Au moins 84 migrants ont été expulsés de Bulgarie vers la Turquie, a indiqué une source sécuritaire, dimanche 17 avril, au média turc Daily Sabah. Des gendarmes de la province frontalière turque de Kirklareli ont déclaré avoir trouvé les exilés torse nu dans la forêt au cours d’une patrouille.

Quand ils ont été découverts, les migrants – originaires d’Afghanistan, du Maroc, de Syrie et d’Iran - tentaient de se couvrir avec des sacs pour se protéger du froid. Les exilés ont déclaré être entrés en Bulgarie par la Grèce. Ils ont été arrêtés par la police bulgare et refoulés vers la Turquie. Leurs affaires personnelles ont été volées.

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Un autre groupe d’une centaine de migrants a été détenu par les forces de sécurité turques à Kofçaz, toujours dans la province de Kirklareli. Ils ont ensuite été envoyés dans un centre régional en vue de leur expulsion.

Ce n'est pas la première fois que des exilés sont retrouvés dénudés par les autorités turques. En juillet 2021, 12 personnes avaient été découvertes complètement nues par la Turquie, dans la province frontalière d'Edirne. Assises à même la terre, elles tentaient, bras croisés sur la poitrine et brins d’herbe déposés sur les parties génitales, de cacher leur corps.

Si ces pratiques sont choquantes, elles sont pourtant relativement courantes en Grèce. De nombreux cas ont été rapportés aux organisations de défense des droits humains et aux ONG présentes sur place.

Effectifs militaires à la frontière

La Bulgarie augmente régulièrement ses effectifs policiers à la frontière turque pour faire face aux arrivés de migrants depuis la Turquie. Plus de 300 policiers supplémentaires ont été envoyés sur place début novembre 2021. Selon le ministre bulgare de l’Intérieur, environ 6 500 personnes ont tenté d’entrer illégalement dans le pays en 2021.

Le renfort des forces militaires à ses frontières s’ajoute à d’autres initiatives prises par le pays ces dernières années. Entre 2013 et 2018, la Bulgarie avait déjà érigé une clôture de barbelés de 259 km à sa frontière avec la Turquie, au sud-est du pays. Cependant, du fait d'un manque d'entretien, certains migrants ont pu pénétrer sur le territoire et transiter à travers le pays.

Membre le plus pauvre de l'Union européenne, la Bulgarie n'a, elle-même, jamais accueilli de migrants en grand nombre et n’est qu’une étape pour la quasi-totalité des exilés qui arrivent dans le pays. Pourtant, "la question migratoire est avant tout traitée comme une question sécuritaire par les autorités bulgares", avait regretté, en mars 2018, Yana Dodnikova du Haut-commissariat pour les réfugiés des Nations unies (HCR), alors que Sofia accueillait un sommet des chefs d’États européens. Elle avait dénoncé "des refoulements sauvages par la police aux frontières, une pratique illégale au regard du droit européen et du droit international".

Les Ukrainiens bien accueillis

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Bulgarie a vu arriver des déplacés ukrainiens, auxquels elle a réservé un accueil bien meilleur que celui fait aux autres exilés.

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Le Premier ministre bulgare Kiril Petkov a estimé que les Ukrainiens étaient "intelligents, instruits…hautement qualifiés". "Ces personnes sont des Européens, donc nous, ainsi que tous les autres pays, sommes prêts à les accepter", a-t-il ajouté.

Environ 20 000 Ukrainiens sont déjà arrivés en Bulgarie depuis l'invasion russe le 24 février, et leur nombre pourrait augmenter dans les mois à venir.

Ces personnes pourraient participer à l’économie bulgare fragilisée par une très forte émigration de la population vers l’Europe de l’ouest. Dans une lettre adressée au gouvernement, l'association des organisations d'employeurs bulgares a déclaré qu'elle pourrait employer jusqu'à 200 000 Ukrainiens.

Les représentants des secteurs de l'informatique, du textile, de la construction et du tourisme ont également affirmé qu'ils souhaitaient embaucher des dizaines de milliers de personnes.

La population de la Bulgarie est passée de près de neuf millions d'habitants à la chute du communisme à 6,5 millions aujourd'hui, en partie à cause de l'émigration.