TER à Ciboure, à 500 mètres de la gare de Saint-Jean-de-Luz. Dans un état critique, Salim*, le seul rescapé, a été pris en charge à l’hôpital de Bayonne, où il est toujours hospitalisé. Selon les informations de Mediapart, il porte plainte contre X ce lundi 6 décembre, aux côtés de proches des victimes et de plusieurs associations.

Trois personnes sont mortes fauchées par un train, le 12 octobre dernier au petit matin, après avoir passé la frontière franco-espagnole. Le groupe de migrants algériens avait préféré longer la voie ferrée pour éviter les contrôles de police et marché jusqu’à Ciboure, à proximité de Saint-Jean-de-Luz. Salim*, 28 ans, le seul rescapé, a choisi de déposer plainte contre X ce lundi 6 décembre auprès du procureur de la République de Bayonne, pour « homicide involontaire », « mise en danger de la vie d’autrui », « blessure involontaire » et « administration de substances nuisibles ».

Le père et le frère de deux des victimes, ainsi que plusieurs associations d’aide aux étrangers – la Cimade, le Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s (Gisti) et l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) –, se sont également joints à la plainte.

La gare de Saint-Jean-de-Luz/Ciboure, à proximité de laquelle trois migrants algériens sont morts fauchés par un train le 12 octobre 2021. © NB.

Quelques heures après la catastrophe, le procureur avait évoqué un « drame humain marquant et terrible », puis affirmé, en se basant sur le témoignage du conducteur du train, que les migrants étaient « probablement allongés sur la voie ». Ils se seraient assoupis avant d’être surpris par l’arrivée du premier train, qui les a alors percutés. Le passeport d’un cinquième homme, qui accompagnait les harragas (du nom de ces exilés algériens partis par la mer pour rejoindre l’Europe), avait été retrouvé sur les lieux du drame, mais ce dernier s’était tenu en retrait de la voie ferrée et s’était enfui dans la précipitation. Retrouvé deux jours plus tard à Bayonne, il a été interrogé par les enquêteurs, puis relâché.

Selon le dépôt de plainte, que Mediapart a pu consulter, son rôle reste encore flou. Il est désigné comme le « passeur » par le seul rescapé, qui « considère que la cinquième personne présente avec eux, qui s’est enfuie avant ou après l’accident, peut avoir joué un rôle dans la survenance de ce drame. En effet, ce dernier a accompagné le groupe nuitamment et aurait été payé pour ce faire », peut-on lire. « C’est le seul qui s’est échappé juste avant ou après la collision avec le train, dans la précipitation, puisqu’il a laissé son passeport sur place », poursuit l’avocat de Salim, Me Gabriel Lassort, dans le dépôt de plainte.

La question de l’administration de « substances nuisibles » soulevée

Plus grave, Salim souligne que le cinquième homme « pourrait même avoir causé cet accident en administrant des substances nuisibles dans les boissons des quatre autres personnes », ce qui pourrait, selon le conseil du rescapé, expliquer que les harragas se soient endormis sur la voie ferrée, sans se rendre compte du danger qu’ils encouraient.

Interrogé par Mediapart, le procureur de la République de Bayonne n’a pas encore confirmé si des expertises toxicologiques avaient été menées dans le cadre de l’enquête, confiée à la Sécurité publique de Bayonne, au service de police judiciaire de Bayonne et à la police de l’air et des frontières d’Hendaye. « L’enquête est en voie d’achèvement. Lors de leur audition, le rescapé et le cinquième homme ont eu la même version. Le groupe avait marché longtemps, de nuit, et avait voulu se reposer. Le cinquième homme s’était réveillé plus tôt car il avait eu froid et avait voulu bouger pour se réchauffer », détaille le procureur de la République Jérôme Bourrier, qui reconnaît que le rôle du cinquième homme est « trouble ».

Ce dernier avait fait l’objet, en juin dernier, d’une condamnation par le tribunal correctionnel de Bayonne et avait été incarcéré à la maison d’arrêt de Mont-de-Marsan. Sous le coup d’une interdiction de territoire français (ITF), il avait été remis à la frontière, puis avait retenté le passage, avec les quatre harragas. « Je ne l’ai pas poursuivi pour violation de l’ITF après son audition, considérant que cela aurait été malvenu étant donné les événements », poursuit le procureur. L’homme serait toujours dans les environs de Bayonne aujourd’hui.

Dans ce drame, le rescapé a fait l’objet de « blessures irréversibles » ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de trois mois. Il souffrait, entre autres, d’un traumatisme crânien avec fracture du crâne et de multiples blessures au bassin et aux jambes, risquant l’amputation, et se trouve encore aujourd’hui à l’hôpital. « Il essaie de se remettre tout doucement et reçoit de la visite de certains bénévoles ou habitués de la mosquée d’Irun. Il n’est pas encore sûr de pouvoir de nouveau marcher », détaille une militante qui avait beaucoup œuvré à l’identification des victimes, faisant le lien avec leurs proches présents en France et en Algérie, dans les semaines qui avaient suivi le drame. Les corps des trois Algériens décédés avaient été rapatriés samedi 30 octobre, avec l’aide du consulat d’Algérie de Bordeaux, de la diaspora algérienne de France et de représentants de la mosquée d’Irun.

« Personne n’a encore été entendu dans le dossier en tant que victime », déplore Me Lassort, qui interroge par ailleurs l’accès aux voies de chemin de fer en pleine nuit et l’éventuelle présence de témoins qui auraient pu apercevoir les migrants et donner l’alerte. « Mon client a été entendu en qualité de simple témoin par les officiers de police judiciaire qui n’ont pas jugé utile de l’interroger sur un éventuel dépôt de plainte. Seule une enquête pénale indépendante, sous l’égide d’un juge d’instruction, pourrait aider à éclaircir tous ces éléments », conclut-il.

 

 


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