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Solidarite avec Mimmo Lucano

Source : InfoMigrants - Marlène Panara - 18/03/2022

La solidarité mondiale à l'égard des réfugiés ukrainiens s'exprime aussi en Belgique, où ils disposent désormais d'une structure dédiée à l'enregistrement de leur demande d'asile. Une mesure bienvenue, selon les associations, qui regrettent cependant que les autres exilés n'aient pas droit à la même sollicitude.

La Belgique se mobilise pour les exilés ukrainiens. Depuis le 14 mars, l’enregistrement de leur protection temporaire – accordée par l’Union européenne au début du mois de mars pour une durée d’un an renouvelable – est centralisé au Palais 8 du Heysel. Le grand bâtiment, qui accueille d’ordinaire des salons et des expositions, a été mis à la disposition des agents de l'agence Fedasil et de l’Office des étrangers, les deux institutions en charge de l'accueil des exilés.

En attendant de déposer leur dossier, les ressortissants ukrainiens "attendent à l’abri", s’est félicité le maire de Bruxelles, Philippe Close, à la RTBF. Une fois la demande instruite, les personnes sans solution de logement en fin de journée se voient ensuite proposer "un accueil d’urgence pour une nuit, soit dans un hôtel à Bruxelles, soit dans le tout nouveau centre d’accueil situé [...] à Molenbeek", indique le site de Fedasil. Depuis l’offensive russe en Ukraine le 24 février dernier, près de 8 000 personnes ont déjà été enregistrées.

Dans le centre-ville, plus au sud, la situation est bien moins ordonnée. Devant les portes du Petit-Château, l’unique centre d’enregistrement pour demandeurs d’asile du pays géré par Fedasil, la file des réfugiés originaires du reste du monde ne cesse de s’allonger. Des personnes qui ont fuit l'Afghanistan, la Syrie ou la Corne de l’Afrique patientent des journées entières, dans l’espoir d’être reçues. "Nous accueillons les femmes et les familles avec enfants, mais pour les autres … à ce jour, nous ne pouvons pas faire entrer tout le monde, admet Benoît Mansy, porte-parole de l'agence belge. On est revenu à la situation qui prévalait en décembre".

En fin d’année 2021, la structure avait été complètement débordée. Faute de places, des centaines de personnes s’étaient retrouvées à la rue, dans le froid. Pour endiguer le problème, l’État belge et les collectivités avaient ouvert, en janvier, des places d’hébergement supplémentaires.

>> À (re)lire : "La crise a été en partie réglée" : la saturation des centres d'accueil en Belgique, illustration d'un système faillible

Des dispositions efficaces à court terme, mais qui aujourd’hui sont très insuffisantes. D’après les associations belges, près d’un millier d’hommes seuls n’ont pas pu enregistrer leur demande la semaine dernière, indique l’agence de presse Belga. Ils étaient 250 pour la seule journée du lundi 14 mars. Pourtant, la loi belge garantit un hébergement temporaire à tout exilé qui souhaite déposer une demande d’asile dans le pays.

"Les Taliban, c’est loin"

Une situation critique qui sous-entend, pour les associations, un traitement différencié entre les exilés ukrainiens et les autres. "On ne peut que se réjouir de la solidarité qui s’exprime à l’égard des personnes qui fuient la guerre en Ukraine. Il ne faut surtout pas décourager cet élan. Mais ce qui serait encore mieux, c’est de l’étendre aux personnes qui se battent depuis des mois devant le Petit-Château, affirme Michel Genet, directeur de Médecins du Monde Belgique. Les politiques savent faire des efforts quand ils s'identifient aux réfugiés nés dans un pays proche d’eux. En comparaison, les Taliban, c’est loin".

"On ne met pas en concurrence les parcours des uns et des autres, mais de par les directives politiques qui ont été prises à l’échelle nationale et européenne, les traitements sont différents, répond de son côté Benoît Mansy. La Fedasil n’a pas non plus concentré tous ses moyens pour les réfugiés ukrainiens, au détriment des autres. Mais il faut le reconnaître, il n’y a pas de place pour tout le monde". Une situation difficile à accepter pour les demandeurs d’asile du Petit-Château, "qui disent ne pas trop comprendre. Ils se sentent abandonnés", déplore Michel Genet.

À l’image des exilés d’Afghanistan, qui depuis le 2 mars, n’est plus considéré comme un pays à risques par la Belgique. Les ressortissants afghans demandant une protection subsidiaire peuvent donc être déboutés. Le Commissariat général aux réfugiés et aux apatrides (CGRA), estime qu'avec "la prise de pouvoir par les Taliban, les conditions de sécurité ont significativement changé (...) Mais on n’observe plus de risque réel d’être victime d’une violence aveugle en Afghanistan".

>> À (re)lire : La Belgique modifie les règles de protection subsidiaire des Afghans : "On craint que le taux de protection diminue"

Pour les réfugiés d’Éthiopie aussi, la pilule est dure à avaler. Depuis novembre 2020, la région du Tigré est ravagée par une guerre civile dévastatrice. Si aucun bilan précis du conflit n'est disponible, selon l’ONU, les combats ont poussé plus de 50 000 personnes à trouver refuge au Soudan voisin et en ont déplacé plus de 63 000 à l'intérieur de la région.

La Belgique condamnée pour mauvaise gestion

Avant que la guerre en Ukraine n’amène des centaines de milliers de personnes à s’exiler en Belgique – d’après le secrétaire d'Etat à l’Asile et la Migration Sammy Mahdi, le pays s’attend à accueillir 200 000 réfugiés ukrainiens – le système d’asile belge était déjà en grande difficulté. Pour Michel Genet, "ce conflit n’a fait qu’amplifier la crise de l’accueil de ces derniers mois". La Belgique et Fedasil ont d’ailleurs été condamnées, le 19 janvier, par le tribunal de première instance de Bruxelles pour leur mauvaise gestion des demandeurs d'asile. Selon cette décision, "l’État a manqué à ses obligations internationales et s’est placé dans l’illégalité en restreignant le droit à l’asile".

Le directeur de Médecins du monde le reconnaît, "il n’est pas simple de gérer les flux de personnes. Mais ça peut s’anticiper, se préparer. L’État belge a des ressources, il nous le prouve aujourd’hui". Pour les exilés ukrainiens, 30 000 places d’hébergements temporaire ont été identifiées dans tout le pays, d’après Benoît Mansy. Dans des structures dédiées mais aussi dans des salles de sport, des bâtiments paroissiaux, ou chez des particuliers. Des lits d’urgence sont aussi à la disposition de Fedasil dans quelques hôtels de la capitale.

Des hébergements mis à disposition des Ukrainiens qui "pourraient servir, par la suite, aux autres demandeurs d’asile", espère le porte-parole de Fedasil. Reste à savoir si les autorités donneront leur feu vert à ceux qui, des mots de Michel Genet, "ne leur ressemblent pas".

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