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Source : Médiapart - Lucie Delaporte - 12/03/2022

Dans le sillage du mea culpa de Robert Ménard à l’égard des réfugiés, le Rassemblement national a décidé de se construire une image « humaniste » sur le dos des hommes et des femmes qui fuient la guerre en Ukraine pour mieux se distinguer d’Éric Zemmour.

Il a « honte ». Il « regrette ». Ce qu’il a fait n’« est pas une erreur, c’est une faute ». Face à la guerre en Ukraine et à l’afflux de réfugiés, le maire de Béziers, Robert Ménard, élu et réélu avec le soutien du RN, a fait un spectaculaire mea culpa mercredi sur LCI à propos de l’accueil des migrants.

« Il n’y a pas deux sortes de victimes, des Européens chrétiens qu’il faudrait défendre et des gens pas européens qui seraient au Moyen-Orient et qu’on aurait eu raison de ne pas accepter chez nous », a-t-il précisé pour expliquer son évolution sur la question des réfugiés, regrettant un « deux poids deux mesures pas glorieux ».

L’homme de toutes les provocations et des propos particulièrement haineux sur les migrants ces dernières années aurait donc ouvert les yeux sur le sort des hommes et des femmes fuyant la guerre.

L’édile, qui a été l’un des tout premiers dans la sphère politique à populariser la thèse raciste du « grand remplacement », qui comptait les élèves immigrés dans ses classes, évoquant alors une « colonisation de peuplement », aurait donc changé.

Ses affiches municipales pointant la « submersion migratoire », l’une d’elle au plus fort de la guerre en Syrie annonçait : « L’État nous les impose. Ça y est, ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville ! », avec un photomontage de migrants prenant un train pour Béziers. Tout cela, il en a désormais « honte »« J’ai fait des déclarations, le journal municipal a fait des unes, des affiches aussi, que je ne referai plus, et, pour tout vous dire, que j’ai honte d’avoir faites », a-t-il affirmé jeudi sur Public Sénat.

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Ménard admet avoir changé d'avis sur l'accueil des migrants : « Des affiches que je ne referai plus. » © Public Sénat

L’élu assure auprès de Mediapart avoir revécu en voyant les réfugiés ukrainiens arriver dans sa ville « 1962, quand ma famille a été obligée de quitter l’Algérie ». « La politique d’asile, d’accueil des réfugiés politiques est sacro-sainte », poursuit celui qui, en 2016, avait tenté d’organiser dans sa ville un référendum pour refuser l’accueil des réfugiés.

« Il y a des choses que je ne referai plus », insiste-t-il de nouveau en expliquant que son mandat de maire le rendait également plus « pragmatique » face à ces questions.

Expert en communication politique, Robert Ménard savait parfaitement l’impact qu’auraient ses déclarations contrites. Les mea culpa en politique sont rares et font toujours le bonheur de la presse, surtout lorsqu’il s’agit d’un sujet aussi inflammable.

En pleine guerre pour le leadership à l’extrême droite, le parti de Marine Le Pen a manifestement décidé de profiter de la guerre en Ukraine pour se construire, sur le dos des réfugiés ukrainiens, et à peu de frais, une image « humaniste ». Un supplément d’âme qui manque si cruellement au parti et qui lui permet, aussi, de se distinguer d’Éric Zemmour qui a, lui, fermé brutalement la porte à l’accueil des réfugiés ukrainiens.

Lors de son meeting à Aigues-Mortes (Gard) samedi 6 mars, Marine Le Pen a longuement fait applaudir, avec des trémolos dans la voix, la nécessité d’accueillir les réfugiés fuyant la guerre de Poutine.

« Comment ne pas être ému par le spectacle d’un peuple libre, déterminé à consentir de grands sacrifices pour rester maître de son destin ? L’immense majorité des Français se sent, comme je le suis moi-même, solidaire de l’Ukraine attaquée… C’est avec émotion que nos concitoyens compatissent à ses souffrances [...] Oui, je le dis sans ambiguïté, la France s’honore à prendre part à l’accueil des réfugiés ukrainiens. Pour ma part, j’y suis prête comme le sont, je le crois, les Français », lance-t-elle, avec la voix qui remonte, signal pour la salle, qu’il est temps d’applaudir.

Pour les familiers des meetings du parti d’extrême droite, où l’on n’est plus habitué à entendre huer longuement les migrants, la scène avait quelque chose de surréaliste.

« J’en profite, en votre nom, pour saluer l’action de Louis Aliot qui devait être avec nous et qui se trouve en Pologne pour aller chercher des personnes âgées, des femmes, des enfants ukrainiens qui vont trouver refuge dans sa ville de Perpignan », poursuit ce jour-là, sous des applaudissements nourris, Marine Le Pen.

Le maire de Perpignan, Louis Aliot, grand ami de Robert Ménard, s’est mis en scène ces derniers jours dans les médias et sur les réseaux sociaux, allant chercher en bus des réfugiés ukrainiens en Pologne. Pour cette « opération humanitaire », le maire s’est fait photographier à bord des bus pour la Pologne dans la tenue décontractée de celui qui a d’autres préoccupations que de se soucier de son image.

