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Fermez les Centres de Rétention !

La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : INFOMigrants - Leslie Carretero - 10/01/2022

Les autorités libyennes ont évacué violemment dimanche soir près de 1 000 migrants qui campaient depuis trois mois devant les locaux du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés à Tripoli. Ils s'y étaient massés en quête de protection. Les exilés ont été envoyés de force dans la prison d'Ain Zara.

Quelques jours seulement après la fermeture du centre de jour du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) à Tripoli, les autorités libyennes ont violemment évacué, dimanche 9 janvier, le campement qui s’était formé aux abords de la structure.

Près de 1 000 migrants campaient devant le CDC (Community Day Center) depuis début octobre. Ils s’étaient massés près du bureau de l’agence onusienne après des raids violents effectués par les forces de sécurité libyennes dans le quartier populaire de Gargaresh, à Tripoli. Officiellement, dans le cadre d’une vaste opération de sécurité. De nombreux logements d’exilés avaient été détruits, sept personnes avaient perdu la vie dans l’opération et 4 000 migrants avaient été arrêtés et envoyés dans les geôles de la ville.

Apeurés et dans l’angoisse de nouvelles arrestations, de nombreux exilés s’étaient donc réunis devant le centre du HCR. Beaucoup réclamaient toujours leur évacuation vers un pays tiers.

"C’est le chaos"

L’occupation devant les locaux du HCR a donc pris fin dans la nuit de dimanche à lundi, peu après minuit. "Des forces militaires et policières ont été déployées au CDC", a écrit sur Twitter le compte Refugees in Libya, administré par Yambio David Oliver, un exilé sud-soudanais vivant à Tripoli. "Les autorités ont alors donné l’ordre aux migrants de quitter les lieux, sous peine d’être placés en centre de détention", signale Caroline Gluck, porte-parole du HCR en Libye, contactée par InfoMigrants.

Lors de cette opération, des tentes ont été démolies et incendiées, des biens ont été confisqués ou détruits.

"La situation se transforme en massacre, des coups de feu nourris se font entendre (…) C’est le chaos", a précisé dimanche soir Yambio David Oliver sur sa page Twitter. "Plusieurs personnes, dont des femmes, ont été frappées", explique à InfoMigrants le jeune homme. Les policiers ont tiré à balles réelles sur les migrants qui tentaient de s’échapper. L’un d’eux a été blessé par un tir et est actuellement soigné à l’hôpital.

Une action similaire a été menée devant le centre d’enregistrement du HCR à Tripoli, dans le quartier de Sarraj, où s’était rassemblée une centaine de personnes.

Envoyés de force en prison

La majorité des exilés installés devant les deux structures ont été interpellés, placés de force dans des bus, et jetés dans la prison d’Ain Zara, à Tripoli. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de personnes entassées dans un hangar qui fait office de centre de détention.

Une poignée de personnes, dont Yambio David Oliver, ont réussi à échapper à cette opération de police. Mais "au moins 95 % d’entre nous ont été emmenés", assure le Soudanais, qui erre dans les rues de la capitale libyenne sans savoir où se rendre.

Les alentours des deux centres du HCR sont désormais contrôlés par les forces de sécurité libyennes qui empêchent tout migrant de s’en approcher. Les commerçants des deux quartiers touchés ont commencé à nettoyer la zone lundi matin et à rouvrir leurs magasins, fermés depuis le début de l’occupation.

L’agence onusienne rappelle que les habitants, "se plaignant des risques sécuritaires ainsi que de la perturbation de leur vie quotidienne et de l’économie locale", demandent depuis de longues semaines l’évacuation des lieux.

L’organisation condamne cependant les violences et "appelle au calme et à la retenue". Elle exhorte également les autorités libyennes "à respecter les droits humains et la dignité des demandeurs d'asile et des réfugiés et à libérer les personnes détenues arbitrairement".

Une issue prévisible

La fin de cette mobilisation a un goût amer pour les migrants. Ils accusent directement l’agence onusienne d’être complice de cette évacuation musclée. "Cette opération intervient très peu de temps après le départ du HCR. Ils nous ont abandonnés à notre sort, comme l’ensemble de la communauté internationale", déplore Yambio David Oliver, désespéré. "Notre force, notre courage et les espoirs que nous avions pour nous défendre et exiger le respect de nos droits ont été volés par le HCR, chargé pourtant de nous protéger", continue-t-il.

L’agence a fermé ses locaux la semaine dernière face aux événements devant son centre. Une décision "difficile" mais "indispensable", avait alors déclaré à InfoMigrants Caroline Gluck. "Des solutions alternatives étaient nécessaires de toute urgence pour que nous puissions continuer à aider ceux qui ont besoin de notre soutien et de notre assistance."

>> À (re)lire : Libye : "Nous ne pouvons pas évacuer tout le monde, les places sont limitées", déclare le HCR

Cette fermeture est "synonyme de peine de mort pour des milliers de réfugiés", avait prédit Iuventa Crew, un navire de sauvetage italien. Yambio David Olivier redoutait déjà de nouvelles violences de la part des autorités libyennes. "Nous sommes maintenant exposés aux enlèvements, aux attaques des milices et à l’extorsion. Nous risquons même d’être expulsés de force du quartier dans lequel nous nous trouvons actuellement", s’inquiétait le Soudanais.

Le HCR réfute ces accusations et s’est dit lundi "déterminé à soutenir les demandeurs d’asile et les réfugiés en Libye, y compris ceux qui protestaient". L’agence "continue d’exhorter la communauté internationale à offrir plus de voies légales, y compris dans les pays d’asile, pour aider davantage de personnes à se mettre en sécurité".

 

 


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