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La secrétaire générale de La Cimade dénonce : les enfermements arbitraires, les violences et les mises à l’isolement répétées, un climat de stigmatisation grandissante, les expulsions illégales

Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : Le Monde - Julia Pascual - 12/03/2022

Les réfugiés venus d’ailleurs et les associations dénoncent le « deux poids, deux mesures » du gouvernement en matière d’accueil.

Ils ne sont pas si loin d’un des centres ouverts par l’Etat pour mettre à l’abri les Ukrainiens qui arrivent en France, de jour comme de nuit, par les gares ou la route. Ils ne sont pas si loin mais eux dorment sous des tentes, à la rue. Dans un petit square de Pantin (Seine-Saint-Denis), plus d’une centaine de migrants, la plupart des demandeurs d’asile afghans, s’apprêtaient à passer la nuit du jeudi 10 mars dehors.

« Donnez-nous un travail ! Donnez-nous un appartement ! Les Ukrainiens sont dans la même situation que nous. Je ne suis pas ici parce que je n’aime pas mon pays. » Assis sur un banc bricolé, devant un feu de palettes, Mohammad Akbari fulmine, dans une forme de désespoir qui semble confiner à la déraison. Ce demandeur d’asile afghan dit qu’il ne dort plus, puis évoque le chef de l’Etat de façon confuse, avant d’expliquer qu’il n’a plus de chargeur de téléphone et ne peut pas joindre son père. Cela fait sept ans déjà que Mohammad Akbari attend en Europe. Pendant six ans, il a vécu en Allemagne jusqu’à ce que sa demande d’asile soit définitivement rejetée.

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Autour de lui, dans le petit square de Pantin, les situations s’égrènent et se ressemblent. Atiqullah (les personnes citées par leur prénom ne souhaitent pas donner leur nom), 27 ans, a fui l’Afghanistan après la prise de pouvoir des talibans, à l’été 2021. Il est depuis trois semaines à Paris où il vient d’enregistrer sa demande d’asile mais dort dehors. Non loin, Saidalam Khan, 29 ans, montre le bout de papier sur lequel il est écrit qu’il est demandeur d’asile. Lui est arrivé en France en janvier 2019 mais parce que ses empreintes avaient été prises en Bulgarie, il a été placé en procédure Dublin jusqu’en janvier 2022. Le règlement européen du même nom prévoit qu’une demande d’asile ne peut être déposée que dans un seul Etat membre, celui d’entrée en Europe, sauf à attendre une période allant de six à dix-huit mois.

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Soliman, 20 ans, un Afghan qui dort depuis cinq jours dans ce camp de migrants à Pantin (Seine-Saint-Denis), le 9 mars 2022. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

Accès aux soins

Depuis janvier, Saidalam Khan a rebasculé en procédure normale et la France doit examiner sa demande de protection. Mais, pour s’être soustrait à son transfert en Bulgarie lorsqu’il était « dubliné », le jeune homme a perdu le droit de bénéficier d’un hébergement. Lorsque l’Etat a évacué, jeudi 3 mars, un campement à cheval entre Pantin et le 19e arrondissement, il faisait partie des personnes mises à l’abri. Mais à l’aune de sa situation, il a été remis à la rue dès le 8 mars. « Le jour de l’évacuation, se souvient Rafaelle, membre de l’association Utopia 56, une centaine d’hommes n’ont pas été mis à l’abri. Un agent de la préfecture de région nous a dit qu’il n’y avait plus de place d’hébergement. Ça fait bizarre, d’entendre aujourd’hui toutes les places qui sont ouvertes [pour les Ukrainiens]. »

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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’élan d’accueil de réfugiés manifesté par les gouvernements européens surprend certains, qu’il se manifeste par l’hébergement immédiat des populations réfugiées ou, par exemple, la gratuité des transports décidée par des compagnies ferroviaires et des collectivités locales.

Le déclenchement de la protection temporaire par l’Union européenne permet aussi aux Ukrainiens de jouir d’une mobilité sur le continent, d’obtenir partout et de façon automatique une autorisation provisoire de séjour, de pouvoir travailler et, en France, de toucher une allocation de 14 euros par jour. Elle leur confère en outre un accès aux soins par le biais de la protection universelle maladie. Ce détail n’en est pas un alors que le gouvernement s’est attaché à durcir l’accès à une couverture maladie des demandeurs d’asile en leur imposant, depuis janvier 2020, un délai de carence de trois mois pour pouvoir bénéficier de la prise en charge des frais de santé. « La différence de traitement met en colère », reconnaît Madeleine, d’Utopia 56.

Camp de migrants à Pantin (Seine-Saint-Denis), le 9 mars 2022. ABDULMONAM EASSA POUR « LE MONDE »

Servir d’exemple

Interrogée sur ce « deux poids, deux mesures » lors d’un échange avec des journalistes, mercredi 9 mars, la ministre déléguée à la citoyenneté, Marlène Schiappa, a préféré se « réjouir de l’élan de générosité » manifesté par les Français dans l’accueil des Ukrainiens et ne pas être « choquée que les gens se sentent proches d’une guerre qui a lieu aux portes de l’Europe ».

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Du côté des associations mobilisées pour organiser l’accueil des Ukrainiens, on veut croire que la crise actuelle servira d’exemple. « Quand on connaît les difficultés d’accueil, il y a évidemment un sentiment de deux poids, deux mesures, estime Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Mais nous allons faire la démonstration que l’on peut accueillir. » C’est le même souhait d’une lecture optimiste que fait Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs Solidarité : « Je ne veux pas faire de polémique en opposant les précarités. L’enjeu, c’est de montrer que le pays est capable de faire en sorte que personne ne soit à la rue. » Jean-François Carenco, président de l’association Coalia (acteur majeur de l’hébergement d’urgence), prévient : « Ce n’est pas parce qu’on accueillera bien les Ukrainiens qu’il faut fermer les yeux sur tout ce qu’on ne fait pas pour les autres. »

 

 


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