Louis Aliot en partance pour la Pologne. © Compte Facebook de Louis Aliot

Toutes les villes RN ont aussi été invitées à communiquer sur leurs collectes de dons à destination des réfugiés ukrainiens.

Le RN version « french doctors », en somme...

Cette stratégie de communication dans la dernière ligne droite de l’élection présidentielle est censée parachever le travail de plus de dix ans de « dédiabolisation » de son parti menée par la candidate. Une stratégie paradoxalement renforcée par l’irruption du candidat Zemmour, aux positions fascistes et racistes beaucoup plus assumées.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, outre sa tenace « poutinôlatrie », le candidat de Reconquête! a beaucoup pâti de ses déclarations très dures sur la question des réfugiés.Réfugiés ukrainiens : l’indignité derrière la solidarité

Il avait été le seul des candidats à l’élection présidentielle à catégoriquement refuser d’accepter sur le sol français les Ukrainiens, affirmant que ceux-ci seraient mieux en Pologne, proches de leur pays.

Devant le tollé suscité par ses propos, Zemmour avait finalement déclaré, lors de son grand meeting de Toulon dimanche dernier, que ceux qui avaient « des attaches » en France pourraient temporairement venir, le temps que « les bombardements cessent ».

Dans son équipe, selon les réflexes habituels de l’extrême droite, certains ont pourtant tenté de prévenir toute attitude trop compatissante vis-à-vis de ces réfugiés européens majoritairement blancs et chrétiens. « Il est important de ne pas faire de la détresse des Ukrainiens […] un enjeu d’image ou un enjeu d’émotion », a par exemple insisté Marion Maréchal ce jeudi sur CNews.

L’ex-députée du FN, fraîchement ralliée à Zemmour, s’est appuyée sur un article du Figaro citant « une source » au ministère de l’intérieur selon laquelle 30 % des réfugiés ukrainiens arrivés en France ne seraient « en réalité pas de nationalité ukrainienne » mais « marocains, algériens… » et auraient « profité de l’ouverture et du couloir aujourd’hui mis en place de l’Ukraine vers l’espace Schengen pour s’insérer dans ce dispositif ».

Sur Twitter, Nicolas Bay a quant à lui posté une vidéo de bus devant lequel patientent plusieurs hommes noirs avec ce commentaire au racisme à peine voilé : « Ceux qui pensaient accueillir uniquement des femmes et des enfants ukrainiens risquent d’être surpris. »

Compte Twitter de Nicolas Bay. © capture d'écran

Détail piquant, la vidéo provient d’un reportage de Boulevard Voltaire, le site d’extrême droite fondé par Robert et Emmanuelle Ménard et dont ils ont confié la direction à Gabrielle Cluzel.

Le Rassemblement national aurait-il changé de doctrine à l’égard des réfugiés ? Évidemment non. Robert Ménard insiste d’ailleurs sur le fait que ses déclarations n’engagent que lui. Lui-même estime « qu’on ne peut évidemment pas accueillir tout le monde… Les changements programmatiques, ce n’est pas mon affaire, mais celle du RN dont je ne suis pas adhérent », rétorque-t-il quand on lui demande si la guerre va conduire Marine Le Pen à faire évoluer sa position sur l’accueil des réfugiés.

Lors du meeting d’Aigues-Mortes, Marine Le Pen a tenu à rassurer ses troupes en précisant le caractère totalement exceptionnel de l’accueil des Ukrainiens en France.

« Mes amis, ce n’est pas parce que nous sommes patriotes que nous devons mettre sur le même plan le scandaleux dévoiement actuel du droit d’asile transformé en filière d’immigration clandestine et la nécessité de fournir une hospitalité et une protection temporaires à un peuple voisin, à des femmes, à des enfants, à des vieillards chassés de leur foyer par la guerre », a-t-elle développé avant de faire huer – passage obligé de chacune de ses réunions publiques – la « subversion migratoire qui fait que les Français ne reconnaissent plus leur ville, leur quartier, leur pays ».

Décrivant la France de Macron comme un pays où « les titres de séjour se distribuent par hélicoptère », la candidate du RN a expliqué que l’Union européenne, via le pacte sur la migration et l’asile, souhaitait organiser cette « submersion migratoire ». « L’immigration est un projet qu’ils concoctent dans votre dos », a-t-elle déclaré en reprenant les accents complotistes de la théorie du « grand remplacement ».

Pour terminer ce chapitre devant une salle soudain galvanisée, Marine Le Pen a appelé à ne pas confondre les  Ukrainiens avec « toutes les immigrations, y compris celles, économiques, qui voient des milliers de jeunes hommes, et uniquement des jeunes hommes, partir à l’assaut de la frontière de Mellila, dépourvus, d’après les images de reconnaissance, de bienveillance », s’est-elle enflammée, sûre que son auditoire avait bien « les images » en tête. « Ceux-là ne demandent pas l’accueil, ils l’exigent. Ceux-là ne remercient personne. Ils sont venus non pas pour se réfugier mais pour s’installer et cela fait toute la différence. Cela n’est pas tolérable », a-t-elle conclu sous un tonnerre d’applaudissements.

Au RN, si l’on sait parfaitement surfer sur les émotions du moment, et jouer de son image, rien n’a changé sur le fond. Les militants ont ce jour-là parfaitement reçu le message.

 


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